BIGOSE Armand, Ernest, dit Robert

Par Annie Pennetier, Michel Thébault

Né le 3 janvier 1906 à Paris (IXe arr.), guillotiné après condamnation à mort le 31 août 1943 à Cologne (Allemagne) ; cafetier-restaurateur ; résistant de l’Armée des volontaires, chef de secteur (FFC).

Armand Bigose à droite
Armand Bigose à droite

Armand Bigosse était le fils de Marie, Mélanie Bigosse, (âgée de 18 ans), domiciliée 22 rue Condorcet à Paris (IXe arr.) qui le reconnut le 13 mai 1925 à Limeil-Brévannes (Seine-et-Oise, Val-de-Marne), son nom ayant été écrit Bigose. Scolarisé à l’école communale de son quartier parisien, il fut ensuite lycéen à Saint-Flour (Cantal). En 1926, enregistré au bureau de recrutement de l’armée à Versailles (Seine-et-Oise, Yvelines), il fut incorporé pour son service militaire au 25e régiment de tirailleurs algériens à Sarrebourg (Moselle) où il reçut un grade de sous-officier.
Il se maria le 28 avril 1928 avec Jeanne, Marie Pois, puis divorcé il se remaria le 9 juin 1934 avec Marie, Flavie, Alexandrine Daviau (née le 28 septembre 1907 à Falleron,Vendée). En 1935, il tenait un café restaurant au 69 rue des Entrepreneurs, quartier de Grenelle, Paris XVe arr.
Il fut mobilisé en décembre1939 dans le 170e RI (appartenant à la 11e. DI). Après avoir participé à la campagne de la Sarre en septembre 1939, le régiment passa la « drôle de guerre » dans le secteur de Forbach. Après la percée allemande, le 16 mai 1940, il fut ramené sur l’Aisne pour constituer une ligne de défense. Défendant le passage de l’Aisne dans le secteur d’Attichy et Le Croutoy (Oise), le régiment parvint au prix de lourdes pertes à arrêter l’avance allemande les 8 et 9 juin 1940. Armand Bigose subit lors de ces combats « une forte commotion à vie ». Son régiment fit ensuite retraite jusqu’à Limoges où il fut dissout le 6 août 1940. Armand Bigose fut démobilisé à Aix-sur-Vienne (Haute-Vienne) dans la banlieue de Limoges alors en zone libre.
 
Ayant repris son emploi à Paris, il s’engagea dans l’Armée des Volontaires, un réseau de résistance créé à Paris début octobre 1940 et qui s’étendit progressivement à tout le nord de la France. L’activité consista d’abord en aide aux prisonniers évadés en leur fournissant de faux papiers et en les aidant à gagner la zone libre. Au cours de l’automne 1940, les membres du réseau entreprirent de diffuser un journal Pantagruel journal clandestin de Raymond Deiss. Armand Bigose fit également partie de l’Intelligence Service, et fut chargé au début de l’année 1941 former le groupe Sud de l’Armée des Volontaires ce qu’il réalisa dans le courant de l’année 1941 à Paris et en province.
Le 9 juillet 1945, son épouse témoigna de ses actions (dossier SHD op. cit.) : « il était en contact avec Charles Domergue, Iagello, Armand Piret, Cibrario, Renaud, Cadin, Léon Perrot, Valbel, Mme Camara, Cousin et a fourni des renseignements qui ont permis le déraillement et le bombardement du 9 janvier 1942 à Saint-Leu ; a fait passer en Angleterre des plans d’aérodromes de la région parisienne , a servi de boîte à lettres pour le 15e arrondissement ; distribuait le journal Pantagruel ».
 
L’Abwehr, le service de contre- espionnage allemand, réussit à pénétrer l’organisation. A partir du 9 octobre 1941 eut lieu particulièrement dans la zone Nord occupée, une opération coordonnée d’arrestations ayant pour nom de code « Fall Porto ». Cette opération s’inscrivait dans la politique répressive menée après l’attaque contre l’Union soviétique le 22 juin 1941 et visait principalement les groupes de résistants en liaison avec Londres. La plupart des principaux dirigeants parisiens de l’Armée des Volontaires furent arrêtés en janvier 1942, Armand Bigose dans les premiers le 13 janvier 1942. Il fut déporté parmi 45 membres de l’Armée des Volontaires classés "NN" par le transport parti de Paris, gare de l’Est pour Trèves le 9 octobre 1942, prison de Wittlich, puis celles de Rheinbach, et Klingelpütz à Cologne (Köln). Les 27 et 28 mai 1943 les membres de l’Armée des Volontaires furent jugés par le 2e sénat du Volksgerichtshof siégeant à Trèves. Armand Bigose fit partie du groupe des condamnés à mort du 28 mai. Les condamnés à mort furent transférés à la prison de Rheinbach, puis les exécutions par guillotine eurent lieu à la prison de Klingelpütz à Cologne. Le groupe dont faisaient partie Jean Stephan, Roger Cadin, André Bergez, André Guilbaud, Georges Iagello, Gustave Silberberg, Armand Bigose, Léon Perrod, et Armand Piret fut guillotiné le 31 août 1943. Armand Bigose fut inhumé au cimetière ouest de Cologne.
 
Il obtint la mention « Mort pour la France ». Chargé de mission de 1ère classe, P2 depuis janvier 1941, il fut homologué capitaine, par décret du 30 juin 1947 avec prise de rang au 1er août 1943, résistant FFC, décoré de la Croix de guerre avec trois palmes.
Inhumé au Mont-Valérien (lettre du 25 juin 1947) le Jury d’honneur de la France combattante (dossier SHD Vincennes) présidé par le médecin-colonel Lormeau demanda que le corps de Bigose soit retiré du Mont-Valérien, étant donné « l’indignité qui s’y rattache » au nom des « fautes commises après son arrestation ». Le transfert du Mémorial de la France combattante eut lieu le 18 juin 1960. Il a été inhumé dans le carré militaire de Thiais (Seine, Val-de-Marne).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article249241, notice BIGOSE Armand, Ernest, dit Robert par Annie Pennetier, Michel Thébault, version mise en ligne le 9 juillet 2022, dernière modification le 23 novembre 2022.

Par Annie Pennetier, Michel Thébault

Armand Bigose à droite
Armand Bigose à droite

SOURCES : SHD Vincennes GR 16P 59535.— SHD AVCC, Caen, 21P 23168 (nc). — État civil, Paris IXe arr. 9N 151, acte 15, vue 3/31.— Site internet de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation. — Mémoire des Hommes. — Mémorial Genweb.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable