ÉTIENNE Rose

Par Michel Dreyfus

Née le 2 août 1897 à Versailles, morte le 30 août 1974 à Paris ; fonctionnaire au ministère de la Défense nationale ; syndicaliste CGT puis FO, secrétaire permanente de la Fédération générale des fonctionnaires en 1939 ; secrétaire générale de la Fédération Force ouvrière des fonctionnaires de la Défense nationale ; secrétaire confédérale (1948-1963).

Rose Étienne
Rose Étienne

Venue très jeune au syndicalisme, Rose Étienne entra comme commis au ministère de la Guerre puis fut fonctionnaire au ministère de la Défense nationale. Membre du Bureau de la Fédération générale des Fonctionnaires CGT en 1936, elle était en 1939 secrétaire générale adjointe de cette organisation, tout en occupant aussi des responsabilités syndicales pour le personnel administratif de la Défense nationale en tant que secrétaire générale de la Fédération CGT Air/Guerre/Marine.

En 1946, lors de la création de l’union générale des Fédérations de fonctionnaires, elle reprit ses fonctions de secrétaire de la Fédération générale des Fonctionnaires puis de l’Union générale des Fédérations de fonctionnaires CGT. Sa Fédération passa à la CGT-Force ouvrière après la scission de décembre 1947. Rose Étienne s’opposa alors à ce que la nouvelle Confédération s’appuie sur un parti politique, en l’occurrence la SFIO, au motif que dans de telles conditions « nous ne pourrions plus nous faire les champions de l’indépendance syndicale ». Puis, Rose Étienne fut la première secrétaire générale de la Fédération FO des fonctionnaires de la défense nationale à la création de Force ouvrière. Elle suivit tout particulièrement les problèmes concernant les auxiliaires ainsi que les catégories C et D.

Rose Étienne entra au Bureau confédéral en 1948 et devait y rester jusqu’à sa retraite en 1963. Elle s’y occupa d’abord de l’ensemble des questions relatives à l’enseignement et à l’éducation ouvrière ainsi qu’aux questions féminines. Elle fut aussi la responsable du Centre confédéral d’éducation ouvrière dont Georges Vidalenc* devait assurer la direction, et assura également en ce domaine une liaison avec le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM). Tout en conservant la responsabilité de ces dossiers, elle eut aussi en charge à partir de 1950 les questions des sports, des loisirs et des vacances. Au sujet de ces publics « spécifiques » qu’étaient les femmes et les jeunes dans le mouvement syndical, elle faisait part, en 1954, du « danger [que] présentait pour le syndicalisme le compartimentage, les commissions de femmes, les compartiments de dames seules comme je les appelle, les commissions de jeunes. » (Compte-rendu sténographié des débats du 4e congrès confédéral, 22-25 nov. 1954, p. 168).

Durant cette décennie, FO avait conservé des liens étroits avec plusieurs associations proches du Parti socialiste, et notamment la Fédération Léo Lagrange créée en 1950 à l’initiative de Pierre Mauroy, alors dirigeant des Jeunesses socialistes. L’intervention de FO dans le tourisme social passa alors par une coopération de fait avec la Fédération Léo Lagrange, comme le montrent les Guides de cette dernière qui, publiés annuellement à partir de 1961, présentaient un répertoire de ses clubs et de ses foyers : pour chaque ville étaient fournies, entres autres informations pratiques les adresse des Unions départementales Force ouvrière ainsi d’ailleurs que celles de la FEN.
Par ailleurs, l’action de FO en direction des loisirs s’exerça également à travers le réseau militant du Parti socialiste et des municipalités : les liens remontaient à l’entre deux guerres avec la CGT confédérée. Enfin, ce fut un militant socialiste Georges Renouard, proche de Pierre Mauroy et aussi militant de Force ouvrière qui devint le premier directeur du Service vacances de Léo Lagrange avant de devenir le premier président de l’Union des centres de plein air ( UCPA) créé dans les années 1960. Un autre proche de Pierre Mauroy au début des années 1950, Jacques Guénée, futur secrétaire général de Léo Lagrange de 1977 à 1985, militait aussi à FO. Jusqu’au milieu des années 1960, l’intervention de FO dans le tourisme social s’effectua donc largement dans le cadre d’une coopération avec la Fédération Léo Lagrange. Après le départ de Rose Étienne du bureau confédéral (1963, cette intervention s’exerça peu à peu dans le cadre d’une coopération avec d’autres associations ainsi qu’à travers un rapprochement aussi surprenant que peu connu avec la CFDT : cette orientation se concrétisa par la création du Centre d’études et de coopération pour les équipements de loisirs (CECOREL) constitué en 1969.

À partir de 1956, Rose Étienne suivit également les problèmes du logement et fut notamment membre du Conseil supérieur des HLM. Elle conduisit ainsi notamment une expérience de productivité dans le Bâtiment en faisant construire des pavillons à Villemonble. Enfin, elle siégea également au Conseil économique et social de 1959 à 1962.

Quelques archives de la CISL conservées à Amsterdam (courriers, comptes rendus de réunions, rapports) attestent de sa participation active à certaines instances de la Confédération internationale et notamment au Comité consultatif mixte CISL/SPI pour les questions de la femme au travail ou Comité des femmes. En 1952, elle représenta la CISL à la Commission de la condition de la femme à l’ONU dont elle fit un compte rendu très précis. Elle futprésente aux premières réunions du Comité des femmes, elle en présida même deux sessions à Bruxelles (la 6e les 9-10 octobre 1961 et la 7e les 15-16 mai 1962) en l’absence de la présidente en titre Wilhelmine Moik. Elle fut également membre du Conseil consultatif de l’Institut international des films du travail (ILFI), créé en 1953 par la CISL et la Fédération internationale des associations des maisons du peuple. Prenant sa retraite en 1963, elle se retira de l’action internationale.

Rose Étienne mourut brusquement dans la rue d’une crise cardiaque. Ses obsèques eurent lieu le 6 septembre 1974 au cimetière de Versailles (Yvelines). Elle était Chevalier de la Légion d’honneur.

Rose Étienne était mariée et mère de deux enfants : un garçon et une fille.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24782, notice ÉTIENNE Rose par Michel Dreyfus, version mise en ligne le 1er mars 2009, dernière modification le 31 janvier 2022.

Par Michel Dreyfus

Rose Étienne
Rose Étienne

OEUVRE : La femme dans le mouvement syndical, Paris CGT/FO, sans date, 32 pages.

SOURCES : FO Hebdo, 11 septembre 1974 (n° 140) et mars 1998. — Le Monde, 6 septembre 1974. — Lettres de Pierre Tribié, président de la section des retraités de la Fédération générale des fonctionnaires FO (26 octobre 1984) ; de Robert Bothereau (10 octobre 1984) ; lettres de militants de FO. — Michel Dreyfus, « Force ouvrière et le tourisme social », Syndicats et associations. Concurrence ou complémentarité ? sous la direction de Danielle Tartakowsky et Françoise Tétard, Presses universitaires de Rennes, 2004, p. 253-262. — Karel Yon, Retour sur les rapports entre syndicalisme et politique : le cas de la CGT-FO. Eléments pour la sociologue d’un « monde de pensée », thèse de Sciences politiques, Université Paris 1, 2008, p. 185. — Notes de Jeanne Siwek-Pouydesseau et de Françoise F. Laot. — DBMOF, tome 27.

ICONOGRAPHIE : FO Hebdo, n° 40, 11 septembre 1974.

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