CLÉMENT Jean, Marie

Par Daniel Grason

Né le 19 mai 1896 à Saint-Priest Taurion arrondissement de Limoges (Haute-Vienne), mort le 9 juin 1978 à Corbeil-Essonnes (Essonne) ; forgeron ; interné ; résistant.

Fils de Jean et de Louise Mitou, de la classe 1916 recrutement de Versailles, il vivait 40 Grande Rue à Saintry (Seine-et-Oise, Essonne). Il fut mobilisé, participa à la Première Guerre mondiale, il a été décoré de la Croix de Guerre. Il a été élu maire communiste de Saintry par Corbeil jusqu’à la dissolution du Parti communiste par décret-loi le 22 septembre 1939. Il s’abstint de toute activité.
Le 28 juillet 1941, le commissaire de police de Corbeil remarquait que lors de l’arrivée du train venant de Paris à 19 heures 30, Jean Clément militant communiste connu en descendait, se dirigeait vers le café Moisset à proximité de la gare. Raymond Hallery tenant sa bicyclette à la main, portait sous son bras deux paquets plats. Ils s’installèrent à une table et engagèrent la conversation.
Le commissaire accompagné de gardiens de la paix intervint aussitôt. Hallery reconnaissait que les paquets contenaient des tracts édités par le Parti communiste et qu’il avait prévu de les diffuser ou faire diffuser. Il rencontra le 25 juillet un militant qui accepta, puis se dédit…
Raymond Hallery affirma au commissaire qu’il n’avait nullement l’intention de remettre les tracts à Jean Clément. Il avait contacté d’anciens militants de Corbeil et de Milly-la-Forêt sans succès.
Le capitaine de Gendarmerie de Corbeil écrivit un rapport concernant Clément daté du 8 août 1941 : D’après les renseignements recueillis près des autorités locales, il résulte qu’il est de bonne moralité, de bonnes meurs, d’une bonne conduite ».
« Il était très acharné au point de vue idées communistes. Il était un grand propagandiste de ce parti ».
« Il fréquentait habituellement la classe ouvrière, mais très méfiant choisissait ses fréquentations ».
« Il jouit d’une bonne réputation et sa situation pécuniaire est celle d’un ouvrier aisé ».
« Il ne s’adonne pas à la boisson. Il [n’] est pas ivrogne d’habitude ou d’occasion ».
Le 26 août 1941 son épouse s’adressa par lettre au Procureur du Tribunal de Corbeil. Elle demandait « la mise en liberté provisoire » de son mari « actuellement détenu à la Prison militaire allemande du Cherche Midi, et qui vient d’être acquitté par les tribunaux allemands ».
« Je vous signale que mon mari est ancien combattant de la guerre 1914-1918, titulaires de la Médaille de Serbie, Croix Commémorative Roumaine, Médaille coloniale d’Orient où il a contracté des rhumatismes ». Sa femme espérait que sa « demande serait prise en considération ».
Jean Clément a été écroué le 25 septembre 1941 pour infraction au décret du 26 septembre 1939.
Il comparaissait le 10 octobre 1941 à la séance de 14 heures devant le tribunal de Première instance de Corbeil. Il reconnaissait avoir été membre du Parti communiste de 1927 à 1939, avoir été militant et diffuser la propagande de l’organisation. Il affirma « avoir cessé toute activité depuis le début des hostilités ». Or, Hallery avait déclaré qu’un prénommé "Lucien" lui avait recommandé de contacter Clément. Celui-ci affirma : « Je ne connais pas le nommé "Lucien" ». Il ajouta « Il est possible qu’un ancien militant ait parlé de moi à Hallery ». Il précisa « Je tiens à vous signaler […] qu’en descendant du train, j’avais conversé pendant quelques instants avec le Commissaire de police de Corbeil. C’est vous dire que je n’avais pas l’intention de commettre une infraction. […] Cette rencontre m’ayant mis en éveil ». Il affirma qu’il ignorait « qu’ Hallery était porteur de tracts, en tout cas ceux-ci ne m’étaient sûrement pas destinés ».
Incarcéré à la Maison d’arrêt de Corbeil, Jean Clément a été examiné le 30 novembre 1941 par un médecin assermenté auprès de la préfecture de Seine-et-Oise. Après l’avoir examiné, il écrivit : « Le sieur Clément Jean est atteint de rhumatismes chroniques déformants ».
« Cette affection ne peut que s’aggraver par un séjour prolongé dans une cellule non chauffée et humide ».
« Je considère que l’état de santé du Sieur Clément Jean est incompatible avec la détention ». Il a été mis en liberté provisoire le 17 janvier 1942.
Jean Clément a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF) isolé.
Il mourut le 9 juin 1978 à l’âge de 82 ans à Corbeil-Essonnes (Essonne)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article248481, notice CLÉMENT Jean, Marie par Daniel Grason, version mise en ligne le 28 mai 2022, dernière modification le 28 mai 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/4/54 n° 372 (transmis par Gérard Larue). – Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 133086. – État civil site internet Match ID.

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