FUCHS Édouard

Par Léon Strauss

Né le 11 février 1896 à Mulhouse (Haute-Alsace, Alsace-Lorraine annexée), mort le 2 janvier 1992 à Riedisheim (Haut-Rhin) ; employé de bureau, puis comptable, puis permanent associatif, syndical et politique ; militant d’Action catholique, de la CFTC (UGB), de l’UPR, du MRP, secrétaire des syndicats chrétiens du Haut-Rhin ; député du Haut-Rhin (1936-1942), conseiller général du Haut-Rhin (1945-1951) ; président de la Caisse primaire de Sécurité sociale de Mulhouse et vice-président de la Caisse d’allocations familiales du Haut-Rhin au titre de la CFTC.

[Assemblée nationale, Notices et portraits, 1936]

Édouard Fuchs, cinquième enfant d’Émile Fuchs, tourneur sur métaux, responsable d’une coopérative de consommation, collaborateur bénévole de la Caisse mutuelle de dépôts et de prêts de la paroisse Saint-Étienne, et de Joséphine, Eugénie Dattler, fréquenta l’école des Frères de Mulhouse de six à quatorze ans, avant d’entreprendre son apprentissage dans l’usine textile Kuhlmann de Mulhouse qu’il compléta par des cours du soir de comptabilité, de secrétariat et de français. Il participa aux activités du Cercle d’études sociales fondé pour la formation d’une élite populaire catholique par l’abbé Xavier Haegy. En 1914, il était employé de bureau dans une banque de Mulhouse.

Mobilisé dans l’armée allemande le 21 septembre 1914, il fit campagne sur le front roumain en 1916-1917. Il déserta le 1er septembre 1917 et fut détenu jusqu’au début de 1918 dans divers camps en Roumanie et en Russie. Rapatrié en France par Mourmansk, l’Angleterre et Le Havre, il fut d’abord interné au camp de Saint-Rambert (Loire), puis s’engagea dans l’armée française le 22 avril 1918. Comme beaucoup de volontaires alsaciens-lorrains, il fut affecté en Afrique du Nord, où il servit dans la musique d’un régiment de zouaves. Démobilisé à Mulhouse en mars 1919, il entra dans l’administration des Contributions indirectes, puis occupa des fonctions de comptable dans diverses entreprises privées. Il épousa le 6 octobre 1921 Alice, Émilie Wassner, employée de bureau, fille d’un ajusteur. Le couple eut quatre enfants.

En 1920, Édouard Fuchs avait suivi le cours chrétien-social de vacances de Strasbourg-Koenigshoffen, organisé sur le modèle des cours du Volksverein catholique allemand de München-Gladbach pour former des militants syndicaux et politiques. En 1926, il commença une carrière de permanent des mouvements catholiques en devenant secrétaire départemental de la Ligue des catholiques d’Alsace pour le Haut-Rhin. Il aurait aussi été, à une date indéterminée, secrétaire départemental de l’UGB (syndicats chrétiens adhérant à la CFTC) du Haut-Rhin. De 1930 à 1936, il fut secrétaire départemental de l’UPR (Union populaire républicaine, le parti catholique régionaliste alsacien). Candidat de ce parti aux élections législatives de 1932 à Mulhouse-Ville, il se retira au second tour au profit de l’industriel démocrate (droite classique) Wallach, qui put ainsi vaincre la socialiste sortant Salomon Grumbach*. Il se présenta en 1936 à Mulhouse-Campagne et fut élu au second tour par 14 007 voix contre 8 317 au SFIO Alexandre Eisenring*.

Inscrit au groupe des Indépendants d’action populaire, constitué par les députés autonomistes et régionalistes alsaciens et mosellans, il déposa des propositions de loi sur la défense de la famille et le statut du port autonome de Strasbourg, et intervint fréquemment à la tribune sur la fiscalité, la politique familiale et les questions spécifiques aux trois départements recouvrés. En septembre 1939, il suivit ses électeurs évacués à Agen (Lot-et-Garonne). Le 10 juillet 1940, à Vichy, il vota les pouvoirs constituants à Pétain. Il expliqua en 1945 ce vote dans une lettre à René Cassin* : « Il m’importait […] de ne pas paraître à Vichy comme protestataire autonomiste ou partisan d’une opposition antifrançaise ».

Revenu à Mulhouse annexée et nazifiée en septembre 1940, il travailla comme comptable à la Société alsacienne de constructions mécaniques. Le 4 janvier 1943, ses sentiments patriotiques français valurent à la famille Fuchs d’être « transplantée » dans le vieux Reich. Édouard Fuchs, son épouse et ses enfants furent internés au camp de triage pour les Volksdeutsche dont l’appartenance allemande n’était pas encore très claire (SS-Umsiedlungslager, SS Abfertigungslager ou SS Durchgangslager) de Schelklingen (Wurtemberg). Libéré en mars, il travailla comme employé à Laufenburg, fut à nouveau interné au camp de Saeckingen d’août à décembre 1944 et reprit son emploi à Laufenburg jusqu’à son rapatriement par l’armée française en mai 1945.

Devenu gérant et éditorialiste de la revue L’Alsace illustrée (1945-1960), membre du Comité départemental de Libération du Haut-Rhin, il fut relevé de l’inéligibilité par le jury d’honneur le 6 septembre 1945 et adhéra au MRP. Élu conseiller général de Habsheim en septembre 1945, il abandonna ce mandat en 1951. En août 1945, il publia dans Le Nouveau Rhin français de Colmar des articles où il défendait l’idée d’une « Europe pacifique, sociale et chrétienne » à laquelle il faudrait associer les Allemands. Le 3 novembre 1945, il présenta au conseil général un vœu en faveur du bilinguisme français-allemand dans l’administration en Alsace et en Moselle. Président de l’Association de l’école des Frères de Mulhouse, président du conseil de fabrique de la paroisse du Sacré-Cœur, Édouard Fuchs fut désigné par la CFTC pour présider la caisse primaire de Sécurité sociale de Mulhouse. Il fut également vice-président de la Caisse des allocations familiales du Haut-Rhin. Il fut fait chevalier de la Légion d’honneur en 1958.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24807, notice FUCHS Édouard par Léon Strauss, version mise en ligne le 3 mars 2009, dernière modification le 2 juillet 2009.

Par Léon Strauss

[Assemblée nationale, Notices et portraits, 1936]

SOURCES : Dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, t. 5, Paris, 1968. — François G. Dreyfus, La vie politique en Alsace 1919-1936, Paris, 1969. — Patrick Schaeffer, L’Alsace et l’Allemagne de 1945 à 1949, Metz, 1976. — Christian Baechler, Le parti catholique alsacien 1890-1939, Paris, 1982. — Olivier Wieviorka, Les Orphelins de la République. Destinées des députés et sénateurs français (1940-1945), Paris, 1981. — Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, n° 12, Strasbourg, 1988 (notice par Christian Baechler). — Dictionnaire des parlementaires français 1940-1958, t. 4, Paris, 2001. — Marie-Joseph Bopp, Ma ville à l’heure nazie, Strasbourg, 2004.

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