CUKIERMAN Maurice, Georges, Claude

Par Pierre Cardon

Né le 14 mai 1949 à Paris (XIe arr.), mort le 22 juillet 2020 à Paris (XVe arr.) ; professeur d’histoire-géographie à Antony (Hauts-de-Seine) ; militant communiste (Jeunesse communiste, UEC, PCF), co-fondateur de l’URCF, secrétaire général du Parti communiste révolutionnaire de France (PRCF) ; secrétaire national de l’Association française d’amitié et de solidarité avec les peuples d’Afrique (AFASPA), membre du bureau de l’Association d’amitié franco-coréenne (AAFC) ; militant syndicaliste du SNES et de la section départementale des Hauts-de-Seine de la FSU.

Maurice Cukierman était issu d’une famille de communistes, résistants.
Son père Georges Cukierman, ingénieur dans le bâtiment, journaliste, rejoignit la jeunesse communiste clandestine en 1942 et fut lieutenant FTPF puis FFI ; après la guerre, il devint permanent auprès de Jacques Duclos, de 1946 à 1959. Ses grands-parents paternels, Léon Cukierman et Hélène, née Binstaul, étaient des Juifs polonais arrivés en France dans les années 1920 ; son grand-père était tailleur et militait au Secours populaire.
Sa mère, Claude Duchiron, employée comme secrétaire à la Maison de la Métallurgie, militante du PCF, était pupille de la nation : son père, Maurice Duchiron, chauffeur, militant communiste, résistant interné à Châteaubriant, était mort en déportation à Mauthausen. Sa grand-mère maternelle, Lucie Alard, était ouvrière.
Maurice Cukiermann avait une sœur, Dominique, née le 21 février 1954, un demi-frère, Yves, né en 1962, et une demi-sœur, Marianne, née en 1964. Il eut une éducation laïque et très politisée ; à la maison, on lisait l’Humanité et la Vie Ouvrière.

Il alla à l’école élémentaire à Montreuil (Seine-Saint-Denis), puis à l’école Paul Bert à Antony (Hauts-de-Seine). De 1960 à 1962, il fut élève en 6e et 5e au CEG Paul Bert, puis il effectua la 4e au CEG Ferdinand Buisson en 1962-1963, et la 3e au CEG Marguerite Renaudin à Sceaux en 1963-1964. Il poursuivit ses études secondaires, entre 1965 et 1968, au lycée Descartes à Antony, où il obtint le baccalauréat littéraire A en fin d’année scolaire de première (juillet 1968).

Maurice Cukierman adhéra à la Jeunesse communiste à 14 ans, en 1963, et au PCF en 1968.
Inscrit à l’université Paris VIII de Vincennes, où il fut moniteur en 1970, il y obtint une licence d’histoire-géographie en 1971 et une certification en histoire de l’art, puis une maîtrise d’histoire en 1973. Appelé au service militaire le 1er août 1974, il en fut réformé définitivement le 3 octobre suivant.

Il participa à la création de l’UEC (Union des étudiants communistes) à Paris VIII et entra au comité de rédaction du Nouveau Clarté. Il participa à la solidarité avec le peuple vietnamien et avec les peuples des colonies portugaises africaines, soutenant la révolution portugaise des Œillets en 1975.
En 1975, il fut bibliothécaire à l’Institut Maurice Thorez (boulevard Blanqui) et maitre-auxiliaire dans différents collèges et lycées (1977, au collège du centre à Villejuif (Val-de-Marne), puis au lycée de la Queue-en-Brie (Yvelines)).

Lors du XXIIe congrès du PCF en 1976, de plus en plus critique à l’égard de la direction du parti, il s’opposa à l’abandon de la « dictature du prolétariat » annoncée par Georges Marchais à la télévision. En 1982, il rejoignit les signataires de « La lettre au comité central » (Jeannette Vermeersch, Georges Bouvard, Marcel Fryedman, Jean Mérot, Jean Salem).

Il publia en 1987 aux Éditions sociales, Afrique du Sud : cap sur la liberté, ouvrage préfacé par Francis Meli, pseudonyme d’Allan Madolwana, membre du comité exécutif national de l’ANC (African National Congress), auteur par ailleurs d’Une Histoire de l’ANC qu’il préfaça dans son édition française.
Jusqu’en 1991, il fut l’un des animateurs en France de la lutte contre l’apartheid, en tant que secrétaire national de l’Association française d’amitié et de solidarité avec les peuples d’Afrique (AFASPA), dont le président était l’avocat résistant Pierre Kaldor. Il s’engagea aux côtés du peuple coréen en lutte pour la réunification de son pays, alors qu’une répression s’abattait sur les militants « pro-réunification » en Corée du Sud. Maurice Cukierman rejoignit l’Association d’amitié franco-coréenne où il œuvra aux côtés de Jean Suret-Canale et occupa différentes fonctions : directeur de publication du bulletin trimestriel, secrétaire.

En 1992, il rejoignit le « Comité Honecker » (avec Désiré Marle, Mumia Abu-Jamal, Henri Alleg, Margot Honecker) et la « Coordination communiste pour la continuité révolutionnaire et la renaissance léniniste du PCF », avant de devenir directeur de l’Université populaire Georges Politzer.

Il annonça sa décision de quitter le PCF au cours de la conférence fédérale des Hauts-de-Seine en 2000 à Nanterre, « une déclaration digne et émouvante » selon Pierre Cardon, qu’il retrouva à la section départementale de la FSU, dont ce dernier fut le premier secrétaire général.

Titularisé adjoint d’enseignement en 1983, Maurice Cukiermann fut intégré dans le corps des certifiés au collège Descartes à Antony. À partir de 2000, il exerça en tant que professeur d’histoire-géographie et d’histoire de l’art au lycée Descartes, jusqu’à sa retraite. Homme d’une grande culture, passionné d’art (la peinture en particulier), incollable sur Rome et Venise, il organisa pendant près de quinze ans des voyages scolaires en Italie, ainsi que des voyages culturels pour les professeurs.

Syndiqué au SNES-FEN puis FSU, il fut un militant actif de la tendance fédérale majoritaire « Unité et Action » au sein de la section académique du SNES Versailles et de la section départementale des Hauts-de-Seine. Il fut élu au conseil départemental de la FSU des Hauts-de-Seine, puis à son bureau avec Robert Riquois, puis Jacky Lizé, secrétaires généraux départementaux, et participa par la suite au secrétariat collectif mis en place par Marie-Pierre Carlotti, première femme secrétaire générale de la FSU 92, participant activement à toutes les réunions des instances, stages et congrès fédéraux. Il fut un des cinq délégués élus par le congrès départemental des Hauts-de Seine au congrès national FSU de Marseille en 2014.

Maurice Cukierman participa à la création de l’URCF (Union des révolutionnaires-communistes de France) en 2002, dans laquelle il occupa diverses responsabilités, en particulier rédacteur d’Intervention communiste et membre du bureau politique. Il était membre du bureau national du PRC (Parti révolutionnaire communiste). Après l’échec de l’unification des groupes communistes contestataires, il fut élu secrétaire général du Pôle de renaissance communiste de France (PRCF) par le comité exécutif, en octobre 2016. Il fut candidat du PCRF à Antony aux élections législatives de 2017 (il obtint 0,26 % des suffrages exprimés).

En tant que responsable international, puis secrétaire général du PRCF, il effectua ses dernières visites en Corée du Nord en 2012 et en Corée du Sud en 2018 et en 2019, malgré la maladie qui l’affaiblissait. En 2019, il avait été l’artisan d’un rapprochement du PRCF et de l’ANC (Association nationale des Communistes (présidée par Charles Hoareau).

Maurice Cukierman avait épousé le 8 octobre 1977 à Antony, Marie, Rose Ardiaca, traductrice, militante du PCF, fille d’un militant communiste espagnol. Le couple eut une fille, Cécile Cukierman, née le 26 avril 1976 à Antony ; professeure d’histoire-géographie, celle-ci était en 2022 sénatrice communiste de la Loire pour un deuxième mandat.
Maurice Cukierman divorça le 8 octobre 1998 et se remaria le 27 juin 2009 à Unieux (Loire) avec Dominique Oger, professeure de lettres.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article248400, notice CUKIERMAN Maurice, Georges, Claude par Pierre Cardon, version mise en ligne le 26 mai 2022, dernière modification le 26 mai 2022.

Par Pierre Cardon

Pierre Cardon et Maurice Cukierman
Délégation au congrès FSU de Marseille : Jacky Lizé, Robert Riquois, Monique Migneau, Laurent Desanti, Maurice Cukierman
9ème Forum coréen international à Séoul, le 29 avril 2019

ŒUVRE : Afrique du Sud, cap sur la liberté, préface de Francis Meli, Paris, Messidor-Éditions sociales, 1987, 279 p. — Chapitre « Lénine et la démocratie » dans l’ouvrage collectif La démocratie chez les penseurs révolutionnaires, Le Temps des Cerises, 2003. — Coauteur avec Jean-Luc Sallé et Dimitris Koumtsoumbas (Δημήτρης Κουτσούμπας), Livre Marx et Octobre 17 pour préparer l’avenir, Delga. 2017.

SOURCES : URCF, création du PRCF, communiqué du 24 octobre 2016.— Communiqué de l’AAFC, 25 juillet 2020 : « Décès de Maurice Cukierman, membre du bureau de l’AAFC : le peuple coréen perd un grand ami ». — Communiqué d’Alternative Révolutionnaire Communiste, tendance du NPA, 28 juillet 2020. — Catherine Boidras, Bibliothèque de Sciences Po Denis-Constant Martin Ceri, Fondation nationale des sciences politiques, La littérature d’opposition à l’Apartheid. — Questionnaire du Maitron rempli par sa veuve, Dominique Oger-Cukierman. — Souvenirs de Pierre Cardon.

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