FEIX Léon, Jean

Par Claude Pennetier

Né le 10 janvier 1908 à Forgès (Corrèze), mort le 28 avril 1974 à Fort-de-France (Martinique) ; instituteur (1928-1932), directeur de coopérative agricole (1932-1935) puis permanent communiste ; secrétaire et homme de confiance d’André Marty, membre du comité central (1947-1974) et du bureau politique (1954-1961) du PCF ; conseiller du l’Union française (1950-1958), député d’Argenteuil (1962-1974).

[Assemblée nationale, Notices et portraits]

Fils d’un petit paysan-maçon migrant corrézien, orphelin à l’âge de onze ans, Léon Feix fut encouragé par un oncle à devenir instituteur, fut reçu à l’École normale de Tulle en 1925 et en sortit en 1928.

Sympathisant depuis 1925, Léon Feix avait adhéré au Parti communiste en 1931 dans un département, la Corrèze, de forte implantation paysanne. Aussi, en 1932, prit-il la direction d’une coopérative agricole, d’influence communiste, qui négociait les grains et les engrais. Il laissa ce poste pour occuper en 1936 celui de secrétaire de la faible région communiste du Lot. Elle comptait, en 1939, 750 adhérents, 55 cellules locales et une cellule d’entreprise, le tout regroupé en six sections.

Mobilisé en septembre 1939 comme lieutenant de réserve, il fut quelques mois plus tard renvoyé dans ses foyers. Traduit en mai 1940 devant le tribunal militaire de Toulouse pour propagande communiste et condamné à trois ans de prison, il s’échappa à la faveur de l’exode mais connut à nouveau l’arrestation en octobre 1940. Il fut interné en France à Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn), puis à Sisteron, où, selon le témoignage de Roger Codou, rapporté par Philippe Robrieux*, il fit preuve de courage physique face aux gardes Il fut déporté en Algérie au printemps 1941 et s’évada du camp de Bossuet en novembre 1942 pour participer aux combats des communistes d’Algérie.

Léon Feix travailla pendant plusieurs mois à Alger auprès d’André Marty puis fut son secrétaire à Paris et un intime du couple André et Raymonde Marty. En 1945, il fut nommé à la direction des « cadres », à côté de Jean Chaumeil et de Georges Beyer, en conservant toujours un lien fort avec Marty qui avait le contrôle politique du service. « Je ne suis resté là seulement 3 ou 4 mois, un jour n’approuvant pas les méthodes de travail de cette section des cadres on m’a mis ailleurs » (intervention au comité central du 4 septembre 1952 à Montreuil). Il devint alors membre du bureau de la fédération de la Seine, journaliste et administrateur du journal L’Algérien en France ; il eut la responsabilité de la section coloniale du PCF, toujours sous le contrôle politique de Marty. Le XIe congrès, réuni à Strasbourg du 25 au 28 juin 1947, l’élut membre suppléant du comité central ; le XIIe congrès (Gennevilliers, 2-6 avril 1950) le titularisa et le XIIIe congrès (Ivry, 3-7 avril 1954) vit son entrée comme suppléant au bureau politique. Au moment de l’« Affaire Marty », Léon Feix fut un des accusateurs, en particulier au comité central du 4 septembre 1952. Cette attitude lui valut la confiance constante de Maurice Thorez. Membre titulaire du bureau politique en 1956, Feix le quitta en 1961, mais resta membre du comité central jusqu’à sa mort. Il fut le responsable politique de la section des cadres de 1954 au milieu des années 1960.

Conseiller de l’Union française de 1950 à 1958, il anima l’action du parti contre la guerre d’Indochine et contre la guerre d’Algérie. En 1952, le gouvernement déposa contre lui une demande d’autorisation de poursuites pour sanctionner ses prises de position sur l’Indochine. La commission parlementaire habilitée refusa la levée de l’immunité. En décembre de la même année, Léon Feix fut battu à l’élection législative partielle du 1er secteur de Paris (Ve, VIe, VIIe, XIIIe, XIVe, XVe arr.) avec 63 323 voix au premier tour et 72 518 au second, sur 490 848 inscrits.

Léon Feix suivit les problèmes d’outre-mer et particulièrement la création du Parti communiste réunionnais. Il fut d’ailleurs présent au congrès des 17-18 mai 1959 au Port (Eugène Rousse, Combat des Réunionnais pour la liberté, III, p. 129-134, photo p. 140).

Le 18 novembre 1962, Léon Feix reconquit le siège de député de la 1re circonscription de Seine-et-Oise (Argenteuil-Bezons) perdu en 1958 par Mathilde Peri, et jadis terre d’élection de Marty. Il fut réélu dans la même circonscription, devenue la troisième du Val-d’Oise, les 5 mars 1967 et 23 juin 1968. Vice-président du groupe communiste, il avait été porté à la vice-présidence de l’Assemblée nationale le 3 avril 1973. Il signa de nombreux projets de loi et fut en particulier l’un des auteurs du projet communiste « pour un statut démocratique aux travailleurs immigrés ».

La mort le surprit brusquement (crise cardiaque), dans la nuit du 27 au 28 avril 1974, en Martinique, où il était venu soutenir la campagne en faveur de François Mitterrand*, candidat commun de la gauche à l’élection présidentielle. Il s’était marié le 23 juillet 1953 avec Viviane Halimi et était père d’un fils. Viviane Feix fut une active militante communiste chez Renault, comme rédactrice en chef de l’Écho métallos. Employée au CE, elle fut responsable de sa revue et de son programme d’alphabétisation. Elle siégea au comité fédéral communiste des Hauts-de-Seine de 1964 à 1970.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24808, notice FEIX Léon, Jean par Claude Pennetier, version mise en ligne le 3 mars 2009, dernière modification le 12 juillet 2022.

Par Claude Pennetier

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SOURCES : Fonds Léon Feix, Arch. dép. de Seine-Saint-Denis (334 J), inventaire en ligne. — Arch. PPo. 88. — Arch. du Parti communiste, dossier « Affaire Marty » ; Feix n’a pas de biographie à la commission des cadres. — Le Monde, 23 décembre 1952 et 30 avril 1974. — L’Humanité, 29 avril 1974. — Renaissance du Val-d’Oise, mai 1974. — Who’s who, 1973-1974. — Jean-Pierre Hoss, Communes en banlieue : Argenteuil et Bezons, FNSP, 1969. — Philippe Robrieux, Histoire intérieure du Parti communiste, t. IV, op. cit., 1984. — Notice DBMOF par Jean Maitron et Claude Pennetier. — Paul Boulland, Acteurs et pratiques de l’encadrement communiste à travers l’exemple des fédérations PCF de banlieue parisienne (1944-1974), thèse de doctorat d’histoire, Paris 1, 2011.

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