REIMANN Marius

Par Philippe Pauchet

Né le 17 août 1897 à Albert (Somme), mort le 27 février 1944 à Nordhausen, Thüringen (Allemagne) ; socialiste SFIO  ; résistant déporté.

Petit-fils d’un originaire de Silésie, Marius Reimann, fils de Gustave Reimann (1867-1920), mécanicien, et de Marie Pécourt (1872-1909), résidait à Albert et exerçait le métier de métallurgiste. Il militait au Parti socialiste. Marié le 26 février 1920 à Albert, (Somme), avec Berthe Florentine Cardon, il était père de trois enfants : Claude Gustave (1923-1985), Michelle Jacqueline ( née en 1928), Hugues Jacques Claude Michel (1932-2009).

À la fin de 1942, résistant, il adhéra au réseau Marco Polo créé en novembre sous le commandement de Pierre Sonneville. En mai 1943, il rejoignit le mouvement Libé Nord d’Albert dirigé par Constant Détaille. Son rôle consistait surtout à fournir des renseignements à Londres.
À la suite du sabotage, dans la nuit du 28 au 29 juillet 1943, de la voie ferrée à Grancourt, qui provoqua la mort de plus de 180 soldats allemands, les membres du groupe d’Albert et du Groupe Détaille (Constant Détaille membre de Libération-Nord et du Front national) furent activement recherchés par la police allemande.
Le 15 septembre 1943, La Gestapo arrêta Marius Reimann à 7 heures du matin, 21 rue Jeanne d’Harcourt où il habitait avec son épouse Berthe et ses trois enfants. Berthe et les enfants Michelle et Hugues furent conduits avec Marius à la mairie. L’aîné Claude réussit à s’enfuir, mais il revint se rendre.
Le dixième jour à la prison d’Amiens, Marius Reimann fut interrogé par Braumann, chef de la Kommandantur à Amiens. Le 15 novembre, il fut transféré avec 29 autres prisonniers dans deux camions au camp de Royallieu à Compiègne (Front Stalag 122). On lui remit une plaque de fer portant le matricule n° 20839.
Le 15 janvier 1944, il fut désigné pour faire partie du convoi en direction de l’Allemagne avec presque tous les camarades de la prison d’Amiens. Le 17 janvier ils partirent en colonnes vers la gare de Compiègne et le voyage se fit à 100 hommes dans un wagon destiné à en contenir 40. Partis de Compiègne le 17 janvier vers 11 heures, ils arrivèrent à Buchenwald le 19 vers 20 heures. Marius reçut un nouveau matricule le n° 39568. Le 11 février, il quitta Buchenwald pour rejoindre Dora, le camp de représailles du camp. Il connut les effroyables conditions d’existence et le travail du tunnel, où étaient construits les V2.
Le 27 février, Marius Reimann, victime d’un phlegmon, fit partie de ces vingt morts quotidiens du tunnel. Son corps fut incinéré à Buchenwald. C’est dans une lettre du 4 juin que Claude annonça à sa mère la mort de son père.

Homologué comme sous-lieutenant, Marius Reimann fut décoré, à titre posthume, de la médaille de la Résistance et fait Chevalier de la Légion d’honneur le 19 août 1953.
La paix revenue, interrogé par Berthe qui voulait en savoir plus, Christian Arnaud qui avait été lui aussi déporté à Dora, lui écrivit ceci :
« 15 mai 1945.
J’ai toujours été avec Claude depuis le départ de Compiègne (20 janvier 1944) jusqu’au 5 avril 1945. A notre arrivée à Buchenwald, nous étions trois qui ne nous quittions jamais : Marius, Claude et moi-même. Le 11 février 1944, nous sommes arrivés à Dora, usine souterraine de la Torpille, près de Nordhausen. Claude nous a prévenus par la suite que Marius était malade, puis une autre fois de son décès. Marius était pour moi un bon camarade et sa disparition me fut pénible. Néanmoins je reportais mon amitié sur Claude, bien que n’étant pas du même âge. Et le bonheur voulut que nous restions toujours ensemble. Nous avons passé de mauvais jours, mais nous nous remontions le moral. »
Son petit-fils, Gérald Maisse, fut un historien de la Résistance dans la Somme.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article248952, notice REIMANN Marius par Philippe Pauchet, version mise en ligne le 16 juin 2022, dernière modification le 5 juillet 2022.

Par Philippe Pauchet

SOURCES  : SHD, Vincennes, 16P503897. — Le livre des 9000 déportés de France à Mittelbau-Dora, 2020, Cherche Midi (notice Claude Reimann et Marius). — Note de Guilaine Maisse.

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