BOUR Jean-Claude

Par Jean-François Lassagne

Né le 6 décembre 1934 à Strasbourg (Bas-Rhin) ; électricien ; militant de la CGT ; secrétaire de l’USTM de Moselle ; membre du bureau de l’UD et de la CE fédérale de la métallurgie ; communiste ; membre du secrétariat fédéral de Moselle ; sportif ; maitre-nageur ; président du Sporting club de Thionville.

Jean-Claude Bour.
Jean-Claude Bour.

Son père Auguste Bour vit le jour le 12 septembre 1910 à Foug (Meurthe-et-Moselle). Il fut militaire à Strasbourg, avant de rejoindre Thionville pour travailler dans la sidérurgie à la société des aciéries de Longwy (Usinor par la suite). Sa mère Anne Marthe Hüttner naquit le 6 mars 1909 à Malstatt-Burbach en Sarre (Allemagne). Elle était de confession protestante, et travaillait à Strasbourg. Leur mariage eut lieu en 1935, et le couple eut deux fils.
Jean-Claude Bour avait deux ans lorsque la famille s’installa à Thionville. Il dut fréquenter l’école allemande à la suite de la seconde annexion de la Moselle en 1940, puis l’école française après la Libération et pendant un an et demi. Après quoi il entra comme apprenti chez un patron électricien à l’âge de 13 ans et demi. Après quatre ans d’apprentissage « à la dure », car le patron ne lui permettait pas de participer à tous les cours, il obtint le brevet de compagnon. Avec son diplôme il fut embauché électricien à la société sidérurgique des Forges et Aciéries du Nord et de Lorraine à Uckange (puis HFRSU : Hauts fourneaux réunis de la Saulne et Uckange, par la suite et jusqu’à la fermeture en 1991) où il termina P2. Sans syndicat dans l’entreprise les conditions de travail étaient rudes avec des journées de 11 heures.
En 1954 il fut appelé au service militaire au 2ème génie à Metz, et devait être affecté comme sportif à Antibes, mais au lieu de cela il reçut son affectation pour l’Algérie. Refusant par conviction de s’y rendre et d’y combattre, il réussit à se faire exempter, et retourna à l’usine. En 1959, son camarade de travail Peter Kastendeuch un ancien de 1936 (grand-père d’un joueur professionnel du Football Club de Metz), lui proposa de constituer un syndicat. Jean-Claude Bour s’adressa à René de Matteis secrétaire de l’Union des syndicats CGT des travailleurs de la métallurgie de Moselle (USTM) pour préparer des élections. Elles eurent lieu en 1959, toute la liste fut élue et il devint le secrétaire du syndicat qui dès lors mena la lutte pour obtenir des vestiaires, des douches, des chaussures de sécurité… Rapidement le syndicat compta plus de 1000 adhérents et diffusait un journal au portier tout en collectant les moyens financiers. Jean-Claude Bour faisait l’objet d’une surveillance quotidienne y compris par huissier et se trouva une première fois licencié en 1961 pour s’être opposé vertement à la direction après le licenciement d’un père de famille de 5 enfants. Les travailleurs s’étant mis à 98% en grève, le patron recula et Jean-Claude Bour fut réintégré, ainsi que le travailleur licencié. Lors d’un second conflit avec blocage de l’usine, il subit une nouvelle tentative de licenciement, mais au terme de deux semaines de grève la sanction fut ramenée à huit jours de mise à pied ce qui, par décision de l’assemblée générale, prolongea la grève d’autant. En 1962 et quelques mois après la grève il fut appelé à remplacer René de Matteis au secrétariat de l’USTM, lorsque ce dernier intégra le secrétariat fédéral du PCF. Il quitta donc l’entreprise pour se consacrer aux nombreux syndicats de la métallurgie du département, et fut élu à la commission exécutive de la Fédération nationale. A la suite du départ d’Henri Lorang et du licenciement des délégués de la CGT en 1960 à l’usine de Wendel d’Hayange, il fut amené à en reconstituer le syndicat. Il organisa également avec René de Matteis une réunion de travailleurs algériens dans une salle de bal à Uckange qui réunit environ 250 personnes, puis un débrayage de 3 heures à l’usine en protestation contre « le massacre de Charonne ». Il fit son entrée à la CE de l’UD en 1961, puis au bureau départemental en 1963 pour épauler le nouveau secrétaire général Fernand Hatstatt qui devait succéder à Arthur Buchmann en 1964. Il ne put à la longue assumer cette tache en raison de ses nombreuses responsabilités mais demeura au bureau jusqu’en 1974. Il participa à la direction de l’Union régionale de la sidérurgie lorraine mise en place par la CGT sous la responsabilité de Sergio Valli. Jean-Claude Bour était avant tout un homme de terrain et en mai 68 il faisait le tour des portiers des usines du département où se tenaient les piquets de grève.
Il adhéra au PCF en 1961 et sans attendre créa la cellule d’entreprise avec 7 camarades. En 1964 il suivit l’école d’un mois du Parti communiste puis en 1969 l’école de quatre mois. Dans la continuité il avait intégré le comité fédéral en 1965, puis le secrétariat en 1970, en charge des entreprises du département, avec l’objectif de création de cellules comme à Sacilor, ou encore à Bata, à Scholtès et de sections comme à Sollac avec 110 adhérents dans 11 cellules… Il anima durant 18 ans un CDH (centre de diffusion de l’Humanité) au portier de l’usine d’Uckange. Il fut un des organisateurs du vote pour la nationalisation de la sidérurgie, qui recueillit une approbation quasi-unanime. En 1986, il fut réintégré à Sacilor comme technicien, avant de bénéficier des départs en préretraite en 1991, puis de sa retraite en 1994, où il quitta son mandat fédéral. Candidat aux élections du canton de Florange du 7 mars 1976, il obtint 2720 voix sur 14446 exprimés soit 18,82%, et se désista pour le candidat socialiste Frentzel.
Le sportif Jean-Claude Bour pratiqua la natation dès l’âge de 11 ans, tout en s’initiant au water-polo ; la pratique sportive lui permit alors de s’émanciper de la tutelle du pasteur. Il fut champion de Lorraine grand-fond, champion de Lorraine du 1500 mètres en nage libre, du 200 mètres brasse, ainsi que par équipe. A l’âge de 16 ans il jouait en équipe première de water-polo du Sporting Club de Thionville avec laquelle il fut 20 fois champion de Lorraine. Capitaine de l’équipe, il fut également champion de France en promotion nationale et sélectionné dans l’équipe de Lorraine. Lors d’un tournoi gagné à Paris en 1971 il avait profité de cette occasion pour conduire son équipe au mur des fédérés célébrer le centenaire de la Commune de Paris. C’est au retour que le groupe fut victime d’un grave accident de la route, qui laissa Jean-Claude Bour dans un coma vigil durant 3 semaines, avec des fractures multiples. Maitre-nageur il était convoité par plusieurs clubs. Membre pendant 50 ans du comité du Sporting club de Thionville jusqu’en 1997, il le présida durant 13 ans et en demeure le président d’honneur.
Marié avec Denise Kinic en 1958, le couple avait eu deux enfants, Jean-Michel et Claudine. Puis il eut deux filles, Delphine et Hélène avec Suzanne Bour-Kreutz qu’il avait rencontrée lors de la grande manifestation du 23 mars 1979 à Paris et avec laquelle il s’était marié le 23 mars 1993.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article248619, notice BOUR Jean-Claude par Jean-François Lassagne, version mise en ligne le 4 juin 2022, dernière modification le 4 juin 2022.

Par Jean-François Lassagne

Jean-Claude Bour.
Jean-Claude Bour.

SOURCES : Archives de l’UD CGT de Moselle. — Archives de la fédération de Moselle du Pcf. — Archives personnelles de Jean-Claude Bour. — Entretiens les 15 février et 10 mars 2022.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable