SCHWARZ Arturo (Tristan Sauvage)

Arturo Schwarz était né à Alexandrie (Égypte), d’un père ingénieur chimiste, juif allemand, et d’une mère italienne. Étudiant en philosophie et en sciences naturelles, il fut d’abord communiste puis trotskyste, membre de la Quatrième Internationale en Égypte. Arrêté en janvier 1947, torturé – il dut être amputé d’un doigt de pied à la suite d’une gangrène occasionnée par les mauvais traitements subis -, il fut transféré en mai 1948 de la prison d’Alexandrie au camp de concentration d’Aboukir. Après deux ans d’internement, il fut expulsé d’Égypte en février 1949 et trouva refuge en Italie, le pays d’origine de sa mère. Il participa à la fondation de la section italienne de la Quatrième Internationale. Installé à Milan et sans ressources à son arrivée, il réussit à créer une maison d’édition en 1952, poursuivant le travail d’éditeur qu’il avait amorcé en Égypte dès 1945. ]]]Il édita des écrits politiques (Léon Trotsky, Daniel Guérin, Pierre Naville, Maurice Nadeau, mais aussi des livres d’artistes ou d’écrivains, André Breton, Benjamin Péret et même Albert Einstein. Il écrivait lui-même sous le pseudonyme d Tristan Sauvage. Pour appuyer son travail d’éditeur, il ouvrit une librairie à Milan qui devint également une galerie d’art à partir de 1954. Il y a exposé les surréalistes et les dadaïstes, mas aussi les nouveaux réalistes comme Arman, Martial Raysse ou Daniel Spoerri : « une caverne d’Ali Baba remplie d’œuvres surréalistes, d’art primitif et de livres », selon Roxana Azimi (2021).

Il était l’ami d’André Breton – en correspondance avec lui depuis 1944 -, mais aussi de Marcel Duchamp. Ils firent connaissance à New York en 1954. Il rédigea une monographie sur l’artiste et le catalogue raisonné de son œuvre, publié en 1969. Il a travaillé à ce catalogue pendant dix ans, principalement dans les fonds du Philadelphia Museum of Art, du Museum of Modern Art (MOMA) de New York et à la Yale University Art Gallery. En outre, il édita treize de ses ready-made les plus importants, dont sept avaient disparu. En 1972, il offrit les treize ready-made de Duchamp au Musée d’Israël à Jérusalem. À partir de 1975, il ferma son espace pour se consacrer à l’écriture. Il consacra notamment un ouvrage à la Kabbale (2005). Il devint citoyen israélien au début des années 2000, mais continuait à s’affirmer laïque et subversif, comme en témoigne le titre de son essai : « Sono ebreo anche. Riflessioni di un ateo anarchico » (2007), traduit en français sous le titre : « Être juif, aussi. Réflexions d’un athée anarchiste ». Son dernier livre, écrit à l’âge de 90 ans, lors de son mariage avec Linda, qui partageait sa vie depuis cinq ans, est un hymne à la vie, à l’amour : « L’amore a novant’anni » (2014). À la fin des années 1990, il avait légué plus de 700 œuvres (A. Breton, M. Duchamp, Man Ray, Hans Arp …) à la Galleria d’Arte Moderna à Rome.
Arturo Schwarz était polyglotte, outre l’italien, l’allemand, l’anglais, il parlait « un français parfait » (Roxana Azimi, 2021).