EL MAATI Lahcen, appelé aussi LAHCEN Maher

Par Albert Ayache

Syndicaliste CGT des phosphates de Khouribga (Maroc) ; organisateur des grèves de 1947-1948 ; interdit de séjour à Khouribga, responsable du secteur privé à l’UGSM à Casablanca ; membre du parti de l’Istiqlal, emprisonné de 1952 à 1954 ; un des fondateurs de l’Union marocaine du travail (UMT), en 1955, passé à l’Union Générale des Travailleurs Marocains (UGTM) lors de la scission de 1960.

Employé des phosphates de Khouribga, Lahcen El Maati appartenait au syndicat des phosphates aux longues traditions d’organisation et de lutte. Il était l’ami du vieux militant communiste et syndicaliste Michel Colonna*. Il se forma à son exemple, accéda à des responsabilités syndicales, devint secrétaire général du syndicat CGT de l’Office chérifien des phosphates de Khouribga. Il fut élu membre de la commission exécutive de l’Union générale des syndicats au 4e congrès des 30 novembre et 1er décembre 1946 sous le nom de Lahcen Ben Maati. Son influence sur les mineurs marocains était considérable.

Lahcen El Maati fut un des organisateurs des grèves de juin 1947 et d’avril 1948, déclenchées en même temps par d’autres fédérations de l’Union générale, pour l’augmentation des salaires, l’amélioration des conditions de travail et surtout l’octroi du droit syndical aux Marocains. Il fit échouer les tentatives scissionnistes de Force ouvrière qui précisément partirent de Khouribga, avec Louis Léandri* et René Cavalier*.

Ce fut lui qui affirma la solidarité des travailleurs marocains avec leurs camarades français, dont les revendications depuis longtemps posées furent à l’origine d’une nouvelle grève, le 26 avril, qui dura jusqu’à la mi-mai 1948 ; grève très dure à laquelle les autorités du Protectorat répondirent par une violente répression, des centaines d’arrestations et de licenciements. Lahcen, comme on l’appelait, parut épargné ; mais, le 29 novembre 1948, il fut arrêté et condamné à trois mois de prison sous prétexte qu’il aurait empêché ses compagnons de travail de célébrer la fête du Trône.

Sa peine terminée, interdit de séjour à Khouribga, il vint à Casablanca où il s’employa pour l’Union CGI, à organiser les travailleurs du secteur privé. Il fit partie de la première délégation syndicale reçue le 29 avril 1949 par le Sultan qui se prononça en faveur du droit syndical pour les travailleurs marocains. Il s’appliqua à organiser les militants nationalistes au sein de l’Union générale et participa aux luttes successives de 1951 et 1952 contre les discriminations dont les travailleurs marocains faisaient l’objet et contre le régime du Protectorat.

Lahcen El Maati fut arrêté en décembre 1952 et libéré le 28 septembre 1954 ; il fut parmi les fondateurs de l’Union marocaine du travail en mars 1955, qu’il quitta en 1960 pour adhérer à l’Union générale des travailleurs marocains, fondée par l’Istiqlal face à l’UMT de Mahjoub Ben Seddik*.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24751, notice EL MAATI Lahcen, appelé aussi LAHCEN Maher par Albert Ayache, version mise en ligne le 27 février 2009, dernière modification le 27 février 2009.

Par Albert Ayache

SOURCES : L’Action syndicale, 1946-1950, notamment dans le n° 105,15 décembre 1948, l’article d’André Leroy dénonçant l’arrestation de Lahcen Ben Maati. — Recherches et souvenirs de l’auteur.

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