Par Julien Cahon, Gilles Morin
Née le 22 avril 1899 au Blanc (Indre), morte le 3 février 1959 à Bordeaux (Gironde) ; institutrice ; militante socialiste SFIO de la Somme puis de la Gironde, déléguée permanente du Parti socialiste SFIO à la propagande (1944-1947) ; résistante dans la Somme.
Fille d’un commis des hypothèques et d’une institutrice, Marie-Antoinette Audebert, originaire du Béarn, institutrice, se maria en août 1923 à Rebenacq (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques) avec Joseph Garrou, commis à l’économat du lycée Michel de Montaigne de Bordeaux. Le couple eut un enfant en 1931. Elle suivit son mari dans toutes ses affectations (Allemagne, Nancy, Vendôme, Amiens) avant la guerre, puis en Gironde en 1945.
Militante socialiste SFIO, comme son mari, elle adhéra à la SFIO en 1924 et cotisa d’abord à la section de Metz (Moselle) jusqu’en 1930, puis à celle de Nancy (Meurthe-et-Moselle) de 1930 à 1934 et à Vendôme (Loir-et-Cher) de 1934 à 1936. Elle arriva à Amiens en 1937 avec son époux, nommé économe au lycée d’Amiens. Elle y milita et le couple eut une activité résistante majeure dans un département où la fédération socialiste fut décimée à la Libération.
Déléguée permanente du parti à la Libération et déléguée nationale à la propagande, elle parcourut la France pour tenir des réunions. Elle se rendit notamment dans l’Aisne, l’Oise, les Ardennes, la Seine-Inférieure [Seine-Maritime], la Creuse, la Corrèze en 1945. Chargée de la propagande du parti en Picardie, agent de liaison entre les fédérations et le comité directeur en 1944-1945, membre du comité de rédaction du Cri du peuple de la Somme (1944-1945), Marie-Antoinette Garrou se heurta avec Léon Tellier*, le secrétaire fédéral de la Somme, qui l’accusait de « moucharder » (lettre à Daniel Mayer*, 2 févier 1945). Elle décida alors de se « retirer tout doucement de partout car il ne [fallait] à aucun prix qu’un conflit de personnes [éclatât]. La fédération de la Somme [marchait] très bien, […]. C’est cela qui [comptait] et pas des mouvements d’humeurs. » (lettre à Daniel Mayer*, 19 mars 1945). La fédération avait en effet quasiment retrouvé son niveau de l’avant-guerre : près de 4 000 adhérents en mars 1945 contre 4 260 en décembre 1938
Membre de la délégation de la fédération aux jeunesses socialistes, elle demanda à être remplacée en mars 1945. Elle avait aussi décidé de ne plus écrire dans Le Cri du peuple et souhaitait se faire remplacer au comité de rédaction — elle pria le congrès de 1945 de le faire — et émettait le vœu d’être remplacée à la propagande après les élections municipales de 1945, pour lesquelles elle refusa d’être candidate à Amiens (lettre à Daniel Mayer*, 19 mars 1945).
Elle quitta la Somme en octobre 1945, son mari ayant été nommé économe du lycée Montaigne à Bordeaux au cours de l’été 1945. Marie-Antoinette Garrou reprit son activité de propagandiste dans cette région où elle n’était pas connue : elle fut déléguée permanente du parti de 1945 à 1947, chargée du Sud-Ouest, mais milita surtout en Gironde. Avant son départ, elle se proposait de prospecter au sud de Bordeaux « si les camarades ne font pas la grimace à une propagandiste » (lettre à Daniel Mayer*, 3 août 1945). Elle fut de celles qui ouvrirent la voie du militantisme féminin en Gironde.
Au sein de la fédération socialiste de la Gironde, on la repère comme responsable des Cercles Jean-Jaurès en 1950, secrétaire administrative adjointe en mars 1951, membre du bureau fédéral, déléguée aux femmes socialistes en 1952, secrétaire adjointe en janvier 1953 et simple membre de la commission administrative en 1955. Déléguée par la fédération, elle intervint lors du conseil national des 21-22 mars 1953.
Militante convaincue et acharnée, elle n’eut jamais de mandat électif même si elle figura sur les listes socialistes aux élections législatives de novembre 1946 et 1951 en Charente, ce qui semble indiquer qu’elle poursuivait son activité propagandiste effectivement au plan régional. Au plan national, elle appartint à la commission féminine nationale de la SFIO de 1944 à 1958 et fut candidate, non élue, au comité directeur du parti au congrès de 1947.
Par Julien Cahon, Gilles Morin
SOURCES : Arch. Nat., 72/AJ/197 ; F/1cII/111A. — Arch. OURS, correspondance Gironde et Somme. — Bulletin intérieur de la SFIO, n° 27, 65. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1958. — La Documentation politique, 13 juillet 1950. — Le Cri du peuple, 1945. — Guillaume Laurence, Les Militants de la SFIO en Gironde, mémoire (sous la direct. de B. Lachaise), Université de Bordeaux III, 1996-1997. — Notes de Jean-Pierre Besse et de Jacques Girault.