CHAMPAGNE Denise, Louise, Henriette née LEGRAND

Par André Delestre

Née le 7 juin 1930 à Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) ; ouvrière spécialisée polyvalente aux Fermetures Éclairs ; militante CGT et dirigeante de l’Union syndicale des travailleurs de la métallurgie (USTM-CGT) de Seine-Maritime ; communiste ; conseillère municipale (1965-1983) de Petit-Quevilly.

1971, Denise Champagne, au congrès de la FTM-CGT
1971, Denise Champagne, au congrès de la FTM-CGT

Denise Legrand fut l’aînée d’une fratrie de cinq enfants. Ses parents travaillaient à la Compagnie des Tramways de Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), lui comme wattman, elle comme receveuse jusqu’en 1941. Son père était un militant de la CGT très engagé. Prévenu par un policier, son oncle, également traminot et communiste, réussit à fuir, avant son arrestation. Après sa fuite, il fut arrêté et torturé par les allemands. En 1944, habitant la rive gauche de Rouen, la famille partit vers Pithiviers pour fuir les bombardements. Denise ne put passer le certificat d’études. En septembre 1945, revenue à Rouen, elle s’engagea dans une formation de coiffeuse, mais sans salaire.
En 1946, elle fut embauchée aux Fermetures Éclairs, usine de Petit-Quevilly comme ouvrière spécialisée au magasin des expéditions. C’est là qu’elle y rencontra André Champagne, né le 18 mars 1927 à Petit-Quevilly. Il avait intégré l’usine après avoir fait son service militaire dans l’Autriche occupée par les Alliés. Ils se marièrent en 1950 et du couple, en 1952, naquit une fille. Dans cette période de reconstruction, se loger était compliqué. C’est en 1954, que la famille s’installa à Petit-Quevilly, rue Berthou.

Les Fermetures Éclairs, créées en 1924, employa jusqu’à 1700 salariés. Il n’y avait pas de syndicat, la gestion en était très paternaliste. Denise Champagne fut partie prenante d’une grève de femmes suite à une prime accordée uniquement aux hommes. Le combat pour l’égalité et la justice fut son fil rouge qui guida son action.
En 1960, Louis Besnet, André Champagne et Jean-Pierre Ponthieux lancèrent les bases de la fondation de la CGT dans l’usine. En 1966, lors des élections de délégués du personnel, ils se présentèrent sur une liste sans étiquette. Denise Champagne y était candidate. Dans l’équipe, il y eut aussi Claude Ménard et son épouse. La liste fut entièrement élue. Légitimés par le personnel, les militants portèrent collectivement les revendications. Ils furent aidé par Emile Lefrançois, responsable des Métaux CGT.
Peu après, des contremaîtres créèrent une section FO. La direction, par notes de service, dénigra l’action syndicale de la CGT. Le chantage sur les délégués fut un autre mode de pression utilisée par la direction. Denise Champagne, devenue secrétaire générale du syndicat, fut traduite en justice pour des affiches collées dans le local syndical, mais visible de tous les salariés à chaque entrée-sortie de l’usine. Un non-lieu fut prononcé. Le syndicat reçut aussi des menaces de l’extrême droite. Malgré tout, des revendications sur le temps de travail, les repos et pauses... aboutirent. Les grèves de Mai 68, très majoritaire dans l’usine, furent un temps fort du mouvement revendicatif. Le syndicat se renforça par nombre d’adhésions et de nouveaux responsables Yves Massire, Didier Niel, Paulette Dantan... renforcèrent l’équipe. Annick Perica succéda à Denise Champagne à la responsabilité du syndicat, celle-ci prenant en charge la trésorerie du comité d’établissement.
En novembre 1966, Denise Champagne était membre de la commission exécutive de la Fédération CGT des Métaux.
En 1985, lors des combats pour sauver l’entreprise et les emplois, elle fut mise en pré-retraite, dans le cadre d’un contrat de solidarité. Elle encouragea et soutint les luttes de reclassement qui accompagnèrent la liquidation de l’usine.
Denise Champagne fut une dirigeante de l’Union syndicale des travailleurs de la métallurgie (USTM-CGT) en Seine-Maritime, avec Serge Laloyer et Jean-Jacques Eude. Les 29 et 30 mars 1968, elle anima la conférence nationale de la FTM-CGT sur Femme travailleuse, à part entière. Elle participa au 27e congrès de Fédération des travailleurs de la métallurgie de Grenoble en février 1971. Elle fut membre d’une délégation de métallurgistes CGT qui rencontra, à Potsdam (République Démocratique d’Allemagne) des syndicalistes de la FDGB, confédération des syndicats libres.
En 1972, elle rejoignit le PCF, dans une cellule des Fermetures qui venait de se créer, mais en garda un souvenir de confusion avec l’organisation syndicale. Elle fut élue au conseil municipal de Petit-Quevilly de 1965 à 1983, ayant travaillé avec les maires communistes successifs, Martial Spinneweber et Henri Levillain. Elle témoigna "de ses difficultés à aller jusqu’au bout des réunions, tard le soir, alors qu’il fallait se lever à 6h pour travailler à l’usine". Elle resta très attentive à la vie politique sur Petit-Quevilly.
Elle eut une sœur, Claudette Chantouin, qui travailla aux Fermetures Éclairs et fut militante de la CGT.
André, son époux, décéda le 22 mars 2012 à Petit-Quevilly.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article247855, notice CHAMPAGNE Denise, Louise, Henriette née LEGRAND par André Delestre, version mise en ligne le 3 mai 2022, dernière modification le 26 mai 2022.

Par André Delestre

1971, Denise Champagne, au congrès de la FTM-CGT
1971, Denise Champagne, au congrès de la FTM-CGT
1982, au centre, lors d'un rassemblement devant l'usine des Fermetures Éclairs
1982, au centre, lors d’un rassemblement devant l’usine des Fermetures Éclairs
1975, congrès de l'USTM-CGT de Seine-Maritime
1975, congrès de l’USTM-CGT de Seine-Maritime
1968, Denise Champagne, au micro de la présidence
1968, Denise Champagne, au micro de la présidence

SOURCES : IHS CGT de Seine-Maritime, spécial Fil rouge sur les Fermetures Éclairs — Archives municipales .— entretien avec l’auteur. — Archives privées .

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