Par Jean-Louis Robert
Né le 11 septembre 1836 à Pau (Pyrénées-Atlantiques), mort le 4 août 1914 à Paris (XVIe arrondissement} ; ingénieur, journaliste, industriel, directeur d’hospices ; communard, puis républicain modéré, franc-maçon.
Fils d’un chantre d’église, Jules Iribe fit d’abord une carrière d’ingénieur civil dans différents départements. Pendant le siège de Paris par les Prussiens, il fut capitaine à la garde mobile. Proche de Paschal Grousset et de Clemenceau, il était membre du club positiviste de Paris (Il était alors l’amant de la comédienne Marie Magnier). Son amitié avec Grousset le conduisit à accepter de s’occuper du renversement de la colonne Vendôme. Il signa le 1er mai une convention avec la Commune. Il devait toucher 28000 Francs pour ce travail. Il en reconnaissait pleinement le caractère bien fondé du fait des graves fautes et crimes attribués à Napoléon Ier. Il prépara les plans et moyens techniques pour renverser la colonne, et embaucha Ismaël Abadie, l’entrepreneur, et des ouvriers pour abattre la colonne au moindre dégât.
Après la Commune, bien qu’aucune source ne fasse mention d’une quelconque poursuite, il se réfugia en Belgique, puis à Madrid où il anima la loge maçonnique, L’Hospitalière, et se maria.
Revenu en France, il reprit d’abord sa carrière d’ingénieur civil (en Charente où naquit son fils le dessinateur Paul Iribe). Puis à compter de 1883, il s’orienta vers une double carrière, de journaliste au Temps, où il assurait la chronique du conseil municipal de Paris où il avait des amis, et d’industriel et d’hommes d’affaires en Amérique et en Afrique. Il participa ainsi à des compagnies pour la mise en valeur de l’isthme de Panama et créa des entreprises à Madagascar où il fonda le mouvement franc-maçon au début des années 1890.
Il obtint d’ailleurs des responsabilités nationales dans la franc-maçonnerie, devenant grand chancelier du suprême conseil de France. Sur le plan politique, il suivit la ligne du Temps, se situant comme un radical modéré et patriote. Il n’aimait guère quand on lui rappelait son passé communard mais l’assumait cependant, en particulier dans une réponse qu’il adressa en 1894 à La Libre Parole qui l’avait accusé d’être un affairiste douteux.
Quittant le milieu journalistique et économique à la fin du siècle, Iribe se fit directeur d’un hospice que la Ville de Paris avait à Hendaye, puis directeur de la fondation Galignani (maison de retraite destinée aux écrivains, artistes, savants…) à Neuilly. Il mourut à son domicile, en 1914, 11 rue Chardon Lagache dans le XVIe arrondissement.
Par Jean-Louis Robert
SOURCES : État civil de Pau ; État civil Paris 16 ; rapport sur la destruction de la colonne Vendôme, Archives de Paris, VD6 1586. — L’art vivant, 1928, n°87 ; Le radical, 5 avril 1887 ; Le Droit, 10 mars 1893 ; La Fronde, 17 décembre 1898. — The New York Herald, 4 août 1914. — Texte de la convention sur la destruction de la colonne Vendôme dans Louis Fiaux, Histoire de la guerre civile de 1871 : le gouvernement et l’assemblée de Versailles, la Commune de Paris, 1871. — Léon Louis Deffoux, Pipe-en-Bois, témoin de la commune, Paris 1932.