BELLEVILLE Maxime [pseudonyme Max De Lys]

Par Annie Pennetier, Michel Thébault

Né le 6 mai 1920 à Paris XIIe arr. (Seine), guillotiné après condamnation à mort le 25 août 1943 à Cologne (Allemagne) ; étudiant ; résistant de l’Armée des volontaires.

Maxime Belleville était le fils de André, Justin Belleville (né le 27 janvier 1895 à Pouilly-sur-Loire, Nièvre) ajusteur mécanicien, et de Alice Passé (née le 16 juin 1897 à Laignes, Côte d’Or), téléphoniste, domiciliés 75 avenue d’Italie, Paris (XIIIe arr.). Son père mobilisé en décembre 1914 dans l’infanterie fut blessé à trois reprises en 1915 et 1916, dont le 11 avril 1916 à Verdun. Blessé par balle à la poitrine, il fut réformé, pensionné et décoré de la Médaille militaire en septembre 1916. Maxime Bellevile, le fils aîné eut deux frères Bernard, (né le 9 septembre 1923 à Paris XIIIe arr.), étudiant et Daniel (né le 14 février 1925 à Paris XIIIe arr.) mécanicien. Maxime Belleville, bachelier, fréquenta le Petit séminaire de Paris. Il étudia l’allemand, le russe, le latin et le grec et obtint une licence de philosophie. Au physique, blond aux yeux bleus, il mesurait 1,70 m. En 1938, il s’engagea dans l’armée, fut affecté au 2e Bureau de renseignement, formé à Saint-Cyr. Il voyagea en Allemagne à trois reprises avant 1939.
 
Il s’engagea dès sa création en octobre 1940 dans l’Armée des Volontaires, un réseau de résistance créé à Paris début octobre et qui s’étendit progressivement à tout le nord de la France. Il participa à la réunion fondatrice au 6 rue des Ciseaux, VIe arrondissement, présidée par le commandant René Lhopital, ingénieur civil des mines, ex-officier d’ordonnance du Maréchal Foch. L’activité consista d’abord en aide aux prisonniers évadés en leur fournissant de faux papiers et en les aidant à gagner la zone libre. Au cours de ce même automne 1940, les membres du réseau entreprirent de diffuser un journal,Pantagruel, journal clandestin de Raymond Deiss. Ils commencèrent également immédiatement un travail de recrutement, dans les milieux de l’Action française, des Scouts de France, et des combattants de 39-40. Maxime Belleville participa aux réunions du groupe dirigeant qui se réunissait au café-tabac Le Saint-Sulpice 3 rue du Vieux-Colombier.
 
Cependant dans le courant de l’année 1941 à Paris et en province, l’Abwehr, le service de contre- espionnage allemand, réussit à pénétrer l’organisation. À partir du 9 octobre 1941 eut lieu particulièrement dans la zone Nord occupée, une opération coordonnée d’arrestations ayant pour nom de code « Fall Porto ». Cette opération s’inscrivait dans la politique répressive menée après l’attaque contre l’Union soviétique le 22 juin 1941 et visait principalement les groupes de résistants en liaison avec Londres. La plupart des principaux dirigeants parisiens de l’Armée des Volontaires furent arrêtés en janvier 1942, Maxime Belleville dans les premiers le 21 janvier 1942. « Étant très secret, n’a jamais révélé ses contacts et activités » (SHD). Il fut déporté parmi 45 Volontaires classés "NN" par le transport parti de Paris, gare de l’Est pour Trèves le 9 octobre 1942, prison de Wittlich, puis celles de Rheinbach, et Klingelpütz à Cologne (Köln). Les 27-28 mai 1943, les plus compromis furent jugés par le 2e sénat du Volksgerichtshof (tribunal du peuple allemand) siégeant à Trèves (Trier), accusés d’espionnage, d’aide à l’ennemi et de diffusion d’écrits anti-allemands et condamnés à mort par décapitation pour 16 d’entre eux. Le 27 mai 1943 un premier groupe fut jugé, Charles Domergue, André Lalanne-Picard, Philippe Bonny, Marcel Le Pape, Raymond Cousin, Maxime Belleville et Raymond Deiss furent condamnés à mort.
Le 24 août 1943, à 17 h, Maxime Belleville fut sorti de sa cellule et conduit devant le procureur pour prendre connaissance de la sentence qu’il reçut « tranquillement et avec résignation » avant d’être guillotiné.
L’aumônier de la prison de Cologne indiqua qu’il avait toujours le désir de devenir prêtre et demanda des images religieuses, un chapelet, et de la littérature religieuse. Il écrivit une lettre d’adieu au recteur du séminaire dans lequel il avait été formé et plusieurs lettres à sa famille.
Il a été inhumé dans le cimetière Ouest de Cologne, tombe 125.
 
Son frère Bernard était résistant depuis mars 1943 comme agent P1 puis P2 en avril 1944 du réseau d’évasion Bourgogne, et le 1er juin 1944 au sein du réseau Corvette. La Gestapo l’arrêta le 17 juillet 1944 alors qu’il transportait un pli (il assurait la transmission de courriers entre Paris, Lyon et Grenoble). Le 15 août 1944, il fut déporté de Pantin vers le camp de concentration de Buchenwald dans le convoi des 77000 avec le matricule 77177. Affecté au tunnel de Dora, puis au Kommando d’Ellerich devenu « le bagne des bagnes » pendant l’hiver 1944-1945, épuisé et malade, il mourut dans une marche de la mort vers Nordhausen. Il est porté disparu à compter du 8 mars 1945.
Son deuxième frère Daniel a été homologué résistant FFC au sein du réseau Corvette.
Sa mère Alice fut également déportée dans le même convoi que son fils Bernard vers Buchenwald, puis les femmes furent dirigées vers celui de Ravensbrück, immatriculées dans la série des 57000. Alice Belleville, matricule 57450, fut libérée le 29 avril 1945 à Oschatz, district de Leipzig (Saxe-du-Nord).

Maxime Belleville obtint la mention « Mort pour la France » et a été homologué au grade de commandant àtitre posthume avec prise de rang au 1er août 1943 par décret du 30 juin 1947, parution au JO du 13 juillet 1947 (p. 6692) au titre du SR Armée des volontaires. Il a été reconnu interné résistant (DIR). Il obtint la Médaille de la résistance par décret du 11 mars 1947, publié le 27 mars 1947.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article249230, notice BELLEVILLE Maxime [pseudonyme Max De Lys] par Annie Pennetier, Michel Thébault, version mise en ligne le 29 juin 2022, dernière modification le 29 juin 2022.

Par Annie Pennetier, Michel Thébault

SOURCES : SHD, Vincennes, GR 16P 45087 ; GR P 28446134 (nc). — AVCC, SHD, Caen, 21P 18155 (nc). — Arch. Dép. Paris (état civil, registre matricule) — Mémoire des hommes. — Site internet de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation. — Laurent Thierry (dir), Le livre des 9000 déportés de France à Mittelbau-Dora Camp de concentration et d’extermination par le travail, Cherche Midi, 2020, p. 139.

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