MENNERET Fernand, Lucien, Maurice

Par François Ferrette

Né le 5 juin 1896 à Sainte-Savine (Aube) ; employé de bureau ; socialiste, communiste, rédacteur au Volkstribune (Moselle) et à l’Étincelle.

Fernand Menneret

Fils de Ferdinand Menneret et de Marie, Joséphine née Chapato, Fernand Menneret demeurait 67, rue Pontiffroy à Metz en 1921. Son père était jardinier et sa mère sans profession. Lorsqu’il naquit ses parents étaient âgés de quarante-cinq ans pour son père et quarante ans pour sa mère. Ses parents étaient décédés à une date inconnue avant 1921.

Fernand Menneret fut incorporé dans l’armée lors de la Première Guerre mondiale et fut blessé grièvement et réformé, « revenu de la guerre du droit avec 6 blessures graves une au poumon, une au bras gauche et une à la cuisse », selon l’Humanité du 7 octobre 1922. Il reçut la croix de guerre. Il s’était fixé ensuite à Metz le 10 octobre 1919, dès sa sortie du régiment, et fut employé de bureau au service de santé militaire jusqu’au 1er juin 1920. Mais il fut renvoyé suite aux articles antimilitaristes qu’il publiait dans Die Volkstribune et Die Freies Journal, où il défendait le principe du désarmement général. Ce départ renforça ses activités politiques en faveur de la IIIe Internationale. Il écrivit dans divers journaux de langue allemande et intervenait dans de nombreuses réunions. Il diffusait des brochures du Comité de la 3e Internationale, dont il faisait certainement partie, et des tracts communistes en 1920. Il était d’ailleurs le dépositaire du Bulletin communiste et recevait les abonnements pour la Moselle. En 1921, il était employé de bureau à l’Union des coopérateurs de Metz et de la région Lorraine. Selon la police, il était devenu un des militants « extrémistes » les plus en vue du département. Au lendemain du congrès de Tours, il était désigné secrétaire-adjoint de la section communiste de Metz-ville. Menneret et sa compagne partageaient le même logement que les Rosmer en 1921-1922. Alfred Rosmer y passait épisodiquement alors que Marguerite Rosmer y était à demeure. Elle s’occupait d’ailleurs du comité d’assistance au peuple russe, mais assurait aussi le passage des communistes de l’Est vers l’Ouest et inversement.

Mais ce qui allait occuper Menneret dans la deuxième moitié de l’année 1921 fut son soutien au peuple russe. Le comité directeur du PC fit publier dans l’Humanité du 3 août 1921 un appel aux travailleurs de France contre la famine en Russie. Le 5 août un comité national d’assistance au peuple russe fut mis sur pied composé du Parti communiste, des Comités syndicalistes révolutionnaires, de la Fédération ouvrière et paysanne des associations de mutilés de guerre (FOP), de l’ARAC, des Locataires et des Jeunesses communistes. Le siège de ce comité avait été fixé au 120, rue Lafayette, Paris, siège du PC. Le secrétaire en était Frossard et le trésorier, Cartier.

En 1921, Menneret organisa en conséquence en Moselle des collectes pour secourir le peuple russe, mais son rôle fut plus important et prit une dimension nationale. Il organisa concrètement l’acheminement par trains au départ de Metz vers la Russie (un autre envoi partit par bateau de Marseille). Le 17 janvier 1922, onze wagons de marchandises diverses (vêtements, riz, légumes secs, lait condensé, graisse, etc.) partirent sous son contrôle. Menneret et sa compagne firent le voyage du premier convoi jusqu’à Sarrebrück.

Les frais de transport à travers l’Allemagne augmentèrent et il fallut trouver une autre voie d’acheminement. Le choix fut porté sur le port du Havre. Menneret organisa alors son départ de Metz pour s’y installer à partir de juillet 1922. La police le soupçonnait de travailler à la fois pour le Parti communiste, section française, mais aussi pour le Parti communiste d’Allemagne de Berlin et l’Internationale syndicale rouge dont il aurait bénéficié de subsides. En juillet 1922, le comité d’assistance au peuple russe fixa désormais l’envoi des colis au Havre.

Au moment où Menneret s’installa, des émeutes ouvrières eurent lieu au Havre et le 26 août 1922 Menneret y assista sans toutefois prendre part directement aux événements. Cela suffit pour être arrêté le lendemain pour complicité de rébellion. Il fut remis en liberté le 7 octobre suivant. La police pensait qu’il était venu apporter un soutien financier au mouvement de grève et soutenir les grèves. En réalité, il avait bien vendu ses meubles de son ancien logement à Metz et son séjour ne pouvait être provisoire.

Il demeurait alors au 21 rue Diderot au Havre où il avait espéré pouvoir se fixer avec sa compagne Marie-Thérèse Aubry. Mais les événements les convainquirent de s’installer à Paris, XIXe. L’arrestation de Menneret conduisit la police à fouiller son domicile et à retrouver toute une correspondance extrêmement intéressante. Menneret était en contact avec l’aile gauche du parti communiste (Treint, Suzanne Girault, Marguerite Rosmer, Rosa Michel, etc.) et avec des correspondants à l’étranger (Allemagne : Munzenberg ; Belgique : Gouix, Mathon). Il critiquait le courant centriste du jeune Parti communiste et craignait que cette aile éloigne les militants les plus décidés à renverser le capitalisme.

Dans une correspondance à Marguerite Rosmer datée du 6 mai 1922 il exprime ainsi son mécontentement face la direction du PC français : « Croyez-vous que nous pourrons compter sur la direction du parti pour la révolution ? Je ne le pense pas du tout. La confiance que j’avais, pendant un certain temps, pour certains camarades reconstructeurs, est complètement partie. »

Il écrivit à Suzanne Girault le 7 mai 1922 : « … Dans l’Humanité de vendredi j’ai vu que Méric et Frossard étaient piqués au vif par l’article de notre camarade Alfred Rosmer. Vraiment, ma chère camarade, c’est navrant et l’Internationale communiste ne doit pas être fière de compter parmi ses membres des gens de cette trempe qui ne sont pas et ne seront jamais COMMUNISTES ».

Menneret reçut des directives de Treint pour augmenter l’influence de l’aile gauche : « Resserrons nos liens. Tu dois t’occuper de faire rayonner l’influence de la fédération de la Moselle sur les fédérations voisines et y découvrir des militants actifs sur lesquels nous puissions entièrement compter » (lettre du 2 juin 1922). Si la tendance de gauche n’avait pas d’identité officielle, elle était tout de même un peu organisée. Menneret envoya ainsi le 17 août 1922 à Maurice Fromentin, l’ancien trésorier du Comité de la 3e Internationale en 1920, 5 francs : « … pour la caisse de notre tendance. Tu sais pourquoi. »

Par la suite, il devint secrétaire de la section communiste du XIXe arrondissement et soutint les thèses du Ve Congrès de l’Internationale communiste, notamment le mot d’ordre de bolchevisation. Son nom disparaît de l’Humanité après 1924.

Au début des années 1920, Menneret habitait avec sa compagne Marie-Thérèse née Aubry, née le 5 juin 1896 à Chaumont (Marne). Menneret se maria ensuite le 10 janvier 1929 à Paris (XIXe arr.) avec Marie Isaac.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article247371, notice MENNERET Fernand, Lucien, Maurice par François Ferrette, version mise en ligne le 18 avril 2022, dernière modification le 18 avril 2022.

Par François Ferrette

Fernand Menneret
Marie-Thérèse Aubry

SOURCES : Arch. Nat., 19940462/288, dossier 28584. — État-civil de Sainte-Savine. — L’Humanité.

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