Par Michel Thébault
Né le 20 mai 1901 à Ames (Pas-de-Calais), mort en prison le 9 avril 1944 à Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime) ; mineur ; communiste ; interné ; résistant des Forces françaises de l’intérieur (FFI).
Jules Suchet était le fils de Jean Michel Suchet âgé de 23 ans mineur et de Blanche Delrue âgée de 19 ans ménagère. Il devint mineur comme son père et fit son service militaire d’avril 1921 à avril 1923 dans un régiment d’artillerie de campagne. Il se maria le 24 novembre 1923 à Burbure (Pas-de-Calais) avec Berthe, Angèle Lefebvre (née le 15 septembre 1902 à Burbure) ; ils reconnurent et légitimèrent à cette occasion leur fils fils Robert, Jules né le 11 juin 1923 à Burbure. Au recensement de 1936 de Burbure il résidait avec sa femme et son fils rue du Vaudieu, hébergeant de surcroît son neveu Auguste Lefebvre âgé de 6 ans. Il exerçait toujours le métier de mineur employé de la Compagnie des Mines de Marles. Il ne fut pas mobilisé en septembre 1939 affecté spécial aux Mines de Marles.
Militant communiste, il participa à la grève des mineurs du Nord-Pas-de-Calais de mai-juin 1941 (« grève patriotique ») et à de nouveaux mouvements en 1942. Arrêté pour des « délits commis en 1941 et 1942 » et pour « menées communistes et entraves à la liberté du travail » il fut condamné le 6 juin 1942 par la Section spéciale de la Cour d’Appel de Douai (Nord) à 2 ans de prison, 1200 Francs d’amende et 5 ans d’interdiction des droits civiques. Il fut interné au « centre de séjour surveillé » dans la citadelle de Saint-Martin-de-Ré, dans l’île de Ré (Charente-Maritime). La centrale pénitentiaire fut à partir du 13 août 1941 sous l’autorité allemande, en particulier celle de l’administration de l’organisation Todt mais avec un personnel de surveillance français, des GMR et d’anciens LVF. Les internés politiques furent requis pour travailler au mur de l’Atlantique, conduits et encadrés dans ce cas par des sentinelles allemandes. Les conditions de vie comme dans la plupart des centrales pénitentiaires furent très dures. Le 2 janvier 1944, les internés politiques s’adressèrent au prêtre de Saint-Martin « exposant la pénurie de nourriture à laquelle ils sont soumis et rappelant que sur les 500 hommes qui forment l’effectif du camp, à part les 100 droits communs… il n’y a que des bons français patriotes, qui n’ont qu’un seul objectif, servir au mieux les intérêts du pays, et qui lancent un appel à l’aide afin de ne pas mourir de faim ».
Jules Suchet mourut le 9 avril 1944 suite à la faim, à l’épuisement et aux mauvais traitements. Il était âgé de 43 ans.
Il obtint la mention « Mort pour la France » et fut homologué FFI. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Burbure (Pas-de-Calais).
Par Michel Thébault
SOURCES : SHD Vincennes, GR 16 P 558450 et SHD Caen, AVCC Cote AC 21 P 156397 (nc) — Arch. Dép. Pas-de-Calais (état civil, registre matricule, recensement) — Corinne Jaladieu La prison politique entre 1940 et 1944 : de la double peine aux camps nazis Criminocorpus 2013 (en ligne) — site internet AFMD Charente-Maritime le centre de séjour surveillé à la citadelle de Saint Martin de Ré (1940 à 1944). — site internet AJPN internement, le centre pénitentiaire de Saint-Martin-de-Ré — Mémoire des hommes. — Mémorial genweb.