GÉRARDIN Dominique

Par Bernard Thiery

Né le 5 novembre 1945 à Champigny-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne)  ; bibliothécaire  ; membre de la JEC, du PSU, de l’UNEF, de l’UEC-secteur Sorbonne-Lettres, président du GEH, co-fondateur de la JCR, membre du secrétariat parisien de la JCR, conservateur de Bibliothèques (Nancy ; Centre Pompidou ; Lille), permanent de la LC à Paris, membre la direction de ville à Lille et de la direction régionale Nord-Pas-de-Calais, membre de la CCC de la LC, membre du NPA, membre de la Quatrième Internationale.

Gérard Gérardin en 1996.

Dominique Gérardin était né à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne). Son père Pierre Gérardin (1907-1980) était instituteur et sa mère Yvonne Bouyssous (1912-1990) institutrice. Dominique Gérardin eut deux sœurs ; Laure fut enseignante à l’université de Lille 1 et Odile, fut l’épouse de Gérard Billy, dirigeant à Nancy (Meurthe-et-Moselle) de la Ligue Communiste (LC) puis de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Leurs parents étaient syndiqués au Syndicat National des instituteurs (SNI-FEN), mais sans engagement personnel et membres d’associations diverses ; pacifistes, dans l’entre-deux guerres, ils adhérèrent à l’Association Française pour la Société des Nations.
Les grands-parents paternels étaient agriculteurs à Frizon (arr. d’Épinal, Vosges). Les grands-parents maternels étaient originaires de différents villages de la Corrèze, é « montés » à Ablon (Seine-et-Oise, Val-de-Marne) et à Paris. Le grand-père Raymond dit François Bouyssous, cordonnier, était de sensibilité anarchiste ; il détenait des livres d’Elisée Reclus et une « Histoire scandaleuse des papes » que la mère de Dominique Gérardin détruisit après son baptême en 1933. Il fut « taxi de la Marne ». La grand-mère de Dominique Gérardin racontait souvent sa participation au meeting de Jean Jaurès au Pré-Saint-Gervais en 1913.
Dominique Gérardin, après l’école élémentaire, suivit le cours complémentaire à Champigny-sur -Marne en 1955-1956, comprenant un atelier de travail manuel. Il fréquenta le lycée de Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne) de 1956 à 1961 puis le lycée Louis-le-Grand (Paris) en 1961-1962. Il adhéra à la Jeunesse Étudiante Chrétienne (JEC) en 1962. Il la quitta en 1965 après que le 9 avril, la secrétaire nationale de la Jeunesse Étudiante Chrétienne Féminine (JECF) et le secrétaire national de la JEC avec la plus grande partie du Bureau national, eurent été poussés à la démission par l’épiscopat. Avec les « démissionnaires », il participa à la création de l’éphémère Jeunesse Universitaire Chrétienne. Il adhéra au Parti Socialiste Unifié (PSU) de 1963 à 1965.
Il passa une Licence « libre » d’Histoire à la Sorbonne de 1962 à 1966. Elle s’opposait à la licence « d’enseignement » qui seule permettait le passage des concours du CAPES et de l’Agrégation ; dans son domaine, l’histoire, cette dernière comportait un certificat d’histoire ancienne avec version latine ou grecque. Or, destiné par ses parents à une profession « scientifique », Dominique Gérardin n’en avait jamais fait. Il remplaça l’histoire ancienne par un certificat « d’histoire de l’Afrique tropicale » avec la perspective d’une embauche à l’Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer (ORSTOM), aujourd’hui Institut de Recherche pour le Développement (IRD). Le Ministère de la France d’Outre-Mer refusa sa candidature en raison de son dossier au service de police des Renseignements Généraux. Il se syndiqua à l’UNEF, Groupe des Etudiants d’Histoire (GEH) de la FGEL, de 1962 à 1966 et fut élu président du GEH.
Il adhéra au Secteur Sorbonne-Lettres de l’Union des Étudiants Communistes (UEC) où Alain Krivine avait constitué un fort courant dissident, « trotskyste » qui contestait la direction de l’UEC tenue par le Parti Communiste (PC) et critiquait le PC et l’URSS. Le Secteur fut dissout en mars 1966 après avoir manifesté, à l’automne 1965, son hostilité à la candidature de François Mitterrand à l’élection présidentielle de décembre 1965, alors que la PC la soutenait. Avec les exclus de l’UEC et pour certains du PC, dont Alain Krivine, il fit partie des cent-vingt délégués qui en avril 1966 fondèrent la Jeunesse Communiste Révolutionnaire (JCR). La rupture avec le PC et la création de la JCR avaient été anticipés pendant un stage à l’été 1965 tenu avec plus de quatre-vingt « trotskystes ». Dominique Gérardin fut membre du secrétariat parisien de la JCR avec Catherine Samary et Frédéric Lavacherie et participa au 1er Congrès National en mars 1967. Il adhéra en novembre 1967 au PCI (Section Française de la Quatrième Internationale). La JCR fut dissoute en juin 1968.
Il fut Philippe 1967-1968, Orsini 1968-1973, Katz à partir de 1973.

Dominique Gérardin passa le concours d’élève à l’École Nationale Supérieure des Bibliothécaires (ENSB) dont il suivit les cours en 1967 et 1968. Il devint conservateur à la Bibliothèque Municipale de Nancy en 1970 et 1971, à La Bibliothèque Publique d’Information du Centre Pompidou en 1971 et 1972 puis Conservateur-en Chef à la Bibliothèque Universitaire de Lille de 1973 à 2005.
Il fit son service militaire au 403e Régiment d’Artillerie Antiaérienne à Chaumont (Haute-Marne) de Novembre 1968 à janvier 1970. Promu 1ère classe, il fut ensuite rétrogradé 2e Classe après la découverte de quelques exemplaires de Rouge, l’hebdomadaire de la LC, dans son casier à la chambrée.
En avril 1969, à Mannheim (Allemagne), il participa au congrès semi-clandestin de fondation de la LC, section française de la Quatrième Internationale. Il fut délégué au 2e congrès de la LC à Rouen en mai 1971 et devint responsable de l’intervention aux PTT de 1971 à 1973. Il fut à nouveau délégué au 3e Congrès à Versailles en décembre 1972. Il fut permanent de la LC à Paris en 1972 et 1973 et membre de la Commission Centrale de Contrôle de la LC de 1971 à 1974. Il fut membre de la Direction de ville de Lille et de la Direction Régionale Nord-Pas-de-Calais de 1973 à 2004. Il se présenta plusieurs fois aux élections législatives notamment en 1973 dans la 2e circonscription de Meurthe-et-Moselle (Nancy), en 1978 dans la 13e circonscription du Pas-de-Calais, en 1997 dans la 3e circonscription du Nord (Lille). Il se présenta aux municipales de Lille en 1977 sur la liste LCR-LO-OCT « Pour le Socialisme, le pouvoir aux travailleurs », il fut candidat à celles de 1983, 1989, 1995 et en 2001 sur la liste LCR « A gauche vraiment ».

La LCR avait été fondée en décembre 1974, suite à la dissolution de la LC en juin 1973 après la manifestation d’opposition au meeting raciste organisé le 21 juin par Ordre Nouveau dans la salle de la Mutualité à Paris. Il en fut membre.
Dominique Gérardin adhéra au NPA à sa création en février 2009, au lendemain de l’auto-dissolution de la LCR et le quitta le NPA en 2012 mais, en 2022, il restait militant de la Quatrième Internationale
En 1971, il épousa Brigitte Lartisien (1945-2003), psychologue clinicienne, militante à la LC/LCR connue sous le pseudonyme de Larissa ; elle était issue d’une famille de la « grande » bourgeoisie. Ils divorcèrent en 1985. Après une vie commune de dix ans, Dominique Gérardin se remaria en 1995 avec Marie-Paule Demolin, issue d’une famille ouvrière de culture « démocrate-chrétienne », Bibliothécaire, adhérente à la FSU et responsable d’Amnesty International.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article247229, notice GÉRARDIN Dominique par Bernard Thiery, version mise en ligne le 12 avril 2022, dernière modification le 22 avril 2022.

Par Bernard Thiery

Gérard Gérardin en 1996.

OEUVRE : - Index de la Revue «  Quatrième Internationale  » , La Brèche, 1979. — Catalogue de l’exposition « Livres médicaux anciens », Université de Lille 2, 1993. — « Mouvements de jeunesse chrétiens s, in EPSZTAJN (Didier) et al. La France des années 1968, Syllepse, 2008. — Inventaire des archives de la LC/LCR (Nord-Pas de Calais), Archives Départementales du Nord, Lille, 2013. — Inventaire des archives de Gérard de Verbizier, Nanterre, BDIC, 2013. — Inventaire des archives de la LCR, Nanterre, BDIC, 2015.

SOURCES : Documents fournis par Dominique Gérardin. — Jean-Paul Salles, La ligue communiste révolutionnaire 1968-1981 Instrument du Grand soir ou lieu d’apprentissage ?, Presses universitaires de Rennes, décembre 2005. — Hélène Adam et François Coustal, C’était la Ligue, Éd. Syllepse et Arcane 17, novembre 2018. — François Coustal, L’incroyable histoire du Nouveau parti anticapitaliste, Demopolis, Janvier 2009. )

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