GASPARD Jules, Jean

Par André Balent

Né le 20 août 1912 à Bouleternère (Pyrénées-Orientales) ; mort le 1er juillet 1987 à Bouleternère ; agriculteur à Bouleternère ; militant de l’Union progressiste, du PSA, du PSU, de la SFIO, du PS ; militant de la coopération agricole ; maire de Bouleternère (1953-1983).

[Archives d’Odette Coste, cliché André Balent]

Son père, Jean Gaspard, était né à Saint-Michel-de-Llotes le 26 février 1881 ; sa mère, Constance Fines, était née à Bouleternère le 5 octobre 1884. Tous deux, athées, étaient des sympathisants communistes. Ils travaillèrent à Bouleternère sur une exploitation agricole (cultures maraîchères et fruitières).

Jules Gaspard, qui hérita des convictions athées de ses parents, se maria à avec Georgette Clottes, née à Bouleternère le 6 mars 1912. Le couple eut deux enfants : Odette, libraire à Perpignan, née à Bouleternère le 5 décembre 1935 ; Jean, agriculteur, né le 28 mars 1938. À l’issue de sa scolarité primaire, Jules Gaspard obtint le certificat d’études primaires. Par la suite, grand lecteur, il acquit une culture d’autodidacte qu’il compléta pendant sa captivité en Allemagne puis en Galicie : il avait alors un cahier où il consignait des notions de français et de mathématique (règles de trois, calculs de racines carrées et d’intérêts, dictées, compositions françaises).

À l’exception des années de service militaire, de la campagne de 1939-1940 et de sa captivité, il passa toute sa vie dans son village natal où il s’occupa de la gestion de son exploitation agricole.

Après avoir participé à la campagne de 1939-1940, il fut fait prisonnier et fut interné en Allemagne dans le camp de prisonniers d’Ihringen. Un document manuscrit, trouvé dans les archives familiales, fait également état du « stalag 369, Kobierzyn über Krakau (Cracovie) 2, Gouvernement général [de Pologne] ». Il s’évada à deux reprises et fut repris à chaque fois. Lors de la deuxième tentative, sa capture s’explique par le secours qu’il porta à de deux de ses camarades en difficulté lors de la traversée d’un fleuve. Il refusa toujours de travailler pour les Allemands. Cette double tentative d’évasion et son refus de tout travail motivèrent son transfert au camp de Rawa Ruska, soustrait aux réglementations prévues par la convention de Genève, dans la partie de la Pologne annexée par les Soviétiques en septembre 1939 et occupée par les Allemands en juin 1941. Les conditions de vie y étaient très dures au point que Jules Gaspard, ainsi qu’il le confia à sa fille, dut parfois se résoudre à manger de l’herbe. Il y fut interné du 11 mars 1943 au 18 mai 1945. D’ailleurs, les prisonniers transférés à Rawa Ruska furent, après la guerre, considérés comme des résistants. La carte d’« interné résistant » fut délivrée à Jules Gaspard le 16 juillet 1956. Il adhéra à « Ceux de Rawa Ruska, Union nationale des déportés de Rawa Ruska »

Jules Gaspard fut toujours très impliqué dans la vie de son village et dans la gestion des organisations professionnelles. Il fut administrateur de la caisse locale du crédit agricole d’Ille-sur-Têt. Pendant de nombreuses années, il présida aux destinées de la coopérative agricole « La Melba » de Bouleternère, de la coopérative « Ille Fruits » d’Ille-sur-Têt, de la cave coopérative viticole d’Ille-sur-Têt. Au plan départemental, il siégea aux conseils d’administration de l’Union des coopératives agricoles et de la caisse régionale du Crédit agricole des Pyrénées-Orientales. Il fut un administrateur de l’Association syndicale autorisée de l’important canal d’irrigation du canal de Corbère et de celle du canal Boulès-Bouleternère. Ses réseaux de sociabilité étaient étoffés par son passé sportif : nageur, il fut longtemps joueur de rugby à XIII et fut un adhérent de poids d’Ille XIII.

Jules Gaspard fut élu conseiller municipal de Bouleternère en octobre 1947 sur la liste conduite par de François Garrigue, le maire de la Libération. François Garrigue lui demanda de devenir son second ajoint le 4 mai 1952. À la suite du décès de François Garrigue, à la fin de décembre 1952, Jules Gaspard fut élu maire de Bouleternère le 3 mai 1953 à l’occasion du renouvellement général des conseils municipaux. Il demeura maire de sa commune natale jusqu’en 1983.

À la fin des années 1940 et au début des années 1950, il fit partie du noyau départemental de l’Union progressiste (voir Jean Font et Cyprien Lloansi). Très engagé, il adhéra ensuite au Parti socialiste autonome (PSA) et, enfin, au Parti socialiste unifié (PSU) dont il fut membre de la commission exécutive fédérale. Ce fut en qualité de membre de cette instance qu’il démissionna du PSU en septembre 1964, en même temps que le secrétaire fédéral René Chauvet. Il renoua avec la SFIO et continua ensuite, après le congrès d’Épinay, de militer au PS jusqu’à sa mort.

À l’Union progressiste, Jules Gaspard participait à la rédaction de Clartés, publication irrégulière de l’Union progressiste fondée à Prades en 1954 par Jean Font*. Le numéro 13 de Clartés présenta sa candidature aux cantonales des 20 et 27 avril 1958 dans le canton de Vinça (Pyrénées-Orientales). Candidat de l’Union progressiste, il obtint 206 voix au premier tour de scrutin. Il affrontait aussi Gaston Igonet (PCF) et Henri Conte (SFIO) qui fut élu au second tour face au radical Sébastien Galia, deuxième adjoint au maire d’Ille-sur-Têt.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24933, notice GASPARD Jules, Jean par André Balent, version mise en ligne le 10 mars 2009, dernière modification le 22 août 2014.

Par André Balent

[Archives d’Odette Coste, cliché André Balent]
Carte d'interné résistant de Jules Gaspard
Carte d’interné résistant de Jules Gaspard
[Archives d’Odette Coste, cliché André Balent]
[Archives d’Odette Coste, cliché André Balent]

SOURCES : Arch. Dép. Pyrénées-Orientales, 110 J 8, fonds PSU. —Arch. familiales, Odette Coste. —Roger Bernis, Roussillon politique du réséda à la rose…, t. 1. — Le Temps de Quatrième (1944-1958), Toulouse, Privat, 1984, p. 87 et 217. — L’Indépendant, quotidien, Perpignan, 20 juillet 1987 : « Dernier hommage à notre ancien maire ». — Réponse à un questionnaire par sa fille, Odette Coste, née Gaspard, Toulouges, novembre 2008.

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