PONCEY Arsène, Émile

Par Daniel Grason

Né le 27 janvier 1894 à Passy arrondissement de Bonneville (Haute-Savoie), mort le 11 mars 1944 à Mauthausen (Autriche) ; gardien de la paix, brigadier ; gaulliste ; résistant ; déporté à Mauthausen.

Fils de Pierre Poncey et de Célina Vallet, cultivateurs, vétéran de la grande guerre mobilisé dès le 5 septembre 1914 dans les régiments d’artillerie (campagne intérieure et campagne d’Orient), libéré le 7 septembre 1919 avec le grade de maréchal des logis décoré de la médaille militaire et de la Croix de guerre. Il exerçait la profession de cocher avant d’entrer à la Préfecture de police le 12 mai 1920 comme gardien de la paix au commissariat du XIVe arrondissement.
Il épousa Lina Miotton le 13 janvier 1920 dont il divorça en 1941. Il entra le 12 mai 1920 comme gardien de la paix à la Préfecture de police, il a été nommé brigadier aux choix le 21 juin 1934. Il fut désigné comme Président de l’Union des Anciens Combattants de la Préfecture de Police. Il disposa du bureau 320 à la caserne de la Cité. Il obtint la médaille d’Honneur de la police française le 1er juillet 1935.
Pendant la guerre, du fait de ses fonctions, il était en relation avec des personnalités politiques, dont plusieurs prenaient une part active au mouvement gaulliste, il y participa. Il épousa en secondes noces Blanche Chablais le 3 février 1942, le couple habita au 38 rue Denfert-Rochereau à Paris (XIVe arr.).
Volontaire pour s’engager dans une unité combattante en 1939, il fut affecté au centre d’opération d’appui aérien de Nemours, au 123e régiment d’artillerie [6]. Démobilisé le 16 juillet 1940 avec le grade de maréchal des logis chef, il présidait l’Union des Anciens Combattants de la Préfecture de Police ; auparavant secrétaire général, il obtint la médaille de bronze pour services rendus à la mutualité dès 1933.
L’UACPP est alors l’une des seules associations professionnelles qui n’est pas interdite par l’occupant allemand ; il y recense de nombreux volontaires pour s’engager très tôt dans le mouvement de Résistance.
Dès le mois d’octobre 1940, de retour dans son commissariat du 6e arrondissement de Paris, il prit contact avec une jeune employée du ravitaillement à la mairie et mit en place une filière de distribution de cartes d’alimentation pour les prisonniers évadés des stalags allemands.
La jeune femme le mit également en relation avec le Dr. Raymond Chanel à Nevers, spécialiste de l’évasion, et André Méresse, par l’intermédiaire desquels il peut entrer en contact avec le Comité Français de la Libération Nationale ; lequel lui demanda d’organiser un mouvement de résistance policier. Ce sera le groupe Valmy rattaché au réseau de l’Armée des Volontaires.
L’Armée des Volontaires est un groupe d’action, d’aide aux prisonniers évadés, de renseignement et de passage en zone libre. Grâce à l’impulsion d’Arsène Poncey, les policiers y furent très représentés et leurs activités subversives très intenses. Il prit la direction du groupe Valmy sous le pseudonyme Capitaine Lapeyroux, et mena les opérations directement depuis les bureaux de l’UACPP situés au sein même de la Préfecture de police.
Il poursuivit le recrutement de nouveaux adhérents grâce au fichier du personnel directement accessible, dans lequel il trouvait effectivement les réfractaires à l’occupation signalés à l’administration. En novembre 1942, à la suite d’une série d’arrestations, Poncey prit le commandement de la structure de l’Armée des Volontaires avant d’être arrêté lui-même par la police allemande, et déporté vers les camps de la mort.
Arsène Poncey fut remplacé par le commissaire de police Edmont Dubent, chef des services techniques de la Préfecture de police, lequel initia le réseau L’Honneur de la Police. Il a été arrêté le 12 mars 1943 par Fernand David, chef de la Brigade spéciale n° 1 des Renseignements généraux. Cette interpellation suivait celle de Marcel Levionnois.
Lors de son interrogatoire Arsène Poncey se disculpa à plusieurs reprises, puis reconnaissait qu’il était en relation avec l’Armée des Volontaires et Ceux de la Résistance où militaient Paul Coadou et Marcel Le Vionnois. Soupçonné d’être un traître Paul Coadou a été assassiné.
Le 20 septembre 1943, Arsène Poncey était dans un wagon où étaient vingt-et-un hommes à destination de Neue Bremm. Tous étaient étiqueté "NN" Nacht und Nebel (Nuit et brouillard), ce qui signifiait condamnés à disparaître sans laisser de traces. Cette expression avait été empruntée par Hitler au livret de L’Or du Rhin de Richard Wagner.
Arsène Poncey matricule 37 803 mourut à Mauthausen le 11 mars 1944, il était âgé de cinquante ans. Il a été homologué membre des Forces françaises combattantes (FFC) d’obédience gaulliste, et Déporté interné de la Résistance, membre du SR Armée des volontaires. Il a été à titre posthume décoré de la Légion d’Honneur, de la Médaille de la Résistance et cité à l’Ordre de la Nation : « Brigadier à la Préfecture de police, gradé d’élite et l’un des principaux animateurs de la Résistance de la préfecture de police qui avait toujours fait preuve dans l’exercice de ses fonctions d’un sens élevé du devoir. Arrêté et déporté en Allemagne, est mort en captivité. »
Son nom figure sur la plaque posée près de la porte d’entrée du Commissariat du VIe arrondissement rue Bonaparte et sur celle de la Préfecture de police de Paris.
Cité à l’ordre de la Nation [1] ; nommé au grade de Chevalier de la Légion d’honneur ; mentions « Mort en déportation » [2] [3] et « Déportés et internés de la Résistance » [4] ; homologué Commandant au titre des Forces Françaises Combattantes, réseau « SR Armée des Volontaires » [4] ; médaillé de la Résistance Intérieure Française par l’Ordre de la Libération [5]. Promu Officier de paix à titre posthume, puis sous-directeur à titre honorifique.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article248618, notice PONCEY Arsène, Émile par Daniel Grason, version mise en ligne le 3 juin 2022, dernière modification le 11 juillet 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. 77 W 571-202.896. – Mémoire des Hommes Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 485214. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Désobéir : des policiers et des gendarmes sous l’occupation ; Limore Yagil, 2018, Au cœur de la Préfecture de Police : de la Résistance à la Libération, p.48-49 – Coord. Luc Rudolph. – Nos remerciements à Thomas Bugnet de l’association Police Action Solidaire pour les précisions qu’il nous a communiquées.

Photographie plaque : Daniel Grason

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