LEROY Roger, Henri, alias “Cartier”, dit “L’Enfant”

Par Didier Alvarez

Né le 28 juillet 1911 à Saint Maur-des-Fossés (Seine, Val-de-Marne), mort le 24 novembre 1993 à Fleury-Mérogis (Essonne) ; tôlier-chaudronnier ; militant communiste ; résistant déporté.

Fils de Adrien Leroy et de Henriette Ferret, Roger Leroy se maria le 4 février 1932 à Savigny-sur-Orge (Seine-et-Oise, Essonne) avec Raymonde, née Tovin, avec qui il eut deux enfants. Ils habitaient 11 rue de Paris à Montreuil-sous-Bois (Seine, Seine-Saint-Denis). Il travaillait comme tôlier-chaudronnier. Son surnom était “L’Enfant”, peut-être dû à sa petite taille, il mesurait 1m.56.
Il était militant du Parti Communiste depuis 1937, membre de la cellule des Établissements Simca à Nanterre (Seine-et-Oise, Hauts de Seine). Sa femme était également militante au Parti communiste, dans la branche Propagande, et connue sous le nom de “Rose”.
Roger Leroy fut mobilisé en 1940 au sein du 213e R.I., puis au 215e R.I. (Régiment d’infanterie), puis démobilisé le 7 juillet 1940.
Il travailla dans les années 1940 pour la maison “Gourdon” à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, Val-de-Marne) et effectuait des distributions de tracts et de papillons à la sortie de cette usine. Il se fit embaucher ensuite à l’usine “Felica” à Bonneuil-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne), commune limitrophe de Saint-Maur, puis chez Streicher, rue de la Plaine à Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis)
C’est Roger Linet, dit “Rivière”, qui lui intima l’ordre de quitter l’usine “Felica” pour des raisons de sécurité. Il fut déconnecté pendant plus de six mois de ses activités militantes. Il reprit ses activités au sein de L’O.S., ”l ’Organisation Spéciale ” créée par le parti communiste clandestin qui devint notamment avec les Bataillons de la Jeunesse et les Groupes Spéciaux de la MOI (Main d’Oeuvre Immigrée) les FTP au début de l’année 1942.
C’est lui qui recrutera Fedro Comotto au début de l’année 1942, au sein des FTP.
Il reprit du service au début de l’année 1942, à la fonction de responsable du groupe de récupération et d’organisation des attaques et attentats contre l’ennemi.
Il devint commissaire aux opérations en juin 1942, en P4, région Est de Paris
En avril 1942, il participa à l’attaque d’un dépôt allemand à Charenton-le-Pont (Seine, Val-de-Marne) où beaucoup de matériel fut détruit.
Il sabota des camions, rue de La Plaine dans le XIIe arr, prêts à partir pour l’Allemagne, en mettant de la potée d’émeri dans les moteurs, du sucre dans l’essence et en plus “il avait saboté les clavettes au raz des axes”.
En septembre 1942, il exécuta deux soldats allemands vers le pont de Chennevières-sur- Marne (Seine-et-Oise, Val-de-Marne)
Le 8 novembre 1942, il posa une bombe dans l’Hôtel du Laos , rue de la Croix-Nivert , Paris XI arr. L’explosion fut puissante et il y eut beaucoup de dégâts.
Le 13 novembre 1942, il incendia une usine fabriquant des baraques en bois, pour l’armée allemande, à Savigny-sur-Orge (Seine-et-Oise, Essonne) ville où il s’était marié et qu’il connaissait bien. C’est sa femme “Rose” qui assurait la protection avec son pistolet 7.65 mm
Il participa à l’incendie d’une usine de bois , la C.I.B. , à Bonneuil-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne). Incendie d’un important entrepôt de céréales, destinées à l’Allemagne , à Chennevières-sur- Marne (Seine-et-Oise, Val-de-Marne) Destruction d’une écluse sur le barrage à Créteil. Cambriolage de la Mairie de Guyancourt pour récupérer des tickets d’alimentation.
En novembre 1942, il participa à l’opération pour sortir, durant toute la nuit, tout le dépôt des explosifs, à Flers (Orne), avec deux FTP du coin qui lui avaient parlé de ce dépôt, Pedro Peregort et José Espeletta. Ils cachèrent les explosifs près d’Argentan, à une centaine de kilomètres de là, dans un vieux moulin.
En janvier 1943, il faisait le guet lors de l’action contre la concierge, membre du PPF (Parti Populaire Français), qui sera éliminé.
Il est à noter que toutes ces actions étaient souvent menées avec Fedro Comotto et d’autres camarades des FTP.
Dans son livre 1933-1943 la Traversée de la Tourmente , Roger Linet parle du “duo Lenfant- Richard”, les inséparables. Il fut d’ailleurs arrêté deux jours après Fedro Comotto, soit le 14 janvier 1942, non loin de la planque de Fedro, rue Froissard, où des policiers de la BS2 avaient mis en place une surveillance, suite à l’arrestation de Comotto. N’ayant pas vu Fedro Comotto à des rendez-vous prévus, Roger Leroy s’était aventuré vers sa planque pour y prendre des nouvelles.
Lors de sa fouille, les policiers trouvèrent sur lui des carnets de rendez-vous, des tickets d’alimentation de la Mairie d’Ecouen, de faux certificats de travail.

Lors de leur visite domiciliaire, ils découvrirent : des chargeurs de pistolets, des produits chimiques, une molette de vitrier (pour couper les vitres des fenêtres), trois pistolets, des cartouches, des cachets de la mairie de Guyancourt et des corps d’engins explosifs.

Il fut interrogé pendant plusieurs jours par les policiers de la BS2, ainsi que par la Gestapo rue des Saussaies, Paris (XVIe arr.), puis transféré à la prison de Fresnes (Val-de-Marne) où il retrouvera la plupart de ses camarades de résistance.

Roger Leroy fut déporté dans le convoi I.115 (FMD), qui partit le 11 juillet 1943 vers le camp de Natzweiller-Struthof ( Bas-Rhin annexé) , avec le matricule 4486, en tant que “NN”, (Nacht und Nebel) et avec ses camarades résistants, Fedro Comotto, Auguste Rouch,Victor Rousseau, Raymond Legros, Roger Linet et bien d’autres .

Durant sa période de déporté au camp de Natzweiler, il fit partie du comité de résistance de ce camp en compagnie de Roger Linet. Le travail des prisonniers consistait à pousser des wagonnets remplis de pierres et soulever des grosses pierres sous les coups des gardes SS. Un travail épuisant, surtout quand on ne mange pas.
La solidarité entre prisonniers consistait à râcler le fond de la gamelle pour chercher le peu de nourriture qui y restait pour les donner aux plus faibles. Cette tâche était effectuée par des camarades du comité.
Devant l’avancée des forces alliées, tous les prisonniers du camp du Struthof furent transférés dans le camp de Dachau (Bavière, Allemagne), le 28 septembre 1944. Roger Leroy y avait le matricule 101645.
Ce camp fut libéré fin avril 1945 et Roger Leroy revint en France.

Il fut reconnu FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) avec le grade de sous-lieutenant et DIR (déporté interné résistant).
Il reçut la Croix de Guerre avec palme et fut promu à la nomination dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur (Journal Officiel du 31 juillet 1953)
Il reçut l’insigne de la Croix de Chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur en octobre 1953.
Après la guerre, il devint artisan- carrossier automobile à Villejuif (Val-de-Marne), jusqu’à sa retraite.
Il fut secrétaire général de l’Amicale Nationale des Déportés de Natzweiler-Struthof.
Il participa avec Roget Linet et Max Nevers à l’écriture d’un livre : 1943-1945 la Résistance en Enfer.
Roger Leroy mourut le 24 novembre 1993 à Fleury-Mérogis (Essonne) après une vie bien remplie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article248913, notice LEROY Roger, Henri, alias “Cartier”, dit “L'Enfant” par Didier Alvarez, version mise en ligne le 21 juin 2022, dernière modification le 18 novembre 2022.

Par Didier Alvarez

SOURCES : SHD Vincennes GR 16 P 366 519. — APPP ( Archives de la Préfecture de Police de Paris, FRAPP_GB183_195). — Archives Arolsen ( Allemagne). — FMD ( Fondation pour la Mémoire de la Déportation). — Roger Linet, 1933-1943 La Traversée de la Tourmente, Éditions Messidor, 1990.— Roger Leroy, Roger Linet, Max Nevers, 1943-1945 La Résistance en Enfer, Éditions Messidor, 1991.

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