LE MIGNOT Marcel, Henri

Par Jacques DEFORTESCU

Né le 2 aout 1934 au Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), mort le 1er juin 1996 à Harfleur (Seine-Maritime) ; ouvrier serrurier ; syndicaliste CGT et militant communiste ; maire de Gonfreville l’Orcher (Seine-Maritime) de 1978 à 1995.

Marcel Le Mignot devant la CCI du Havre en 1992. A sa droite Jacques Eberhard et Daniel Colliard (DR)

Marcel Le Mignot était le fils de Roger, Emile Le Mignot peintre en bâtiment, né en 1904 au Havre, décédé de la tuberculose, le 28 avril 1952 à Gonfreville-l’Orcher, et de Henriette Céline Lethuillier, née en 1908 au Havre, morte le 26 novembre 1976 à l’hôpital général du Havre. Du premier mariage de son père étaient nés deux demis frères, Roger et Jean. Une demie sœur, Andrée, était également née du premier mariage de sa mère. Marcel Le Mignot vit très vite la famille s’agrandir puisqu’il eut sept frères et sœurs. Un premier frère, né en 1936, mourut trois mois après sa naissance, puis Renée naquit au Havre en 1937, suivi par Bernard en 1942, puis Alice en 1944 et Eliane en 1946, Claude en 1947, tous à Noyon dans l’Oise, et enfin Henri, né en 1949 et décédé à Gonfreville l’Orcher.

Les parents de Marcel Le Mignot parlaient souvent politique à la maison. Proches du PCF, ils habitaient rue Jules Masurier au Havre. Pendant la guerre, un bombardement mis le feu à l’immeuble dans lequel habitait la famille. Ils se réfugièrent alors dans un petit village, nommé Margny-aux-Cerises à 14 km de Noyon dans l’Oise. Après-guerre, vers 1948, toute la famille fut relogée dans une cité provisoire de Gonfreville-l’Orcher, la cité Marcel Gondoin. Rappelons qu’à partir de l’été 1947, après le départ des troupes américaines qui étaient logés dans « les camps cigarettes », sans concertation avec la municipalité de Gonfreville-l’Orcher furent créées trois cités d’habitations provisoires, la cité de l’hôpital, la cité Marcel Gondoin, la cité Arthur Fleury. Il y avait alors 570 constructions provisoires, 25 baraquements, la ville de Gonfreville passant de 446 habitants à plus de 8 000 habitants.

En 1950, Marcel Le Mignot passa un CAP de serrurier en apprentissage à la serrurerie Bailleul Frères au Havre, rue Anatole France. En aout 1954, il fut appelé à l’armée, mais fut ajourné du fait de son statut de soutien de famille. Cette décision fut de courte durée puisqu’il fut de nouveau appelé le 20 septembre 1955. Il fut alors affecté au 4e RTM comme « radio » et fut affecté en Allemagne, le 6 juillet 1956. Il partit ensuite de Marseille en novembre 1957 pour Oran (Algérie). Il quitta l’Algérie le 10 octobre 1958 et fut libéré le 10 novembre 1958. Marcel Le Mignot réintégra alors l’établissement Technisol, rue Paul Doumer, à Harfleur, où il manipula de l’amiante en fabriquant notamment des « coques » pour l’isolation des tuyauteries et des fours pour les nombreux sites pétrochimiques de la région havraise. Il terminera chef d’équipe. Dans l’entreprise, il devint très vite secrétaire du syndicat CGT, secrétaire du CHSCT et membre du comité d’entreprise.

À partir de 1949, Marcel Le Mignot fut membre du PCF. Il affectionnait tout particulièrement sa tournée de vente de l’Humanité Dimanche, dans son quartier et notamment dans la rue qui porte désormais son nom, jusqu’à Rogerville (Seine-Maritime). Dès 1959, Jacques Eberhard lui proposa d’intégrer la liste des candidats aux élections municipales ; il y figura jusqu’à son décès. Élu en 1959, Marcel Le Mignot, devint adjoint aux travaux en 1971. En 1973, il endossa le rôle de premier adjoint, succédant à Roger Vieublé qui dut cesser ses fonctions pour cause de maladie. Marcel Le Mignot quitta alors son emploi pour devenir permanent à la maire et seconder Jacques Eberhard, appelé à d’autres fonctions électives, comme député européen, sénateur, etc… Le Mignot fut élu maire de Gonfreville-l’Orcher le 20 mai 1978, jusqu’en 1995.

La commune de Gonfreville-l’Orcher était la ville du département de Seine-Maritime où la population était la plus démunie financièrement. Le rôle social de la municipalité conduite par Marcel Le Mignot, qui succéda à Jacques Eberhard fut donc important. Pendant 18 ans de mandat, la municipalité de Marcel Lemignot s’attacha toujours à ne pas assister la population, mais au contraire à mettre à disposition des équipements ou des services à des coûts accessibles pour tous et toutes. La population avait en effet le revenu par habitant le plus faible du département.

Pour contrer une situation Isolée dans la banlieue havraise, un des premiers combats de Marcel Le Mignot fut d’obtenir la liaison des trois quartiers de Gonfreville-l’Orcher, séparés par la traversée de la RN15, Mayville, Gournay-en-Caux et le centre-ville. Au bout de plusieurs mois d’action, un échangeur fut construit, permettant un premier aménagement de la ZAC du camp Dolent et la création d’un centre commercial.
Puis vint la construction de la salle de sport de Gournay-en-Caux, le centre de loisirs René Cance, l’espace culturel de la Pointe de Caux, les courts de tennis couverts Claude-Leroyer, l’aménagement et la rénovation du centre-ville, la signature en 1993 de l’acte de jumelage avec J’Réfia, en république démocratique Sahraouis, et en septembre 1994 l’inauguration des locaux réhabilités de l’Union locale CGT.

Après avoir cédé son siège à Jean-Paul Lecoq, il resta encore quelques temps conseiller municipal, jusqu’à son décès, le 1er juin 1996, victime de l’amiante.

Marcel Le Mignot s’était marié le 21 février 1959 avec Odette Delaunay, née le 20 mai 1937. De cette union naquirent quatre enfants : Gilles en 1960 (décédé à l’âge d’un mois), Patricia, née le 6 mai 1961 ; Guy, né le 6 décembre 1962 ; Didier né le 14 novembre 1963. Odette Le Mignot fut également militante. Factrice, elle fut embauchée comme sténo-dactylo à la ville de Gonfreville-l’Orcher. Elle arrêta de travailler pour élever ses enfants, mais quand Marcel Le Mignot devint permanent, la baisse de ressources de la famille l’obligea à demander sa réintégration comme employée municipale. Elle travailla alors dans les cantines scolaires, puis comme aide de cuisine à la résidence pour personnes âgées de Gonfreville-l’Orcher. Militante de l’UJRF dès 1954, elle fut adhérente au PCF. Syndiquée à la CGT elle fut responsable des retraités CGT des communaux de Gonfreville l’Orcher. Elle décéda le 7 avril 2020.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article248322, notice LE MIGNOT Marcel, Henri par Jacques DEFORTESCU, version mise en ligne le 31 mai 2022, dernière modification le 8 décembre 2022.

Par Jacques DEFORTESCU

Marcel Le Mignot devant la CCI du Havre en 1992. A sa droite Jacques Eberhard et Daniel Colliard (DR)

SOURCES : Renseignements fournis par la fille de Marcel Le Mignot, Patricia. — Marie-Paule Dhaille-Hervieu, Communistes au Havre - Histoire sociale, culturelle et politique -1930-1983, PURH, 2009. — Jacques Eberhard, « La Marche du demi-siècle » édité par la ville de Gonfreville l’Orcher, 1995. — L’Avenir de Seine-Maritime, journal départemental du PCF, juin 1996.

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