GRAND Guy, René, Jacques

Par Madeleine Singer

Né le 8 avril 1915 à Perpignan (Pyrénées-Orientales), mort le 4 janvier 2022 à Dijon (Côte d’Or) ; professeur puis inspecteur général de l’enseignement technique ; fondateur du Syndicat général de l’éducation nationale (SGEN) dans l’académie de Dijon (1945-1960), président de l’UD-CFTC de la Côte-d’Or.

Guy Grand
Guy Grand
Cliché fourni par Guy Grand à Madeleine Singer

Aîné des trois fils de René Grand, principal de collège, Guy Grand eut le baccalauréat en 1932, prépara sa licence de lettres à Lyon et à Paris où il obtint le diplôme d’études supérieures en 1937. Il fit alors son service militaire, puis la guerre de 1939 en qualité d’EOR Démobilisé le 11 août 1940, il exerça comme maître auxiliaire dans divers établissements et fut reçu en 1941 à l’agrégation de grammaire. Il se maria à Belley (Ain) en septembre 1941 avec Marie-Thérèse Saint-Pierre et fut affecté à titre provisoire au lycée Carnot de Dijon : il y occupa la chaire de première dont il devint titulaire en 1946, tout en assurant en même temps un enseignement de lettres à la Faculté.

Quand il devint inspecteur général de l’Enseignement technique, sa femme fut pendant vingt ans sa secrétaire bénévole jusqu’à ce qu’il prît sa retraite en 1980. Dans l’intervalle il avait été, de 1962 à 1966, directeur de l’Office universitaire et culturel pour l’Algérie, créé par les accords d’Évian pour conserver dans ce pays un réseau d’établissements français. Résidant à Alger, il faisait deux fois par an le tour des établissements : cinq instituts d’enseignement supérieur, dix-huit lycées répartis sur tout le territoire et 2 500 classes primaires, de la frontière marocaine à la Tunisie et jusqu’aux oasis du Sud.

Au bout de quatre ans, il demanda son retour en métropole et reprit sa fonction d’inspecteur général, présidant notamment de 1972 à 1979 le Capes de lettres modernes. Volontaire chaque année pour assurer des missions à l’étranger lorsque le collège des inspecteurs généraux en effectuait la répartition, il se rendit dans une douzaine de pays : Maroc, Madagascar, Vietnam, Brésil, etc. De 1967 à 1977, il alla ainsi inspecter les professeurs français qui enseignaient notre langue soit dans les établissements de la Coopération, soit dans ceux de l’Alliance française, soit dans des établissements locaux où ils avaient été détachés. Il inspecta même, à la demande du ministère tunisien, des professeurs de ce pays qui enseignaient le français. Toutes ces missions entraînaient au retour deux mois de travail au ministère afin de régulariser la situation de bon nombre d’enseignants : il fallait faire valider leurs diplômes ou faire prendre en compte dans leur ancienneté certaines années de service.

À la Libération Guy Grand faisait partie d’un groupe d’instituteurs et de professeurs appartenant à la Paroisse universitaire. Ceux-ci prirent contact avec la CFTC à Dijon pour savoir s’il existait un syndicat d’enseignants dans cette Confédération, car ils n’avaient envie d’adhérer ni au SNES, ni au SNI. Ils rejoignirent donc le SGEN ; les collègues de Guy Grand lui demandèrent de prendre la responsabilité du Syndicat dans l’académie de Dijon. Celui-ci resta secrétaire académique jusqu’à sa nomination d’inspecteur général en 1960, tout en siégeant au comité national où il avait été élu dès 1946.

Les témoignages que nous avons recueillis permettent de retracer son activité pendant cette période. Le Bureau académique se déroulait dans une atmosphère extrêmement sympathique. « Il était toujours disponible, même pour taper mes circulaires aux maîtres d’internat de l’académie », déclare celle qui était alors responsable de cette catégorie et qui évoque son « dynamisme communicatif », son « humour revigorant ». Il se déplaçait à travers les départements de l’académie, apportant au Premier degré un précieux appui en maintes occasions : le secrétaire de la Côte-d’Or, Jean Farcy, souligne que Guy Grand l’accompagnait dans ses démarches à l’Inspection académique quand il fallait leur donner plus de « poids ». Ce dernier requérait même la présence d’un ami, professeur à la Faculté, quand l’intervention était plus délicate. L’autorité de Guy Grand permit d’étouffer l’affaire lorsque Jean Farcy fut menacé de sanctions pour « atteinte à la respectabilité des enseignants » : il avait critiqué des sujets de certificat d’études si fantaisistes qu’il y eut près de 50 % d’échec et il avait mis en cause la compétence de l’auteur des questions ainsi que celle des correcteurs.

Guy Grand favorisait en même temps l’expression écrite des instituteurs par des circulaires départementales, puis par un bulletin académique. Aussi, d’après Jean Farcy*, il contribua à l’obtention de résultats favorables lors des élections à la commission administrative paritaire départementale (CAPD.). Le SGEN eut un siège en Côte-d’or dès 1948, le perdit à quelques voix près en 1952, mais le récupéra en 1954. Il le perdit à nouveau en 1966 à cause d’une liste « autonome », composée essentiellement de transfuges du SGEN qui voulurent ainsi protester contre la transformation de la CFTC en CFDT Ayant gardé toutefois un bon pourcentage, le SGEN retrouva le siège en 1978 lorsque la CAPD. fut portée à dix sièges, et le conserva ultérieurement, attestant par là de son implantation dans le département.

En même temps, Guy Grand était devenu en 1954 président de l’Union départementale CFTC de la Côte-d’Or et le resta jusqu’à sa nomination d’inspecteur général. Soucieux de développer la formation des militants, il s’occupait chaque année de l’École normale ouvrière. Il incitait les enseignants à participer aux manifestations interprofessionnelles. Tout à l’écoute des militants, il faisait régner au sein du bureau de l’UD un esprit d’équipe et orientait la réflexion commune sur les divers aspects de la situation, politiques, économiques, sociaux, culturels aussi bien que syndicaux. Sa nomination d’inspecteur général de l’Enseignement technique atteste cette ouverture d’esprit : loin de se cantonner dans l’enseignement classique auquel ses études le destinaient, il attachait une importance primordiale à l’Enseignement technique ainsi qu’à la formation professionnelle. Il était officier de la Légion d’honneur, officier de l’ordre national du Mérite et commandeur des Palmes académiques.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24740, notice GRAND Guy, René, Jacques par Madeleine Singer, version mise en ligne le 27 février 2009, dernière modification le 22 août 2022.

Par Madeleine Singer

Guy Grand
Guy Grand
Cliché fourni par Guy Grand à Madeleine Singer

SOURCES : École et Éducation (1945-1955). — Syndicalisme universitaire, 1955-1960. — Lettres de Guy Grand à Madeleine Singer, 11 octobre 1979, 2 mars 1995, 28 février 1996, 9 mars 1996 ; lettre d’Huguette Pelletier à Madeleine Singer, 26 mars 1996 ; lettres de J. Farcy à Madeleine Singer, 26 mars 1996, 22 octobre 1996 ; lettres d’Henri Potot (ancien secrétaire CFTC de la Côte-d’or) à Madeleine Singer, 11 mai 1996 (Arch. privées).— Etat civil.

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