EYMES René, Edmond

Par Jacques Girault

Né le 30 décembre 1898 à Toulon (Var) ; ouvrier à l’Arsenal maritime de Toulon ; syndicaliste et militant communiste ; secrétaire départemental du Secours rouge international, puis du Secours populaire (1936-1939).

Fils d’un commerçant en vins originaire de La Crau (Var), Edmond Eymes travailla aux Forges et Chantiers de la Méditerranée à La Seyne (Var), de 1912 à 1915. Il effectua son service militaire dans l’infanterie, du 10 avril 1918 au 10 avril 1921. Ouvrier à la Société provençale, il passa des essais de charpentier tôlier en 1923 et fut admis le 5 décembre 1923 à l’Arsenal maritime (direction des constructions navales, atelier des constructions neuves). Il habitait le quartier des Routes et se maria à Toulon en juillet 1935.

Membre des Jeunesses communistes, René Eymes participa dans son quartier à la campagne contre la guerre du Maroc. Syndiqué à la CGTU, il était secrétaire adjoint du syndicat au début de 1925. Candidat aux élections municipales sur la liste du « Bloc ouvrier et paysan » il obtint, le 3 mai, 680 voix sur 21 843 inscrits.

Membre de la cellule n° 1 en 1926, il fut longtemps un des soutiens de Viort* et aurait fait partie, selon la police, du comité chargé du travail « anti ». Toujours secrétaire adjoint du syndicat, membre de la commission syndicale chargée de suivre les questions concernant les ouvriers auxiliaires, il était secrétaire d’une cellule communiste de Toulon avant de devenir secrétaire du rayon du Var en avril 1927. Dès lors, il fut au cœur de l’activité communiste dans la ville et, à l’automne 1927, selon la police, un des responsables de la « troïka », chargée du travail clandestin. À la fin de 1928, il se serait démis de la responsabilité au secrétariat du rayon pour « convenances personnelles ». Pourtant, tout au long de l’année 1929, il était mentionné par la plupart des rapports comme secrétaire du rayon. Pendant la campagne électorale de 1928, il était le secrétaire général du Comité central électoral de Toulon et le secrétaire du comité du quartier des Routes. Aussi, intervint-il dans la première et dans la deuxième circonscription électorale. Inscrit au Carnet B, il animait aussi la section des Amis de l’Union soviétique.

Au début des années 1930, René Eymes, toujours actif militant syndical, était le secrétaire adjoint de la section toulonnaise du Secours ouvrier international et avait des responsabilités au Secours rouge international. À ce titre, il intervint dans le meeting du 2 décembre 1933 organisé par le Comité de défense des accusés de l’incendie du Reichstag. Il figurait aussi dans diverses réunions dans le département.
Au début de 1935, Eymes présida quelques réunions communes CGT-CGTU pour la défense des intérêts corporatifs des ouvriers de l’Arsenal et, le 28 février 1935, devenait membre du conseil d’administration de la Bourse du Travail de Toulon.
René Eymes développait des idées originales. À la fin de 1933, il était en désaccord avec Bartolini qui voulait faire de la défense des Allemands poursuivis, une campagne exclusivement communiste. De même, lors de l’élection municipale partielle à l’automne 1934, il se prononça pour une liste commune avec la SFIO et son point de vue fut mis en minorité. Membre du bureau du rayon communiste de Toulon, il devint secrétaire départemental du SOI dans le courant de l’année 1935.

Candidat aux élections municipales générales, il obtint, le 5 mai 1935, 2 565 voix sur 29 381 inscrits.
Membre du conseil d’administration du syndicat CGTU, René Eymes fit partie du conseil d’administration du syndicat réunifié en novembre 1935. Il devint trésorier adjoint du rayon communiste du Var à la fin de l’année. Lors du premier congrès départemental du SRI, le 9 février 1936, il devint secrétaire départemental et conserva cette responsabilité quand l’organisation se transforma en Secours populaire français. À ce titre, il fut au cœur de la solidarité avec les réfugiés espagnols et accomplit plusieurs tournées dans le Var.

Après la grève du 30 novembre 1938, Eymes fut révoqué de l’Arsenal le 13 février 1939. Réadmis à l’atelier des forges par décision ministérielle du 8 avril 1939, il réintégra l’Arsenal le 24 avril 1939.
Mobilisé au début de la guerre, il fut fait prisonnier et le demeura jusqu’en 1941. Congédié de l’Arsenal le 20 août 1941, il fut arrêté, le 16 septembre 1941 et interné au centre de séjour surveillé de Saint-Paul d’Eyjeaux (Haute-Vienne), le 9 septembre 1941 au centre de Nexon, selon d’autres sources. Il y était toujours signalé en juillet 1943. Fut-il libéré ? S’évada-t-il ? Fut-il transféré à Eysses ? Dans son dossier individuel, figure une attestation d’appartenance aux FTPF du Lot-et-Garonne et au bataillon FFI d’Eysses du 9 décembre 1943 au 23 décembre 1943, date à laquelle il fut transféré à la citadelle de Sisteron (Basses-Alpes) d’où il s’évada le 8 juin 1944. Il rejoignit les maquis FTPF et fut attaché à l’état-major du département de la Drôme comme sous-lieutenant. Le 29 août 1944, il fut désigné au Comité départemental de Libération de la Drôme, en fut le vice-président et y siégea jusqu’au 21 septembre 1944, date à laquelle il dut regagner Toulon. Réintégré à l’Arsenal maritime le 29 novembre 1944, avec redressement financier à compter d’août 1941, comme ouvrier réglementé, il était ouvrier charpentier dans l’atelier du “matériel d’artillerie“ de l’arsenal au début des années 1950. Membre de la cellule communiste du quartier des Routes, il était aussi membre du comité de la section communiste Gabriel Péri. Il militait activement à la FNDIRP et au syndicat CGT (comme membre du bureau de l’Union départementale). À la suite d’une prise de parole au restaurant coopératif, le 21 novembre 1947, pour consulter le personnel en vue d’une grève, il subit quinze jours de réduction d’un échelon de salaire. Après le débrayage du 18 octobre 1950, il subit une peine analogue. Secrétaire départemental du Secours populaire, il fut, en 1948, membre du comité directeur provisoire des « Combattants de la liberté » et plus tard du comité de défense d’Henri Martin.

Le 1er juillet 1958 Eymes fut admis à la retraite.
Le 26 avril 1953, René Eymes figurait sur la liste « d’union ouvrière et démocratique… » aux élections municipales présentée par le Parti communiste. Pour les élections municipales de mai 1955, il faisait partie avec Eymes Louis retraité, du comité électoral qui soutenait la liste communiste dans le quartier des Routes.
René Eymes était marié et père de deux enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24828, notice EYMES René, Edmond par Jacques Girault, version mise en ligne le 4 mars 2009, dernière modification le 9 février 2017.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat. F7/13021, 13107, 13123, 13163, 13164, 15371. — Arch. Dép. Var, 2 M 7.30.3, 2 M 7.35.4, 4 M 46, 4 M 47, 4 M 48, 4 M 49.4.3, 4 M 55.2, 4 M 59.2, 4 M 59.4.2, 4 M 59.4.3, 4 M 59.4.4, 7 M 12.2, 16 M 19.5, 3 Z 2.10, 3 Z 2.23, 3 Z 4 29. — Arch. Troisième Région mar., dossier individuel. — Presse locale. — Sources orales. — Renseignements transmis par Ch. Monier et J.-M. Guillon.

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