PRÉTOT Lucien Auguste Alfred

Par Henri-Ferréol Billy

Né le 13 mars 1897 à Velleminfroy (Haute-Saône), exécuté le 20 mai 1944 à Vichy (Allier) ; contrôleur général de la police ; victime civile.

Portrait de Lucien PRÉTOT
Portrait de Lucien PRÉTOT

Fils d’Auguste Louis Lucien Prétot, épicier, et de Marie Césarie Julie Chenus, il habitait en 1911 à Velleminfroy avec ses parents, un frère et une sœur.

Etudiant, il fut incorporé comme soldat au 172e RI à compter du 8 janvier 1916, il était alors âgé de 18 ans. Le 17 août 1917, il fut blessé par un obus de gros calibre en réparant la ligne téléphonique sur un terrain pris à partie par les obus et les mitrailleuses. Ce fait lui valut une citation en septembre 1917 avec comme précision : « jeune soldat plein d’entrain, très brave et très dévoué ». Il fut évacué en ambulance. Le 15 août 1918, il fut intoxiqué par des gaz de combats. Ses blessures lui valurent une décision de la commission de réforme en 1927. Il fut renvoyé dans ses foyers le 25 septembre 1919 avant d’être maintenu en 1921 pour la mobilisation au 42e RI dans l’emploi de commissaire au service de la sûreté de l’armée française du Rhin.

Il avait épousé le 19 mai 1923 à Dusseldorf (Allemagne) Anonciade Profizy (ou Profizi) qui sera inhumée le 11 décembre 1953 au cimetière de Pantin (Seine-St-Denis). Elle était la fille de Paulin Profizy, contrôleur général des services de police administrative parti à la retraite en 1935 et décédé en 1942 qui avait été le directeur du service de Sûreté de l’armée du Rhin de janvier 1924 jusqu’à l’évacuation de la Rhénanie en juin 1930.

En avril 1926, Lucien Prétot était toujours mobilisé dans l’armée du Rhin et habitait alors Mayence (Allemagne). Le 1er juillet 1929, il fut classé affecté spécial comme commissaire de police au titre du ministère de l’intérieur (direction de la sûreté générale). En 1930, il était adjoint au contrôle général des services de police et aurait été à ce moment-là recruté par le NKVD selon Gérald Arboit. Il devait habiter Courbevoie (Hauts-de-Seine) au 1 bis rue Severine et était alors contrôleur général de la police, commissaire divisionnaire. En 1933, il devint commissaire spécial, adjoint à la Direction de la Sûreté Générale à Paris. Il fut alors candidat aux élections des délégués appelés à siéger au conseil de discipline du ministère de l’intérieur et obtient 179 voix ce qui ne lui permit pas d’être élu. En 1936, il fut nommé au titre honorifique d’officier de l’instruction publique pour services rendus aux œuvres sociales (Journal Officiel du 29 février 1936). Par décret du président de la République du 20 avril 1936 (Journal Officiel du 22 avril 1936), alors qu’il était commissaire de police hors classe, 2e échelon, sous-chef de service au contrôle général des services de police administrative, il fut nommé sur place au 1er échelon, chef de section.

En février 1942, alors qu’il était contrôleur général de la police, il rendit un rapport sur les trafics des policiers du Service de Police des sociétés secrètes, trafics auxquels participe Charles Fettig dit Fuchs qui fut sanctionné provisoirement. Frétot fut apparemment révoqué le 15 octobre 1942 (mais aucune mention ne figure au Journal Officiel) avant d’être réintégré.

Par vengeance, Fettig, désormais agent de la Sipo-SD de Vichy, l’arrêta le 20 mai 1944 à Vichy. Depuis, Prétot fut porté disparu. Il a probablement été exécuté dans les environs de Vichy. Il aurait été interrogé par l’agent de la Sipo-SD Georg Wedemann qui aurait ensuite conduit son cadavre à Clermont-Ferrand, au siège de la Sipo-SD.

D’après sa fiche sur MémorialGenWeb, il aurait fait partie du NAP et serait disparu en mission de renseignement pour la Résistance. Cependant, il n’a pas de dossier FFI, uniquement un dossier de « mort en déportation ». On peut considérer qu’il a été arrêté et exécuté parce qu’il gênait les trafics de Fettig.

Dans le journal Paris-presse du 19 octobre 1945 sa femme fait paraître, accompagné d’une photographie, l’avis suivant : « Prière de donner nouvelles de Monsieur Lucien Pretot, contrôleur général de Police, arrêté par la Gestapo, le 20 mai 1944 à Vichy. Donner les renseignements à madame L. Pretot, 1 bis rue Severine à Courbevoie, Seine. » Sa démarche finira par aboutir au vu du jugement du 12 mars 1948 déclarant que le décès de son mari est survenu le 20 mai 1944, date de son arrestation, à Vichy. Il a ainsi été rajouté postérieurement à la table des successions et absence 1943-1944 de Colombes (Hauts-de-Seine), avec comme lieu de décès Vichy. En revanche, son dossier de Caen ne mentionne pas son lieu de décès. La mairie de Vichy ne conserve pas d’acte de décès à son nom.

Son corps n’a pas été retrouvé. Sa fiche matricule ne donne pas sa taille, mais donne les précisions physiques suivantes : cheveux blonds, yeux verts, front moyen, nez rectiligne, visage long.

Son nom figure sur le monument aux morts de Velleminfroy (Haute-Saône), sur le mémorial de la Résistance de Vesoul (Haute-Saône) et sur le monument des morts en déportation et des fusillés, victimes de la Shoah, résistants et STO de Courbevoie (Hauts-de-Seine), au cimetière des Fauvelles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article247462, notice PRÉTOT Lucien Auguste Alfred par Henri-Ferréol Billy, version mise en ligne le 20 avril 2022, dernière modification le 24 juillet 2022.

Par Henri-Ferréol Billy

Portrait de Lucien PRÉTOT
Portrait de Lucien PRÉTOT

SOURCES : AVCC : AC 21 P 527811, dossier Lucien Auguste Alfred Prétot (nc). — Fonds Lefort-Asso, liste de 53 fusillés de Vichy . — Arch. Nat. f/4/3259 dossier de pension de Lucien Auguste Alfred Prétot (nc). — Arch. Nat. 19790846/306 dossier de carrière de Lucien Prétot (nc). — Arch. Dép. Haute-Saône, RM193, fiche matricule de Lucien Auguste Alfred Pétot (en ligne) . — Gérald Arboit, Des services secrets pour la France. Du dépôt de la Guerre à la DGSE (1856-2013), CNRS Éditions, 2014. — Jean-Marc Berliere, Police des temps noirs¸ Perrin, 2018, pp.1215-1216. — André Moissé, La libération en Franche-Comté, éditions de Franche-Comté, 2004. — Gallica . — Retronews. — Mémorial GenWeb . — Geneanet. — Mails de la mairie de Vichy du 19 avril 2022. — État civil de Velleminfroy (en ligne).

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