EL KHOLTI Mohamed

Par Albert Ayache

Né le 19 mars 1907 à Fès (Maroc), mort le 20 mars 1992 à Paris ; président de l’Association des étudiants marocains en France, l’un des fondateurs de l’Association de bienfaisance de l’ouvrier marocain en 1935.

Mohamed El Kholti avec sa femme Marcelle El Kholti-Robin, Hadj Omar Benabdeljalil et Mohamed Benzakour à Paris en 1947
Mohamed El Kholti avec sa femme Marcelle El Kholti-Robin, Hadj Omar Benabdeljalil et Mohamed Benzakour à Paris en 1947
Communiqué par son fils, Kamil El Kholti

Fils d’Abderrahmane El Kholti, grand commerçant propriétaire des octrois de la ville de Fès et de Feddoul Sekkat, Mohamed El Kholti après le traditionnel passage à l’école coranique, fit ses études primaires à l’école des Beni Adès puis rejoignit ses camarades de promotion au collège Moulay Idriss de Fès.

Il partit en 1928 pour la France pour entamer des études supérieures avec Mohamed El Fassi et le futur docteur Faradj. Il entra au lycée Louis-le-Grand et sympathisa avec Georges Pompidou et Léopold Sédar Senghor dont il devint un ami fidèle.

Il obtint la licence-ès-lettres, le diplôme des études supérieures et le doctorat ès lettres.

En 1932, il collabora à la création de la Revue Maghreb avec Ahmed Balafrej dans le cadre de la collaboration de jeunes Marocains avec des personnalités telles que Robert-Jean Longuet, Gabriel Péri, Ortega y Gasset* et François Albert*. À sa disparition il écrivit dans la revue El Oumma, le journal de l’Étoile Nord Africaine fondé par Messali Hadj.

Président de l’Association des étudiants marocains en France, Mohamed El Kholti fut leur représentant auprès de l’Étoile Nord-Africaine (ENA) en 1934. Après la disparition de la revue Maghreb, il écrivit sous le pseudonyme d’El Ançari, dans El Ouma, le journal de l’ENA fondé par Messali Hadj.

Mohamed El Kholti participa à la création de l’« Association de bienfaisance de l’ouvrier marocain » en mai 1935 dont l’objet était d’organiser et de politiser les travailleurs marocains de la région parisienne, dans leur grande majorité des Chleuhs, berbérophones du sud marocain. La société tomba rapidement en sommeil. El Kholti s’efforça de la réveiller en janvier 1937 sous une autre forme, l’Association de solidarité et de défense des Marocains en France, et avec quelques résultats à en croire les notes de police. Revenu au Maroc, Mohamed El Kholti milita aux côtés d’Allai El Fassi dans le Parti national pour la réalisation des réformes, et écrivit dans le journal L’Action populaire qui venait d’être créé (1937).

En 1933, il fonda avec Mohamed Ben Hassan Ouazzani « l’Action du Peuple », il milita à l’organisation des jeunes Marocains. En 1934, il épousa Marcelle Robin, une enseignante fille d’un officier Supérieur e l’Armée Française.
Il présenta avec Ben Hassan Ouazzani dans l’Action du Peuple : Le Plan des Réformes Marocaines. L’Action du Peuple fut interdite de parution par la Résidence.

Il milita également à la Ligue contre le Racisme et l’Antisémitisme dont il fut un des vice-présidents. Il participa à des réunions de l’Étoile Nord-Africaine malgré l’interdiction de la police et s’éleva contre la répression au Maroc et en Tunisie. El Kholti précisa dans l’Action du Peuple sa position à l’égard du judaïsme Marocain dont le rapprochement avec les intellectuels Musulmans était contrarié par les autorités du Protectorat, il y souligna l’importance du judaïsme partie intégrante du Maroc.

En 1935, El Kholti participa à la création du Haut Comité Méditerranéen avec Hedi Nouira, il recevra d’ailleurs avec M’Hamed Balafrej et Hadi Douiri en 1937 au café Marocain de l’Exposition Universelle, le secrétaire général du néo destour Habib Bourguiba.

En janvier 1937 il écrivit dans le journal l’Action Populaire et créa l’Association de solidarité et de défense des Marocains en France.

Professeur aux Langues Orientales, chargé de la section historique et à l’Office du Maroc durant l’occupation, il fabriqua et fournit des fausses cartes pour les travailleurs Nord Africains leur permettant d’échapper au STO. La Résistance (Mouvement Combat, MUR, MLN) bénéficia de ses informations sur les chargés des affaires marocaines qui collaboraient avec les Allemands. Une perquisition eut lieu à l’Office du Maroc et il fut longuement interrogé. Il fut cité par Yvon Morandat coordonnateur du Mouvement Unifié de la Résistance (attestation du 21 mai 1963).

En 1945, son domicile de l’Avenue de Versailles fut le lieu de rencontre des jeunes étudiants Marocains : Dr Abdelhadi Benjelloun, Moulay Ahmed Alaoui, Mehdi Benaboud etc…

Il créa le 13 février 1946, avec Moulay Ahmed Alaoui pour l’Istiqlal, Chorfi pour le PDI et lui pour la liaison, la Ligue du Maroc Libre qui préconisait un Gouvernement National Marocain sous l’égide de Mohammed V.

Lors de la visite de Mohammed V en France, il fit partie des intellectuels Marocains du Comité d’Accueil Rentré au Maroc en 1947, il fut nommé bibliothécaire à la Bibliothèque du Maroc. En 1951, il fut nommé délégué du grand vizir aux PTT et à la Radiodiffusion où il accéléra le processus d’accès des jeunes Marocains aux postes de responsabilité.

Absent du Maroc lors du coup de force du 20 août 1953 (il se trouvait en France à Courtalain dans l’Eure), il rentra néanmoins à la demande de certains de ses amis désireux d’avoir un contact (il procurera le passeport de Mohamed Ben Hassan Ouazzani…).

À la Conférence d’Aix-les-Bains, il prit position pour le règlement de la question du Trône par le retour de Mohammed V qui le reçut à la Celle-Saint-Cloud.

El Kholti reprit ses fonctions de professeur de l’Enseignement Supérieur à Paris successivement au Lycée Henri IV et à la Sorbonne. Il prit sa retraite en 1972 et partagea son temps entre le Maroc et la France.

Mohamed El Kholti eut deux enfants : Hédi, professeur agrégé de chirurgie et Kamil, ancien officier de la Promotion Mohamed V de Saint Cyr Coêtquidan.

Il était Chevalier de la Légion d’Honneur, Officier du Ouissam Alaouite et Commandeur du Nicham Iftikhar.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24750, notice EL KHOLTI Mohamed par Albert Ayache, version mise en ligne le 27 février 2009, dernière modification le 25 juin 2018.

Par Albert Ayache

Mohamed El Kholti avec sa femme Marcelle El Kholti-Robin, Hadj Omar Benabdeljalil et Mohamed Benzakour à Paris en 1947
Mohamed El Kholti avec sa femme Marcelle El Kholti-Robin, Hadj Omar Benabdeljalil et Mohamed Benzakour à Paris en 1947
Communiqué par son fils, Kamil El Kholti
Kamil El Kholti, fils de Mohamed, fait, dans son autobiographie <em>Un parcours singulier</em>, une large place à l'évocation de son père.
Kamil El Kholti, fils de Mohamed, fait, dans son autobiographie Un parcours singulier, une large place à l’évocation de son père.

OEUVRE : Contribution avec Léopold Sédar Senghor, Pierre Do Dinh, A.Rakoto Ratomamanga, E. Ralajmihiatra, au livre Les plus beaux écrits du Maghreb et de l’Union Française, Editions La Colombe, 1947.

SOURCES : Arch. Affaires étrangères, Paris, rapport hebdomadaire de la Résidence générale, 16-31 décembre 1937, n° 133. — Arch. de la Préfecture de police de Paris, dossier 400043. — R. Rezette, Les Partis politiques marocains, Paris, 1953. — Notes de Kamil El Kholti, attestation de Résistance. — Kamil El Kholti, Un parcours singulier, Éditions La Croisée des chemins, Casablanca, 2008.

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