FORNI Marcel, Louis, dit Pascal

Par Rodolphe Prager

Né le 6 juin 1911 à Ajaccio (Corse), mort en février 1991 à Pessac (Gironde) ; garçon de café puis marin ; militant trotskiste du POI puis militant du PSU.

Né dans une famille nombreuse de huit enfants, Marcel Forni, fils d’un garçon de magasin, commença à travailler à l’âge de douze ans après avoir passé son certificat d’études primaires. Il pratiqua de nombreux petits métiers, mais travailla principalement comme garçon de café, à son grand déplaisir. Naviguer fut son obsession jusqu’à sa réalisation à l’âge de vingt et un ans. Venu à Marseille à dix-sept ans, il fut gagné aux idées révolutionnaires par l’exemple de son frère aîné, Rabcor à l’Humanité. Sympathisant du Parti communiste, il participa aux collages d’affiches et à la distribution de tracts. En 1933, il parvint enfin à s’embarquer en remplacement et prit une carte syndicale CGTU. Marin à bord du Théophile-Gautier il anima en 1934-1935 une grève victorieuse à l’escale de Beyrouth qui entraîna l’annonce de son débarquement à son retour à Marseille. L’occupation du navire imposa un compromis : il serait affecté à un autre navire.

L’évolution du Parti communiste en 1935 vers la défense nationale ne convenait nullement au tempéramment de Marcel Forni qui subit, en outre, l’influence de sa sœur Marthe Nadeau (épouse de Maurice Nadeau), professeur à Paris et militante trotskiste active. Il vint passer deux ans dans la capitale et devint membre de la cellule du XIIIe arrondissement du Parti ouvrier internationaliste, en septembre 1937. Il reprit la navigation pendant l’hiver 1938 à bord du Bougaroni de la compagnie France-Navigation (sous contrôle du Parti communiste), effectuant un transport d’armes d’Union soviétique (Mourmansk) en Espagne. À la fin de la guerre civile espagnole, il fut muté sur le cargo Winnipeg aménagé en vue du transport des réfugiés de Bordeaux à Valparaiso (Chili) où éclata l’annonce de la conclusion du pacte Hitler-Staline, puis de la déclaration de guerre. Marcel Forni qui avait donné son adhésion à la cellule communiste à bord, fit connaître sa démission au cours d’une réunion orageuse. Il ne rentra qu’après de multiples péripéties : rébellion à la suite de la décision des autorités de ne rapatrier qu’une partie de l’équipage, internement dans un camp et procès à Bordeaux pour mutinerie qui s’acheva heureusement, par un acquittement général.

Au terme d’une nouvelle traversée, en 1941, se terminant après diverses actions par son débarquement disciplinaire à Dakar, Marcel Forni, rapatrié, se rendit à Paris pour y militer dans l’organisation trotskiste clandestine du POI. Il se maria à Pujols-sur-Ciron (Gironde) le 29 novembre 1941. Les années suivantes, il naviguera peu et participa à l’action clandestine à Bordeaux où paraissait la feuille Octobre, organe du POI puis du Parti communiste internationaliste en 1944. Les crises internes l’éloignèrent de l’organisation sans modifier ses convictions et faire cesser les relations avec ses vieux camarades. Il poursuivit encore son engagement militant dans les années 1960 à l’intérieur du Parti socialiste unifié. Sur le plan professionnel, la Compagnie générale transatlantique finit par le laisser accéder au rang d’officier en 1960. Il prit sa retraite en 1974.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24851, notice FORNI Marcel, Louis, dit Pascal par Rodolphe Prager, version mise en ligne le 6 mars 2009, dernière modification le 6 mars 2009.

Par Rodolphe Prager

SOURCES : Témoignage autobiographique de Marcel Forni recueilli en 1979. — D. Grisoni, G. Hertzog, Les Brigades de la mer, Paris, 1979. — État civil d’Ajaccio.

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