SOLIGO, Tiburzan, Primo, Marino

Par André Balent

Né le 15 août 1927 à Asolo (Italie, Vénétie, province de Trévise), mort en action de combat le 17 août 1944 à Alet, aujourd’hui Alet-les-Bains (Aude) ; résistant de l’Aude ; combattant du maquis de l’Armée secrète (AS) de Picaussel (Aude)

Son père était prénommé Vittorio. Marino Soligo était né dans un gros bourg de la Vénétie. Nous ignorons comment et pourquoi lui et sa famille se trouvaient en France et, plus particulièrement, dans l’Aude. Son acte de décès à Alet consigne comme prénom : « Marius ». Il est repris, avec celui de « Tiburce » dans son dossier du Service historique de la Défense (Vincennes), à la suite de ses prénoms italiens : « Tiburzan, Primo, Marino, Marius, Tiburce ». Son troisième prénom italien (Marino) était l’usuel. Le site MemorialGenWeb donne le nom d’« Azzola » à sa commune natale en Italie. Il n’y a pas de commune portant ce nom dans ce pays : c’est Asolo, en Vénétie. Au maquis, en effet, on l’appelait « Marino ». Toutefois, dans la liste des maquisards de Picaussel établie après la Libération, il apparait sous le nom de « Soligo-Tiburel », sans prénom. La date à laquelle il intégra le maquis est le 1e juin 1944 (SHD, 19 P 11/11 , liste nominative des maquisards de Picaussel). Sa mère, Vittoria, figure sur son acte de décès dressé en mairie à Alet. Il y est dit qu’il habitait avec elle à Bouriège (Aude), un village du Razès, au sud-ouest de Limoux, à proximité d’Alet, sur la rive gauche de l’Aude.

A posteriori, lors de la reconstitution des activités du maquis de Picaussel (Voir Carbou Jean), il apparait, toujours dans la même liste, comme ayant intégré le maquis de Picaussel le 1er juin 1944. Soligo participa aux combats du maquis de Picaussel, en particulier, l’affrontement victorieux contre les Allemands les 6, 7 et 8 août 1944, dans la forêt éponyme, au-dessus du hameau de Lescale (commune de Puivert), qui fut détruit en représailles. Lors de l’embuscade prévue dans la vallée de l’Aude contre une colonne allemande, aux gorges de Cascabel (commune d’Alet, Aude), il faisait partie du groupe des artificiers commandé par Charles Bournet.

Lors de ce combat, deux maquis audois, celui de Picaussel et celui de Salvezines (FTPF : Voir Meyer Victor intervinrent contre une colonne allemande. Charles Bournet commandait la section d’artificiers chargée d’attaquer la colonne d’environ 200 hommes qui, depuis Carcassonne (Aude), remontait la haute vallée de l’Aude afin de gagner Couiza (Aude), bourg à mi-chemin entre Limoux et Quillan. Obéissant aux ordres du général Johannes Blaskowitz, commandant du groupe d’armées G dont l’état-major était installé à Rouffiac-Tolosan (Haute-Garonne), au nord de Toulouse, les Allemands de l’Aude préparaient leur repli vers la vallée du Rhône. L’objectif de la colonne était de récupérer à Couiza l’important dépôt de vivres, gardé par 30 hommes, où se trouvaient environ 100 000 rations. Des civils, qui avaient été réquisitionnés afin d’assurer la manutention dans l’usine où étaient entreposés les denrées alimentaires, accompagnaient la colonne. Le maquis de Picaussel avait décidé de bloquer la colonne avant qu’elle n’atteignît Couiza.

Deux groupes de Picaussel, dont celui commandé par Charles Bournet, se postèrent en embuscade, en aval de Couiza, dans les gorges de Cascabel. Protégé par le fusil-mitrailleur du premier groupe installé en haut de la falaise, celui des artificiers, commandé par Bournet (Marino Soligo, Émile Jouillé, Jean Pérez, François Journet et Charles Biart) prit position, en bas, à proximité de la RN (aujourd’hui RD) 118 (reliant Mont-Louis, Pyrénées-Orientales à Mazamet, Tarn, via Carcassonne). Vers 9 heures, depuis la falaise, le fusil-mitrailleur arrosa la colonne allemande. Les soldats utilisèrent alors comme boucliers humains les civils requis qui les accompagnaient et qui faisaient des signes désespérés aux maquisards. Ces derniers cessèrent alors de tirer alors qu’un officier allemand se rendait à Alet afin de téléphoner à Carcassonne pour demander des renforts. Les Allemands de la queue de la colonne manœuvrèrent alors par un versant boisé pour prendre à revers le groupe de la falaise et son fusil-mitrailleur. Ces maquisards décrochèrent sans prévenir les artificiers en contre-bas. Bournet et ses hommes furent alors pris à revers. Si Journet et Biart purent échapper in extremis à cette manœuvre, Bournet, Soligo, Jouillé et Pérez furent tués. Les tirs du combat de Cascabel furent entendus par les maquisards (FTPF) de Salvezines accompagnés par un commando de militaires étatsuniens relevant de l’OSS (Office of strategic services) parachutés le 11 août, commandés par le First-lieutenant Paul Swank afin de prendre conta— ct avec les maquis du secteur (initialement, c’était Picaussel qui devait les recevoir, mais, finalement, ils avaient abouti à Salvezines). Ils tendirent une seconde embuscade au convoi qui réussit à rebrousser chemin vers Carcassonne avec les civils désormais considérés comme otages. Paul Swank fut tué dans cet affrontement. Les Allemands ne purent récupérer les vivres convoités.

L’acte de décès de Marino Soligo fut dressé le 9 novembre 1944 par Saturnin Rivera, président du Comité de Libération d’Alet, faisant fonction de maire provisoire de la commune. Marino Soligo fut homologué comme combattant des FFI et obtint la mention « Mort pour la France ». Il y a un dossier non consulté à son nom au SHD (Vincennes), cote GR 16 P 552340] et un non consulté aux AVCC à Caen, au nom de Solignat, mort en service commandé à Alet-les-Bains dans l’Aube !

Son nom figure sur la plaque du mémorial du maquis de Picaussel à Puivert (Aude). Il figure également sur la plaque du mémorial du maquis de Picaussel à Puivert (Aude) et sur la stèle érigée dans la commune d’Alet, à la limite de celle de Luc-sur-Aude, à la mémoire des quatre maquisards de Picaussel morts en action de combat le 17 août 1944.

Voir Alet, aujourd’hui Alet-les-Bains (Aude), 17 août 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article249205, notice SOLIGO, Tiburzan, Primo, Marino par André Balent, version mise en ligne le 27 juin 2022, dernière modification le 8 novembre 2022.

Par André Balent

SOURCES : Arch. com. Alet, état civil, acte de décès de Soligo (prénommé à tort "Marius" dans ce document). — AVCC, Caen, AC 21 P 154993 (Solignat, nc). — SHD, Vincennes, 19 P 11/11, liste nominative des maquisards de Picaussel. — SHD, Vincennes, GR 16P 552340, non consulté. — Julien Allaux, La 2e guerre mondiale dans l’Aude, Épinal, Éditions du Sapin d’Or, 1986, 255 p. [p.193]. — Lucien Maury (dir.), La résistance audoise (1940-1944), tome II, Carcassonne, comité d’Histoire de la Résistance du département de l’Aude, 1980, 439 p. [p. 331-332]. — Lucien Maury, Picaussel, 1944-1994, Puivert, Amicale des anciens du maquis de Picaussel, 1994, 35 p. [p. 29-30, p. 32]. — Sites MemorialGenWeb et Mémoire des hommes, consultés le 26 juin 2022. — Relevé (13 août 2022) par André Balent des noms des victimes du combat du 17 août 1944 dans les gorges de Cascabel, gravés sur la stèle érigée à cet endroit.

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