FREYSSENET Jean

Par Alain Prigent

Né le 28 mai 1937 à Saint-Victor (Ardèche) ; professeur à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor) puis à Nîmes (Gard) ; secrétaire de la section départementale (S2) du SNES des Côtes-du-Nord (1971-1975).

Photo publiée dans Le Télégramme et reprise dans L’US du 23 février 1972. Prise lors du lancement de la campagne d’opinion avec les deux films du Snes : “Le droit d’apprendre” et “le temps d’enseigner” au cinéma “Les Promenades” à Saint-Brieuc le 15 février 1972. On reconnait de la droite vers la gauche : Jean-Claude Corre secrétaire départemental de la FEN (en partie masqué) ; Monique Vuaillat, militante du S3 SNES Bretagne ; Jean-Yves Jaouen secrétaire académique du SNES ; Jean Freyssenet secrétaire du S2 du SNES ; Maurice Renault, secrétaire de la section SNI des Côtes-du-Nord ; au second rang des représentants de la Fédération Cornec (non identifiés) et Jean-René Louboutin, secrétaire départemental du SNEP.

Né dans une famille modeste, Jean Freyssenet eut un parcours scolaire représentatif de la promotion sociale des enfants des milieux populaires : certificat d’étude primaire, brevet d’enseignement industriel (BEI) option ajusteur, CAP d’ajusteur, première technique et premier bac technique, puis second bac mathématiques élémentaires. Après un détour par la faculté catholique de Lyon où il adhéra à l’UNEF, il entra en classe préparatoire à l’ENSET (École normale supérieure de l’enseignement technique) au lycée La Martinière de Lyon (1958-1959) et intégra l’ENSET Cachan (1959-1962) où il adhéra au SNET (Syndicat national de l’enseignement technique).

À la rentrée 1962, il fut nommé professeur de génie civil au lycée du bâtiment de Saint-Brieuc (Vau Méno). Après quelques mois d’enseignement, il effectua son service national en Allemagne (novembre 1962-mars 1964). Libéré de ses obligations militaires, il réintègra son poste à Saint-Brieuc, qu’il occupa jusqu’en 1975. Militant du SNET favorable à la fusion SNES-SNET en 1966, il devint secrétaire de la section (S1) du SNES du lycée du Vau Méno. Membre de la commission administrative de la section départementale de la FEN de 1970 à 1975 au titre du SNES, il épaula Jean-Claude Corre, secrétaire de la FEN.

L’année scolaire 1970-1971 fut marquée par de nombreuses et importantes grèves lycéennes. A la suite de la grève illimitée des élèves du Vau Méno, le 9 mars 1971, le rectorat décida la fermeture du lycée. Suivirent celles des lycées Rabelais et Curie. Cette séquence alimenta de nombreuses pages dans la presse locale et des articles dans la presse nationale (Le Monde, Le Nouvel Observateur, l’Humanité…). La radicalité des événements provoqua un certain désarroi au sein des personnels du second degré confrontés à des situations inédites. La question lycéenne creusa les divergences entre les tendances du SNES des Côtes-du- Nord, École émancipée (EE) et Unité et Action (UA), déjà apparues dès l’après 1968. C’est dans ce contexte agité que se déroulèrent les élections départementales du SNES, pour lesquelles Jean Freyssenet (présenté par UA) était candidat au poste de secrétaire. Louis Bocquet (secrétaire départemental EE sortant) et Jean Rémond (candidat EE-RS) ne parvinrent pas à garder la direction du S2 des Côtes-du-Nord. Au congrès départemental du 20 mars 1971, les 46 représentants des S1 se répartissaient également entre Jean Rémond (23) et Jean Freyssenet (23). On dut recourir à un deuxième vote « par tête ». Jean Freyssenet fut élu secrétaire départemental du SNES en mai 1971 par 302 voix contre 297 à Jean Rémond. Au secrétariat du S2, il était épaulé par Daniel Morel (secrétaire adjoint) et Michel Gaubert (trésorier).
Jean Freyssent coordonna la bataille de l’opinion menée par le CDAL (Comité départemental d’action laïque) autour de la projection des deux films produits par le SNES, Le temps d’apprendre et Le droit d’enseigner. Lancée le 15 février 1972 à Saint-Brieuc devant 600 personnes au cinéma « Les Promenades », la campagne mobilisa 8 000 manifestants le 19 mars 1972 (manifestation la plus importante autour de l’école publique depuis 1962). Au même moment débutait la grève du Joint Français au cours de laquelle les enseignants (premier et second degrés) jouèrent un rôle important, en particulier dans la solidarité financière. Les actions de la FEN et de ses syndicats furent contestées par les minoritaires de la FEN et par le SGEN-CFDT, en particulier lors de la dernière manifestation départementale, le 4 mai à Saint-Brieuc.

Le mandat de Jean Freyssenet fut renouvelé en 1973. Danielle Pouzache intégra le secrétariat du S2. Le 3 octobre 1973 à Saint-Brieuc, plus de 1000 manifestants réclamaient l’amélioration des conditions de travail de la profession et la résorption de l’auxiliariat.

Jean Freyssenet conduisit la délégation du SNES, le 3 février 1973, lors d’une rencontre avec les dirigeants des fédérations départementales des partis politiques signataires du Programme commun de la Gauche (PCF et PS).

En 1974, l’annonce du Plan de réforme de l’Éducation nationale du ministre Fontanet suscita l’opposition des enseignants et des lycéens. En parfaite coordination, le SNES, le SNI et le SNEP lancèrent une vaste campagne d’opinion dans le département, qui rassembla près de 5000 personnes dans une soixantaine de réunions publiques. Sous l’égide du CDAL, le 23 février 1974, des « Assises départementales pour la démocratisation des enseignements » furent organisées à Saint -Brieuc avec la présence de 200 représentants de la FEN (SNES, SNI, SNEP) de la FCPE, de la FOL, des partis politiques PC, PS, PSU, des syndicats CGT, FO, des comités lycéens CAL et UNCAL, de la Ligue des droits de l’homme, ainsi que des élus locaux.

Pendant toute cette période, Jean Freyssenet, élu à la commission administrative de la section académique du SNES (S3), apporta sa contribution au travail et à l’action du S3, dont Jean-Yves Jaouen était le secrétaire et [Monique Vuaillat-> la secrétaire adjointe. En mai 1975, Jean Freyssenet, en raison d’une prochaine mutation, fut remplacé par Daniel Morel pour conduire la liste UA aux élections du S2, laquelle renforça ses positions (64,7%, plus 7%), EE-RS (21,6% en net recul) et EE-FUO (13.5%, en progression).

Jean Freyssenet quitta les Côtes-du-Nord à la rentrée 1975 pour le lycée Dhuoda à Nîmes. Un nouveau bureau s’installe alors autour de Daniel Morel (secrétaire du S2), Danielle Pouzache (secrétaire adjointe), Jean-Pierre Simard (secrétaire adjoint) et Danielle Lemoine (trésorière).

Jean Freyssenet enseigna au lycée Dhuoda à Nîmes jusqu’à sa retraite en 1997, son activité syndicale au SNES se concentrant sur l’établissement. Proche du PCF dans les années 1970, il n’adhéra cependant à aucun parti politique.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article247750, notice FREYSSENET Jean par Alain Prigent, version mise en ligne le 30 avril 2022, dernière modification le 30 avril 2022.

Par Alain Prigent

Photo publiée dans Le Télégramme et reprise dans L’US du 23 février 1972. Prise lors du lancement de la campagne d’opinion avec les deux films du Snes : “Le droit d’apprendre” et “le temps d’enseigner” au cinéma “Les Promenades” à Saint-Brieuc le 15 février 1972. On reconnait de la droite vers la gauche : Jean-Claude Corre secrétaire départemental de la FEN (en partie masqué) ; Monique Vuaillat, militante du S3 SNES Bretagne ; Jean-Yves Jaouen secrétaire académique du SNES ; Jean Freyssenet secrétaire du S2 du SNES ; Maurice Renault, secrétaire de la section SNI des Côtes-du-Nord ; au second rang des représentants de la Fédération Cornec (non identifiés) et Jean-René Louboutin, secrétaire départemental du SNEP.

SOURCES : Arch. du SNES conservées par la FSU-22. — Archives personnelles de Jean-Claude Corre. — Entretiens avec Daniel Morel et Françoise Trabut en 2008. ─ Amédée Perrot, Alain Prigent, « L’action de la FEN et de ses syndicats pendant la grève du Joint Français (1972) », FSU Côtes d’Armor, juin 2022. ─ Entretiens avec Jean Freyssenet en mars et avril 2022.

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