Par Marie-Cecile Bouju
Né le 25 mai 1919 à Varsovie (Pologne), mort le 6 août 1995 à Paris ; directeur du journal Fraternité puis éditeur ; militant communiste et antiraciste ; résistant dans le Rhône.
Fils de David Feld et Cécile Berger, Charles Feld arriva en France avec ses parents au milieu des années 1920. Ses parents travaillaient dans la confection et obtinrent la nationalité française pour eux et leur fils. Il épousa en première noce Nelly Toussenel le 4 décembre 1937, dont il eut une fille née en 1947.
À la fin des années 1930, il travailla dans la bonneterie et milita aux Jeunesses communistes. Il fut mobilisé en 1939 et, après la débâcle, entra dans la clandestinité. Avec sa femme Nelly, il quitta Paris pour Lyon. Résistant, il y organisa une imprimerie clandestine à Sainte-Claire et participa à la création du journal clandestin Fraternité en 1942, édition lyonnaise du Mouvement national contre le racisme. Son frère cadet, Maurice Feld, âgé de dix-huit ans, fut fusillé le 22 août 1942 et ses parents furent déportés.
À la Libération, Charles Feld fut décoré de la Croix de guerre et de la médaille de la Résistance. Il reprit le journal Fraternité et participa à de nombreuses associations antiracistes : Association nationale des victimes du nazisme et du vichysme, Mouvement national contre le racisme, Alliance antiraciste. Il fut élu sur la liste des candidats grands électeurs du PCF le 24 novembre 1946 et milita au PCF, à la section de Montrouge (Seine, Hauts-de-Seine).
Charles Feld devint gérant de la Bibliothèque française, maison d’édition créée pendant la guerre et dirigée par Louis Aragon. En décembre 1948, la Bibliothèque française et les éditions Hier et Aujourd’hui fusionnèrent, et Charles Feld rejoignit l’équipe de la revue Mouvement pour la paix. En 1949, il participa aux Combattants de la paix à Montrouge.
Selon différents témoignages, Louis Aragon, Picasso* ou Jean Jérôme* peuvent revendiquer la paternité de Cercle d’Art. La question des arts plastiques devint importante pour le Parti communiste, d’autant que la revue L’Art libre lui échappa en 1948. Charles Feld devint le premier directeur en 1950 des éditions Cercle d’art, maison d’édition du Parti communiste français, destinée à l’édition d’art, et pour ces premières années à l’édition pour bibliophiles, notamment grâce à la participation de Picasso*. Charles Feld devint membre du Cercle de la librairie en 1956. Il quitta la maison d’édition en 1982 et en laissa la direction à Philippe Monsel.
Charles Feld se maria en secondes noces avec Jacqueline Petit.
Par Marie-Cecile Bouju
SOURCES : Arch. Préfecture de police de Paris, Ga F15, dossier Nelly Feld. — Harry Bellet, « Les cadeaux de Picasso à l’éditeur Charles Feld en vente au château de Cheverny », Le Monde, 8 mai 1995, p. 21. — Jacques Coubard, « Nelly Feld est morte », L’Humanité, 1er septembre 1987, p. 20. — Renaud de Jouvenel, Confidences d’un sous-marin du PCF, Julliard, 1980. —Témoignage de Jacqueline Feld.