BIDAUX Michel, Henri. Pseudonyme : Gautier

Par Bernard Thiéry

Né le 19 novembre 1942 à Paris ; professeur de l’enseignement technique professionnel ; militant syndicaliste, secrétaire départemental de la CGT Éduc’Action de la Seine-Saint-Denis, membre du bureau académique de Créteil, de la commission exécutive de l’UNSEN-CGT ; militant du FUA, du FSI, du Secours Rouge, de la LC, LCR, NPA ; membre de secrétariats de la LC/LCR, de la direction fédérale de la Seine-Saint-Denis, co-fondateur de la GA, militant d’Ensemble !, d’Ensemble-Insoumis.

Michel Bidaux
Michel Bidaux
Manifestation du LP Bartholdi

Les parents de Michel Bidaux s’étaient rencontrés et mariés à Paris en 1932. Son père, Raymond Bidaux (1907-1979), était fils d’une famille ouvrière de six enfants, originaire de Méziré (Territoire de Belfort), venue en région parisienne, et travaillait comme employé au Gaz de France. Sa mère, née Thérèse Picot (1910-2006), appartenait à une fratrie de dix enfants issus de deux mariages, dont les parents étaient des cultivateurs tenant une ferme-bistrot à Passais-la-Conception (aujourd’hui Passais-village) (Orne) ; pour subvenir aux besoins de la famille, elle occupa différents emplois, notamment au Bon Marché à Paris.

Le frère ainé de Michel Bidaux, Jean-Claude, né en 1936, après des études scientifiques au lycée Chaptal (Paris 8e arr.), travailla au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Saclay (arr. de Palaiseau, Essonne) puis à celui de Grenoble (Isère). Son frère cadet, Christian, né en 1945, lycéen à Jeanson de Sailly (Paris XVIe arr.), après l’École normale d’instituteurs, devint professeur d’enseignement général (PEGC) en collège et exerça plusieurs années en Guyane.

Ses parents, bien que non pratiquants, le scolarisèrent en primaire dans l’établissement privé catholique Saint-Honoré d’Eylau (Paris XVIe arr.). Asthmatique, son enfance et son adolescence furent perturbées par des problèmes de santé récurrents. Il fut ainsi successivement placé dans deux familles à Villard-de-Lans (Isère) et scolarisé de la classe de sixième à celle de quatrième au collège de cette commune. En 1958, il revint à Saint-Honoré d’Eylau en classe de troisième. Il fut ensuite élève au lycée Jean-Baptiste Say (Paris XVIe arr.), où il eut pour professeur de philosophie, Jean-François Revel, à cette époque membre de la Convention des institutions républicaines.

C’est durant sa période lycéenne que s’éveilla sa conscience politique puis que se concrétisèrent ses premiers engagements. Son passage dans un groupe du mouvement des Auberges de jeunesse l’avait sensibilisé à l’opposition à la Guerre d’Algérie. Il participa à sa première manifestation à la Mutualité le 27 octobre 1960, meeting organisé par l’UNEF, la FEN et la CFTC mais sans la CGT. Son premier engagement militant fut sa participation au Front universitaire antifasciste (FUA), créé en 1961 par Alain Krivine en réaction au putsch des généraux du 21 avril à Alger ; dans son lycée Jean-Baptiste Say, il s’opposait aux partisans de l’OAS qui avaient planté un drapeau sur le toit de l’établissement. Il rejoignit le réseau dirigé par Maurice Pagat, distribuant Témoignages et Documents sur la guerre d’Algérie, journal interdit qui dénonçait les exactions de l’armée en Algérie et diffusait les textes censurés.

Michel Bidaux obtint le baccalauréat philosophie en 1962 et fut exempté de service national pour raison de santé. Il s’inscrivit en lettres à la Sorbonne. Père de deux enfants avec sa compagne Marie-Claude Drevet (Frédérique née en 1963, et Pascal né en 1968), il fut étudiant-salarié : pendant une brève période, instituteur suppléant, puis durant sept années, surveillant d’externat. Son emploi du temps ne lui permettant pas de suivre tous les cours, il eut la possibilité de cumuler un demi-service de SE avec une bourse. Il put ainsi obtenir sa licence de lettres modernes en 1967 puis en 1969 une maîtrise.

Au cours de cette période, il était syndiqué au SNES. En Mai-juin 1968, il participa activement au mouvement au lycée Stéphane-Mallarmé (Paris XVIIe arr.) qui fut en grève pendant un mois. Parmi les élèves, se trouvait Gilles Tautin, militant maoïste qui, le 10 juin 1968, mourut noyé dans la Seine près de l’usine Renault de Flins-sur-Seine, en tentant d’échapper à une charge de gardes mobiles.
En 1970, dans la filiation de ses sympathies et engagements, Michel Bidaux adhéra à la Ligue communiste. La LC, au lycée Turgot où il travaillait, n’était composée que de lycéens dont Robi Morder qui devint dirigeant du Mouvement d’action syndical (MAS) puis de l’UNEF-ID, militant de la LC, de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) et des Comités communistes pour l’autogestion (CCA).

En 1971, à la fin de ses études, il fut brièvement chômeur puis devint agent technique qualifié de la Caisse primaire d’assurance maladie, rue de Dunkerque (Paris IXe arr.). En difficulté financière avec son maigre salaire, il trouva un poste deux fois plus rémunéré à « l’Atlas historique français ». En chômage technique, il prépara le concours de professeur de collège d’enseignement technique (CET) qu’il obtint en 1973. Il suivit alors une formation d’un an à l’École normale nationale d’apprentissage (ENNA) de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). En septembre 1974, il fut affecté professeur au CET Lénine de Saint-Denis, devenu lycée professionnel (LP) Bartholdi, où il resta jusqu’à sa retraite en septembre 2004. Entre-temps, il obtint un DEA à l’Université de Paris XII Val-de-Marne à Créteil en 1991.

À l’ENNA, tout en continuant à militer à la LC puis la LCR, il adhéra au SNETP-CGT en 1973. Celui-ci soutint les grèves massives des élèves des CET en 1973 et 1974, répliques du mouvement étudiant de Mai 68. Il participa à de nombreuses luttes et mobilisations contre la « loi scélérate anti casseurs » et les cas de répression (Gilles Guiot, Richard Deshayes en 1971, puis l’assassinat de Pierre Overney en 1972), contre la loi Debré « anti-sursis » en 1973. Il soutint les luttes ouvrières (Marche nationale LIP-Besançon) et anti-militaristes (Larzac, 1973).

Dans le même temps, son activité anticolonialiste et anti-impérialiste se poursuivit de 1971 à 1975, avec la LC puis LCR dont c’était une orientation majeure. Il participa aux initiatives du Front solidarité Indochine (FSI) contre l’intervention militaire des États-Unis au Vietnam, contre le coup d’État de Pinochet au Chili en 1973. Il milita pour la totale indépendance des anciennes colonies françaises, portugaises, pour les mouvements de libération nationale, et le soutien à la révolution cubaine.
Avec le Secours Rouge, Michel, Henri Bidaux fit la campagne pour sauver Izko, militant de l’ETA espagnole capturé en 1976, et ses camarades menacés d’exécution. Il soutint Solidarnosc en 1981. Il participa en 1984 et 1985 aux brigades de solidarité avec le Nicaragua sandiniste, à San Miguelito dans le sud du pays, avec le projet de construire « una casa popular », et en 1999 à Masaya (Sud-est de Managua). Plus tard en 2011, il apporta son soutien aux révolutions du « Printemps arabe ».
Il s’opposa à l’intervention militaire américaine en Irak, à l’occasion de laquelle, en octobre 1990, à la manifestation contre cette guerre, son fils Pascal défila en uniforme avec d’autres soldats en première ligne sous la banderole « Non à la guerre », ce qui lui valut vingt jours de « trou ». L’engagement à la LCR était devenu une affaire de famille, puisque sa compagne, Marie-Claude Drevet, qu’il épousa en 1987, était une militante féministe, membre de la LCR comme leurs deux enfants.

À la LC puis la LCR, Michel Bidaux appartint successivement à plusieurs cellules : Caisse vieillesse sécurité sociale à Paris, jeunes, enseignants de Seine-Saint-Denis et cellule Saint-Denis avec Alain Krivine et Jean-Marc Bourquin qui fut élu municipal. Il participa à diverses instances, secrétariats jeunes, enseignants, CGT ; il fut membre de la direction fédérale de Seine-Saint-Denis et délégué à plusieurs congrès nationaux. Membre du service d’ordre pendant quelques années, il fut un temps en charge de la protection rapprochée de dirigeants. Il participa à toutes les campagnes politiques et électorales de la LC/LCR.

Pendant toute sa carrière enseignante, Michel Bidaux fut l’un des principaux animateurs de la section CGT de son établissement mais, catalogué comme oppositionnel, il fut longtemps écarté de toute responsabilité et de toute délégation au congrès national. Cependant en 1993, il lui fut proposé de devenir « coordinateur départemental » du syndicat, ce qu’il accepta, tout en rappelant son engagement politique. De 1993 à 2004, il fut secrétaire départemental d’Éduc’Action de la Seine-Saint-Denis, membre du bureau académique de Créteil et, de 1994 à 2002, de la commission exécutive nationale de l’UNSEN-CGT. Il fut délégué au 45e congrès confédéral de Montreuil en 1995 puis au 46e congrès de Strasbourg en 1999.
Son activité syndicale était tournée vers la défense et la valorisation de l’enseignement technique public, non soumis aux besoins du patronat, pour un enseignement de qualité en faveur des classes populaires. Plusieurs années de lutte contre la vétusté du lycée professionnel Bartholdi, avec barrage de la nationale 1 et simulation d’un cours sur celle-ci en décembre 1996, débouchèrent sur sa rénovation en 1998. Il s’engagea pour la titularisation, sans condition de concours ni de nationalité, des maitres-auxiliaires, et pour l’augmentation uniforme des salaires.

Divorcé, à partir de 1994 il vécut en couple avec Anne Leclerc, éducatrice à la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ), militante féministe de la LCR, secrétaire générale du SNPES-PJJ, syndicat fondateur de la FSU, dont elle fut membre du bureau et du secrétariat national (1996-2000).

De 1995 à 2004, se succédèrent des mobilisations intenses dans l’Éducation nationale. Le SDEN-CGT 93 qu’il animait, s’y impliqua totalement et vit ses effectifs augmenter. En 1995, pendant la grève contre le plan Juppé, Michel Bidaux et ses camarades du LP Bartholdi organisèrent des coordinations dans la Seine-Saint-Denis qui s’étendaient dans les autres secteurs de l’Éducation nationale ; il présenta cette lutte comme exemplaire à la tribune du 45e congrès confédéral.

Au printemps 1998, il s’engagea avec son syndicat, aux côtés de ceux de la FSU (SNES et SNUipp) et à « l’AG des établissements en lutte » dont il fut un des principaux animateurs, dans le mouvement de la Seine-Saint-Denis, rejoint par les parents d’élèves et les élèves, pour un plan d’urgence de l’Éducation nationale dans le département. Après deux mois de grève et quatorze manifestations, la lutte déboucha sur la création de trois mille postes en trois ans dans les établissements scolaires dans le département et de 5000 emplois-jeunes. Mais la mobilisation ne s’étendit pas en Ile-de-France.

En 2000, Michel Bidaux s’impliqua dans la mobilisation nationale avec grève reconductible, AG et coordination contre la réforme du statut des professeurs de lycées professionnels (PLP) voulue par le ministre de l’Éducation nationale, Claude Allègre. Venus de toute la France, plusieurs centaines de PLP se réunirent à la Bourse du Travail de Paris et le 21 mars, vingt mille d’entre eux (soit le tiers de la profession) manifestèrent dans Paris et obtinrent le retrait de la réforme.

De février à juin 2003, il participa à l’animation d’une grève nationale contre le transfert de la gestion des ATOSS (personnels techniques et administratifs) des lycées aux régions, ceux des collèges aux départements et contre la réforme Fillon sur les retraites. Puis en 2006 il participa activement à la lutte pour l’abrogation du Contrat première embauche, et en 2010 contre les réformes des retraites.

Il soutint les marches européennes des chômeurs (Amsterdam, 1997), les mobilisations interprofessionnelles (sidérurgistes en 1979, coordinations dans la santé, à la SNCF en 1996). En juin 2001, il soutint la manifestation contre les licenciements à l’initiative d’intersyndicales d’entreprises menacées, comme à Lu-Danone, Mark et Spencer, qui réunit 20 000 personnes à Paris.

Il contribua à impliquer la CGT dans certaines actions, telles que la lutte contre le racisme et pour les revendications féministes. Ces combats, qu’il mena souvent avec Pablo Krasnopolsky et Alain Vrignaud notamment, provoquèrent parfois des conflits avec la direction nationale de son syndicat.

Sur le plan politique, de 2005 à 2012, il fut attaché de presse pour la LCR, puis du NPA auquel il adhéra dès sa création en 2009. Il travailla plus spécialement auprès d’Olivier Besancenot (notamment lors du référendum sur le Traité constitutionnel en 2005, et aux présidentielles de 2007). Pour sa part, il fut candidat aux élections législatives en 2007.

En 2012, Michel Bidaux se trouva en désaccord avec les choix faits pour l’élection présidentielle, qui conduisit à éliminer la candidature de Myriam Martin et à ce qu’il considéra comme un repli sectaire, alors que le Front de gauche était en plein essor. Avec quelques centaines de camarades, il contribua à la fondation de la Gauche anticapitaliste (GA) après avoir quitté le NPA. Sa vie militante se poursuivit avec Ensemble ! et Ensemble-Insoumis, partie prenante de la France insoumise.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article247223, notice BIDAUX Michel, Henri. Pseudonyme : Gautier par Bernard Thiéry, version mise en ligne le 12 avril 2022, dernière modification le 13 avril 2022.

Par Bernard Thiéry

Michel Bidaux
Michel Bidaux
Manifestation du LP Bartholdi
Avec Olivier Besancenot

SOURCES : Documents fournis par Michel Bidaux. — Jean-Paul Salles, La Ligue communiste révolutionnaire 1968-1981, Instrument du Grand soir ou lieu d’apprentissage ?, Presses universitaires de Rennes, décembre 2005. — Hélène Adam et François Coustal, C’était la Ligue, Syllepse et Arcane 17, 2019.

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