CARBOU Jean

Par André Balent

Né le 9 juin 1924 à Dakar (Sénégal), mort en action de combat le 6 août 1944 à Lescale (commune de Puivert, Aude) ; domicilié au hameau de Lescale ; instituteur ; résistant de l’Armée secrète (AS), maquis de Picaussel (Aude)

Jean Carbou habitait avec ses parents dans le hameau de Lescale, dans les Pyrénées audoises. Il rejoignit l’AS dès 1943 car cette formation avait un de ses dirigeants de la haute vallée de l’Aude, Lucien Maury, alias « Frank » qui était instituteur en pose dans ce hameau. Carbou devint agent de liaison en contact avec Maury. Il participa, le 15 mars 1943, avec Joseph Lebret qui habitait aussi Lescale et deux autres jeunes de ce hameau, à la réception du premier parachutage largué par les Alliés dans l’Aude, près de Puivert entre Malayrède (massif montagneux boisé à l’est de Lescale) et Lescale. Ce lieu n’était pas celui qui avait été choisi au préalable. Il s’agissait de postes émetteurs de radio que ces jeunes remirent à Lucien Maury.

À partir d’avril 1944, Lucien Maury entreprit de créer un maquis dans les montagnes à proximité de Lescale. Il choisit une grotte, dans un endroit escarpé qui domine Lescale au sud de cette petite agglomération. Par la suite, en juin, le maquis s’installa plus en hauteur, dans la forêt de Picaussel. Le poste de commandement y fut établi. Ce maquis qui rassembla 200 hommes jusqu’en juin, atteignit ensuite en juillet et août, un effectif qui rassembla jusqu’à 400 hommes. Il intégra beaucoup de réfractaires au STO et intégra aussi, en août, des combattants de l’Agrupación de guerrilleros españoles des 3e (Ariège) et 5e (Aude) brigades. D’après Narcisse Falguera (éd.) (op. cit., 2004, p. 157), ce fut le chef de cette dernière qui aurait affecté une partie de ses effectifs au maquis de Picaussel. Ce maquis fut le plus puissant parmi ceux qui étaient implantés exclusivement dans l’Aude (le puissant Corps franc de la Montagne Noire était déployé sur quatre départements (Aude, Tarn, Haute-Garonne, Hérault). Comme tous les maquis de la partie orientale des Pyrénées et du sud du Massif Central, il fut, à partir du 6 juin 1944, la cible des forces allemandes. Le général Johannes Blaskowitz qui commandait depuis son QG de Rouffiac-Tolosan (Haute-Garonne) le groupe d’armées (allemandes) G avait décidé de les éradiquer afin de « sécuriser », pour d’évidentes raisons stratégiques, les communications routières et ferroviaires entre la région toulousaine et la vallée du Rhône.

Le 5 août 1944, des éléments de la 11e Panzer division entreprirent d’attaquer le maquis de Lescale avec des moyens lourds, dont des chars d’assaut. L’attaque commença le 6 août. Divers affrontements eurent lieu ce jour-là, dont celui qui fut fatal à Jean Carbou et Joseph Lebret. Tous deux se trouvaient au matin du 6 août avec le gros des effectifs du maquis dans la forêt de Picaussel. Ils se portèrent volontaires pour effectuer une reconnaissance jusque dans le village de Lescale.

Y étant parvenus et n’y ayant rien remarqué, ils entreprirent de retourner au maquis dans une automobile où se trouvaient deux autres résistants de Picaussel, Marcel Tichadou et Bailly. Le véhicule commença à remonter vers la route départementale où se trouve le tunnel den Lescale. Peu après être sortis du village, les quatre hommes tombèrent sur une embuscade allemande. Carbou et Lebret sortirent de la voiture et lancèrent les grenades dont ils disposaient. Ils furent rapidement tués par les balles ennemies. Bailly et Tichadou, blessés, parvinrent à se cacher et à survivre.

Le 6 août, il y eut deux autres tués. Auguste Escriva, FTP de l’Aude, venait, avec un groupe renforcer le maquis de Picaussel. Au col de la Babourade, à l’embranchement de la RN (aujourd’hui RD) 117 et de la RD 120, le camion de FTPF audois fut accroché par les Allemands. Escriva fut tué. Les autres FTP rejoignirent leurs camarades de l’Ariège. Par ailleurs, Urbain Paret, des Pyrénées-Orientales, rattaché au maquis de Picaussel fut tué à Belvis, au sud du poste de commandement du maquis, le 7 août 1944. Le maquis de Picaussel résista victorieusement à l’assaut allemand et réussit, par le sud, vers le Donnezan (Ariège), à échapper à l’étreinte de la 11e Panzer. Carbou, Lebret, Escriva et Paret furent les quatre victimes résistantes de cet affrontement (6-8 août 1944).

Il y a un dossier non consulté au SHD de Vincennes (cote 16 P 210996). Le nom de Jean Carbou figure sur le monument aux morts de Puivert (Aude), sur la plaque commémorative du maquis de Picaussel, à Puivert, sur la stèle érigée à Lescale, à la mémoire de Jean Carbou et de Joseph Lebret. Il fut reconnu "mort pour la France".

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article248569, notice CARBOU Jean par André Balent, version mise en ligne le 1er juin 2022, dernière modification le 11 novembre 2022.

Par André Balent

SOURCES : Julien Allaux, La 2e guerre mondiale dans l’Aude, Épinal, Éditions du Sapin d’Or, 1986, 255 p. [p. 172]. — Narcisse Falguera (éd.), Guerrilleros en terres de France. Les républicains espagnols dans la Résistance française, Pantin, Le temps des cerises, 2004, 316 p. [p. 157]. — Lucien Maury (dir.), La résistance audoise (1940-1944), tome II, Carcassonne, comité d’Histoire de la Résistance du département de l’Aude, 1980, 439 p. [p. 223, 224, 278]. — Lucien Maury, Picaussel, 1944-1994, Puivert, Amicale des anciens du maquis de Picaussel, 1994, 35 p. [p. 9, 32]. — Sites Mémoire des hommes et MemorialGenWeb consultés le 1er juin 2022.

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