FUCHS Stéphane

Par Jean-Paul Richez

Né le 1er octobre 1906 à Lagny sur Marne (Seine-et-Marne), mort le 4 octobre 1970 à Paris ; médecin ; résistant ; conseiller au service de sécurité et d’hygiène du travail du BIT.

Stéphane Fuchs était issu d’une famille protestante d’origine alsacienne apparentée à la famille Boegner. Stéphane Fuchs effectua ses études médicales à Paris dans le courant des années 1920. Externe des hôpitaux de Paris de 1928 à 1932, il soutint sa thèse de médecine en juillet 1932 et obtint le diplôme d’études supérieures de biologie. Il exerça la médecine quelques années dans plusieurs hôpitaux parisiens avant d’être mobilisé en 1939 à Marseille (Bouches-du-Rhône). Il rejoignit un réseau de résistance franco-polonais fin 1940 et s’engagea comme agent de renseignement au sein du réseau Marine, intégré ensuite au réseau franco-polonais F2.

Arrêté fin 1941, il fut jugé par la section spéciale de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, qui le condamna le 10 mars 1942 à trois ans de prison. Il fut alors incarcéré à la centrale d’Eysses le 15 octobre 1943, après un séjour en prison à Nimes. Au sein de la centrale, il organisa les détenus qui le nommèrent délégué en tant que résistant « gaulliste » alors qu’Henri Auzias fut également désigné délégué représentant du courant communiste. L’insurrection armée des détenus le 19 février 1944, et son échec, conduisirent Auzias à la mort, tandis que la majorité des détenus furent déportés. Stéphane Fuchs fut pris comme otage et déporté à Natzwiller en juillet 1944, puis à Dachau en juillet 1944. À son retour en France, il fonda l’amicale des prisonniers d’Eysses dont il devint le premier président.

Stéphane Fuchs décida de se spécialiser en médecine du travail ainsi qu’en hygiène industrielle et rejoignit l’inspection médicale du travail dans le service du Dr Jean-Jacques Gillon. Chargé du dépistage des maladies professionnelle à la Caisse régionale de Sécurité sociale de la région parisienne, il contribua à définir des mesures préventives dont l’efficacité se manifesta par la régression des grands risques toxiques.

En 1957, il prit ses fonctions au service de sécurité et d’hygiène du travail du Bureau international du travail, à Genève (Suisse). Il apporta notamment son concours à la préparation de la 3e session du comité mixte OIT-OMS de la médecine du travail : analyse des buts de la médecine du travail, des tâches du médecin du travail et de sa formation. Il contribua également aux travaux qui aboutirent, en 1959, dans le cadre de la Conférence internationale, à la recommandation sur l’organisation des services de médecine du travail, texte qui fut repris par la Commission des communautés européennes, le Conseil de l’Europe et de nombreux gouvernements. Il se pencha également sur les enjeux soulevés par les maladies professionnelles agricoles en présentant une analyse lucide de cette question lors du premier congrès de médecine agricole de Tours, en 1961. Il prépara également les rapports soumis à la 4e session du comité mixte OIT-OMS de 1962 et qui contribuèrent à faire évoluer la prévention en milieu agricole. En 1964, il contribua à la mise à jour de la liste internationale des maladies professionnelles. Il participa enfin à la préparation du comité mixte OIT-OMS de 1966 en dirigeant plusieurs missions dans les pays africains.

Son entrée à l’INRS date de 1965, lorsqu’il prit ses fonctions avenue Montaigne, au coté du Dr Vialle avec laquelle il publia un ouvrage consacré aux maladies professionnelles. Dans le cadre de l’INS, il apporta ses connaissances à la rédaction d’un manuel de sauvetage-secourisme.

Le Dr Stéphane Fuchs était officier de la légion d’honneur, titulaire de la Croix de guerre et de la médaille de la Résistance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article248754, notice FUCHS Stéphane par Jean-Paul Richez, version mise en ligne le 8 juin 2022, dernière modification le 10 octobre 2022.

Par Jean-Paul Richez

SOURCES : SHD, GR 16P 236721. – Travail et Sécurité, novembre 1970, pp 505 et 555-556. — Site Criminocorpus, documents sur la centrale d’Eysses, dont des extraits du journal de Stéphane Fuchs, en ligne.

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