GENESTET Marc, Paul

Par Madeleine Singer

Né le 2 janvier 1913 à Ganges (Hérault), mort le 11 juillet 1993 à Paris ; agrégé de grammaire ; fondateur du Syndicat général de l’éducation nationale (SGEN) dans l’académie de Toulouse (1937-1947).

Second des trois enfants de Marius Genestet, ingénieur, Marc Genestet avait deux sœurs. Il fit de brillantes études au lycée de Montpellier, puis à la Faculté de cette ville. Licencié de lettres en 1932, il devint alors professeur au collège de Saint-Girons. Deux ans plus tard, après avoir passé l’agrégation, il fut nommé au lycée de Carcassonne, puis en 1936 à Toulouse, au lycée Gambetta qu’il quitta en 1952 pour l’annexe Bellevue, devenue peu après lycée autonome. Il y exerça jusqu’à sa retraite en 1976.

Ayant d’abord adhéré au Syndicat national des professeurs de collèges, puis au Syndicat national des professeurs de lycée, il fit à Toulouse la connaissance de Guy Raynaud de Lage* qui enseigna au lycée de 1935 à 1937. Pendant cette période, un certain nombre d’adhérents quittèrent le Syndicat national des lycées pour entrer à la CGT. Raynaud de Lage et Marc Genestet pensèrent alors « qu’il n’étaient plus à leur place dans un syndicat qui, ayant perdu son aile gauche, prenait automatiquement une coloration plus à droite ». Ils ont donc démissionné et adhéré individuellement à la CFTC Marc Genestet était préparé à cette affiliation par le climat familial : sa mère était très informée sur le catholicisme social, le Sillon de Marc Sangnier. Lui-même me signala qu’à cette époque, il appartenait à la Jeune République qui, comme il le souligna, avait adhéré au Front populaire. Il rejoignit donc le SGEN dès sa fondation en 1937, satisfait d’appartenir à « un syndicat adhérant à une grande centrale ouvrière et dont l’orientation à gauche correspondait mieux à [ses] idées ».

Vint la guerre. Marc Genestet se maria en septembre 1939 et eut un fils. Il était réformé car, petit enfant, il s’était gravement brûlé chez lui et était très handicapé, écrivant de la main gauche. Il devint donc responsable du SGEN pour l’académie de Toulouse, comme le signala École et Éducation du 15 janvier 1940. En cette qualité, il travailla à regrouper adhérents et militants, fit rentrer les cotisations majorées d’un supplément de guerre de 2 F établi par la CFTC le 16 septembre 1939. Pendant la guerre, dit-il, mon seul lien avec au moins l’esprit du SGEN a été Paul Vignaux alors réfugié à Toulouse avant de partir aux États-Unis. Nous avons d’ailleurs appris par ce dernier qu’autour de Marc Genestet s’était constitué un noyau qui organisait la Résistance avec Jean Brodier, président de l’Union départementale CFTC de Haute-Garonne. À la Libération, Marc Genestet reprit contact avec le SGEN national, fonda au lycée Gambetta une section dont il fut le secrétaire, ayant, dit-il, pour secrétaire-adjoint un protestant et pour trésorier un juif. Il fit des réunions de propagande tant à Toulouse que dans d’autres villes de la région. Mais il fut vite submergé par l’ampleur des tâches, car il était pris par la militance politique au MRP qu’il quitta au moment de la guerre d’Indochine. En outre, entré dans les « classes nouvelles » dès 1945, il y travailla beaucoup jusqu’à leur suppression en 1952. Il poursuivit alors jusqu’à la retraite ses recherches pédagogiques avec le Centre de recherche et d’action pédagogique, collaborant aux Cahiers pédagogiques, fréquentant les journées pédagogiques à Sèvres.

Marc Genestet avait donc dû, en octobre 1947, faire passer en d’autres mains la responsabilité de la section académique. Mais son travail pédagogique était bien dans l’esprit du SGEN qui se préoccupa toujours de rendre la culture accessible à tous les enfants. Marc Genestet resta alors pendant trente ans un « adhérent fidèle sans plus, heureux de la déconfessionnalisation et du passage à la CFDT, d’accord avec les positions prises pendant la guerre d’Algérie ». Le SGEN qu’il avait fondé dans l’académie de Toulouse, allait y poursuivre son développement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24731, notice GENESTET Marc, Paul par Madeleine Singer, version mise en ligne le 26 février 2009, dernière modification le 30 janvier 2020.

Par Madeleine Singer

SOURCES : Madeleine Singer, Histoire du SGEN, 1987, Presses universitaires de Lille. — Lettres de Marc Genestet à Madeleine Singer, 24 octobre 1979, 25 juin 1980 ; lettres de Vincent Genestet à Madeleine Singer, 2 février 1996, 13 février 1996 (Arch. privées).

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