CHERRIER Roger, Jean

Par Alain Dalançon

Né le 3 mars 1928 à Bourges (Cher), mort le 5 janvier 2009 à Bourges ; instituteur, directeur d’école ; militant syndicaliste du SNI, militant communiste dans le Cher.

Roger Cherrier naquit dans une famille prolétarienne communiste où s’éveilla sa conscience politique, entre « l’activisme rouge des hommes et la ténacité quotidienne des femmes » (selon Robert Merle, préfacier de son témoignage autobiographique posthume). Son oncle Marcel Cherrier, ouvrier aux établissements militaires de Bourges, était un militant syndicaliste de la CGTU puis de la CGT, dirigeant communiste départemental, futur chef de la résistance FTP et député communiste du Cher (1946-1958). Son père, René Cherrier, frère cadet du précédent, ajusteur aux mêmes établissements militaires, militait également à la CGTU puis à la CGT, fut le premier élu communiste du conseil d’arrondissement en 1937, et devint après la guerre conseiller de la République (1946-1948). Sa mère, née Solange Rocher, coiffeuse, était également communiste. Le couple ne fit pas baptiser ses enfants dont Roger Cherrier était l’aîné. Son frère cadet, Robert, né en 1936, et sa sœur Gisèle, née en 1946, employés à l’EDF, militèrent également au PCF et à la CGT.

Quand la guerre éclata, Roger Cherrier entra en 6e au lycée Alain-Fournier de Bourges, où il devait accomplir toute sa scolarité secondaire jusqu’en 1947.

À son retour du front en Alsace en 1940, son père, révoqué de son emploi d’ouvrier d’État, membre du bureau fédéral du Parti communiste clandestin, fut arrêté et interné, d’abord par la police vichyste, le 17 février 1941, puis à nouveau, le 22 juin 1941, par les Allemands. Transféré au camp de Compiègne, il partit en déportation en 1943 au camp de Sachsenhausen-Oranienburg, dont il ne revint qu’en mai 1945. Roger Cherrier aida donc sa mère à transmettre des documents dans le cadre du Front national naissant : il fut arrêté avec elle le 10 avril 1942, lors d’une perquisition par la 5e brigade de police d’Orléans. Sa tante, Lucienne Cherrier, arrêtée le même jour, fut torturée et déportée à Ravensbrück. Sa mère resta internée à Paris jusqu’en août 1944, de sorte qu’il vécut avec sa grand-mère et son jeune frère.

Alors que son oncle, Marcel Cherrier, commandant « Abel », véritable « Robin-des-bois » de la Résistance à ses yeux, président du comité clandestin de Libération du Cher, était secrétaire général de la fédération communiste, Roger Cherrier adhéra le 6 septembre 1944 aux Jeunesses communistes puis en avril 1945 au PCF et à l’Union de la Jeunesse républicaine de France dont il fut membre du secrétariat fédéral de 1946 à 1948. Il participa à l’école nationale des étudiants communistes à Villejuif (juillet 1946). En 1947, il fut aussi co-président du Front laïque antifasciste avec Roger Fajardie, secrétaire des jeunesses socialistes SFIO.

Toujours élève au lycée de Bourges, il eut Guy Besse comme professeur de philosophie en 1947. Bachelier, il fut successivement instituteur remplaçant à Argent-sur-Sauldre (1947), puis surveillant au collège moderne de Bourges (1948). À son retour du service militaire en 1948-1949 comme maréchal des logis, il travailla comme instituteur remplaçant à Vierzon, Rosières, Ineuil, Épineuil-le-Fleurie, Saint-Saturnin, Asnières-les-Bourges. Il se maria à Bourges, le 8 avril 1950, avec Christiane Barrault, coiffeuse, militante communiste, fille d’un gardien d’usine et d’une employée, résistants. Le couple eut une fille, Pascale, devenue professeure de lettres au lycée Jacques Coeur à Bourges, militante du SNES.

Titularisé en 1955 à Saint-Léger-le-Petit, il enseigna à l’école de Bourges-Aéroport (1958-1972) puis à l’école annexe (1972-1977) comme maître-formateur, avant de devenir directeur de l’école d’application de Bourges où il resta jusqu’à sa retraite en 1985.

Roger Cherrier adhéra au Syndicat national des instituteurs en 1950 et devint membre du conseil syndical de la section départementale à la fin des années 1960, militant dans le courant dénommé « Unité et Action » à la fin de la décennie. Il siégea à la commission administrative paritaire départementale et au comité technique paritaire du début des années 1960 à sa retraite.

Secrétaire de sa cellule communiste à Bourges en 1953, membre du comité de la section de la ville, deux ans plus tard, il était le secrétaire de la cellule de Saint-Léger-le-Petit puis, l’année suivante, secrétaire de la section communiste de Jouet-sur-l’Aubois. À Bourges, en 1957, il devint secrétaire d’une cellule et membre du comité de section. Il participait à la rédaction des pages locales de l’hebdomadaire communiste, tout en étant CDH de 1958 au début des années 1980.

Roger Cherrier entra à la commission de contrôle financier de la fédération communiste du Cher en 1955 et au comité fédéral en 1964. Responsable à l’éducation de 1967 à 1972, il fut proposé pour l’école centrale d’un mois en 1969 mais n’y participa pas. Il partageait certaines analyses de Robert Chaton lors des réunions du comité fédéral. Après la conférence fédérale de 1970, Guy Besse indiquait dans son rapport, qu’il avait fait une intervention « sérieuse sur la situation de l’enseignement ». Il demeura au comité fédéral jusqu’en 1972, le quittant pour « raisons de santé ». Il cessa d’adhérer au PCF en 1999, n’admettant pas « l’abandon sans débat du marxisme ». Mais « je reste communiste et assiste aux manifestations et réunions » affirmait-il en 2006.

Retraité, il participa en 1993 à la création du SNUipp et de la Fédération syndicale unitaire.
Il militait toujours dans l’association France-URSS jusqu’à sa dissolution en 1992 puis à France-Russie et dans l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance.
Roger Cherrier réunissait aussi des documents sur le mouvement ouvrier dans le Cher depuis le milieu du XIXe siècle. La mort l’empêcha de mettre au point définitivement une étude sur la Seconde république dans le département en trois forts cahiers, Vive la République démocratique et sociale, déposés aux Archives départementales. Il avait rassemblé en outre un ensemble de documents et de textes sur la déportation et sa jeunesse, qui lui servit à écrire un témoignage autobiographique préfacé par Robert Merle, publié en 2011, après sa mort, par sa fille, sous le titre Passé recomposé.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article247914, notice CHERRIER Roger, Jean par Alain Dalançon, version mise en ligne le 6 mai 2022, dernière modification le 7 mai 2022.

Par Alain Dalançon

ŒUVRE : Passé recomposé, préface de Robert Merle, éditions de l’Ours blanc, 2011, 140 p.

SOURCES : Arch. Comité national du PCF. — Renseignements fournis par l’intéressé et dans son livre autobiographique. — Site Association 1851, pour la mémoire des Résistances républicaines. — Notes de Jacques Girault.

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