FRAGNAUD Jeanne [née TALON Jeanne, Rosalie]

Par Alain Dalançon, Jacques Girault

Née le 29 décembre 1895 à La Rochelle (Charente-Inférieure, Charente-Maritime), morte le 11 décembre 1991 à Cugand (Vendée) ; institutrice ; militante syndicaliste et féministe en Charente-Inférieure/Charente-Maritime.

Fille de Jean, Alexandre Talon, employé de commerce, président d’une section de la Ligue des droits de l’Homme, et d’Augustine Régnier, sans profession, Jeanne Talon fut seulement baptisée. Élève du cours complémentaire de Marennes (Charente-Inférieure, Charente-Maritime), puis de l’école primaire supérieure de La Rochelle, elle entra à l’École normale d’institutrices de cette ville en 1913.

Jeanne Talon épousa exclusivement civilement le 6 avril 1920 à Marennes, René Fragnaud instituteur. ils eurent un garçon qui ne fut pas baptisé et mourut à l’âge de onze ans.

Le couple enseignait à partir de 1922 à Saint-Mandé-sur-Brédoire (au nord du département près de Saint-Jean d’Angély). Tous deux militaient activement au syndicat départemental de la Fédération unitaire de l’enseignement. Elle était notamment très active au groupe féministe dont elle assura le secrétariat en 1924-1925 et en 1927-1928, succédant à Renée Papaud.

Après la réunification syndicale de 1935, elle milita avec son mari au Syndicat national des instituteurs et fut élue au Conseil départemental de l’enseignement primaire en 1938. Pacifiste, elle participa à la campagne du SNI en 1938 : « Nous ne voulons pas la guerre ». Avec son époux, elle compta parmi les premiers adeptes des techniques de l’École moderne (Freinet), et était une des principales animatrices d’un groupe d’éducation nouvelle qui prit consistance dans le département en 1938 et qui comptait en 1939 113 membres.

Son traitement fut suspendu le 10 juillet 1940, pendant un mois, à la suite de sa réponse à l’inspecteur d’Académie qui la soupçonnait d’être militante communiste. Le couple fut déplacé d’office en novembre 1941 à Saint-Simon-de-Bordes (au sud du département, près de Jonzac) : « ces syndicalistes dangereux ayant une mauvaise influence dans leur entourage ». Ils ne retrouvèrent leur poste double à Saint-Mandé-sur-Brédoire qu’à la rentrée d’octobre 1946, jusqu’à leur retraite en 1950.

Tous deux firent partie du premier conseil syndical départemental du SNI mis en place le 12 octobre 1944. Ils se succédèrent jusqu’en 1949, elle en 1945-1946 puis 1948-1949, comme responsable des affaires pédagogiques dans le bureau de la section départementale dirigé par Gaston Chauvet, en relançant la pédagogie nouvelle.

Elle militait toujours pour la cause féministe et, dans une tribune libre parue dans le bulletin syndical au début de l’année scolaire 1946-1947, elle appelait les femmes à « ne pas se retirer dans leur coquille » après les victoires obtenues à la Libération, et à prendre une part active dans le syndicat où il n’y avait toujours que deux femmes au conseil syndical. Elle milita de 1945 à 1978 à l’Union des femmes françaises, à la Ligue des droits de l’Homme et, comme son mari, au Mouvement de la paix.

Toujours syndiquée en 1985, Jeanne Fragnaud vivait dans le Calvados. Elle entra à la maison de retraite de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale « La Chimotaie », en Vendée, où elle décéda.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24711, notice FRAGNAUD Jeanne [née TALON Jeanne, Rosalie] par Alain Dalançon, Jacques Girault, version mise en ligne le 25 février 2009, dernière modification le 27 août 2022.

Par Alain Dalançon, Jacques Girault

SOURCES : Arch. Dép. Charente-Maritime, état civil. — Notice DBMOF par Yves Dauriac et Jacques Girault. — Bulletins du Syndicat départemental de la FU, du SNI de la Charente-Maritime. — Anne-Marie Sohn, thèses de 3e cycle, op. cit. et d’État Chrysalides. Femmes dans la vie privée (XIXe-XXe siècles), Publications de la Sorbonne, 1996. — Renseignements fournis par l’intéressée.

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