KOTCHETKOVA Zénaïde, dite Zoé (Зинаида Митрофановна Протопопова Кочеткова, Zinaida Mitrofanovna Protopopoff (sic)/Protopopova Kotchetkova). Pseudonymes : Zeka, Z.K., Z. Ko-va, Брюсселец (« Brûsselec »).

Par Martin Georges

Pokrovskoïe (pr. Ekaterinoslav, Empire de Russie ; aujourd’hui Pokrovske, oblast de Dnipropetrovsk, Ukraine), 25 avril 1872 – Bruxelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), 26 avril 1954. Socialiste, féministe, journaliste, traductrice, première femme docteure en sciences économiques de l’ULB, professeure à l’École ouvrière supérieure, membre de la Commission syndicale du POB, déléguée du Conseil national des femmes belges (CNFB), première secrétaire adjointe de la Fédération belge de l’Ordre maçonnique mixte international Le Droit humain.

Z. Kotchetkova ©Archives Générales du Royaume. Toute reproduction est interdite. (Dossier 656.405 - police des étrangers).
Z. Kotchetkova ©Archives Générales du Royaume. Toute reproduction est interdite. (Dossier 656.405 - police des étrangers).

Originaire de l’Empire de Russie, Zénaïde Mitrofanovna Protopopoff (sic, en français)/Protopopova (en russe) naît en 1872, à Pokrovskoïe, dans la province d’Ekaterinoslav. Son père, Mitrofan Protopopoff, est instituteur puis avocat à Moscou (Empire russe ; aujourd’hui Fédération de Russie). Sa mère est Claudine Toumanoff (Moscou, 1846 – Leiden (Leyde, pr. Hollande-Méridionale, Pays-Bas), 1921), fille de Michael Toumanoff. Le 23 avril 1897, Zénaïde, âgée de 24 ans, se marie avec Wenceslas Kotchetkof.

En octobre 1899, à l’âge de 27 ans, Zénaïde quitte définitivement Moscou et son époux pour Bruxelles. Elle y sera rapidement rejointe par sa mère. L’époux de Zénaïde ne l’accompagne pas. Il semble que la séparation de fait ait lieu précocement. Dans la future République soviétique, Wenceslas Kotchetkof deviendra professeur de chimie organique à l’Université de Nijni Novgorod (Empire russe ; (aujourd’hui oblast de Nijni Novgorod, Fédération de Russie). De son côté, Zénaïde s’installe d’abord à Ixelles, rue de l’Athénée, numéro 28. Dès son arrivée, elle s’inscrit à l’Université libre de Bruxelles (ULB). Suivant l’usage, la Police des étrangers ouvre un dossier libellé à son nom. En 1900, en réponse à la demande de la Sûreté publique à Bruxelles, le département de la police du ministère de l’Intérieur de Russie alerte les autorités du Royaume. Selon la réponse envoyée à la Belgique, Madame Kotchetkova « a été pendant son séjour en Russie (sic) en relations constantes avec des personnes professant les idées (sic) révolutionnaires ». Dès lors, la suspicion de la Sûreté ne quitte plus la jeune russe, qui bénéficie d’un volumineux dossier d’enquête, fort peu concluant, documentant principalement ses multiples changements d’adresse et sa fréquentation d’immigrés russes.
L’année 1900 voit le début de l’implication de Zénaïde Kotchetkova dans le Parti ouvrier belge (POB). Zénaïde travaille en particulier à la Commission syndicale du POB (CS). Polyglotte, elle y joue le rôle de traductrice et prend la parole concernant les activités socialistes à l’étranger. Il lui arrive également de présider une séance ou d’en être la représentante, comme lors d’une réunion pour la création d’une université populaire en 1901.

Socialiste, féministe, humaniste

Syndicats, universités populaires, École ouvrière supérieure, journaux, revues, conférences, Zénaïde Kotchetkova passe la majeure partie de sa vie en Belgique et y multiplie les implications militantes et les réseaux de sociabilité. Deux engagements politiques marquent son existence : le féminisme et le socialisme. À ses yeux, ces deux combats sont intrinsèquement liés : l’amélioration de la condition des travailleuses et des travailleurs allant de pair avec l’émancipation des femmes. À l’ULB, Zénaïde joint ces deux sujets et soutient en 1903 une thèse en sciences économiques sous la direction du professeur Émile Waxweiler qui vient d’être nommé à la tête du nouvel Institut de sociologie de l’Université fin 1902. Les Recherches statistiques sur certains facteurs agissant sur les salaires des femmes en Belgique sont reçues avec une grande distinction. Le jury, composé d’Eugène Goblet d’Alviela, Hector Denis et Émile Waxweiler, invite Kotchetkova à publier le fruit de son travail. Féministe en paroles et en actes, Zénaïde Kotchetkova devient ainsi la première femme docteure ès sciences économiques diplômée de l’ULB. Cet événement est d’ailleurs salué en première page de La Fronde (11 août 1903), premier journal francophone féministe entièrement conçu et dirigé par des femmes.

En juin 1903, « Zeka » participe au Congrès des femmes socialistes et y prend la parole pour défendre l’alliance avec le féminisme. Selon la citoyenne Olga Tordeur et la majorité des militantes présentes, le féminisme est un courant bourgeois, visant uniquement l’égalité des sexes. Dès lors, il doit être condamné et distingué du combat socialiste ayant pour fin « une modification sociale ». Contre cette position, Zénaïde Kotchetovka défend la conception d’un socialisme intrinsèquement humaniste, et donc féministe : « Il y a un malentendu au sujet du féminisme ; le parti socialiste est essentiellement humanitaire, et il ne peut s’opposer à l’avènement d’une partie de l’humanité. Nous ne voulons pas lutter contre les hommes, au contraire, nous voulons que la fraternité existe entre les deux sexes ». Parmi les féministes socialistes, elle est alors proche d’Isabelle Gatti de Gamond.

L’engagement syndical

Dès 1900, Zénaïde Kotchetkova s’implique dans la CS. Sa connaissance des langues étrangères est un atout. L’une de ses premières interventions à la CS (vendredi 23 novembre) porte ainsi sur « la presse syndicale en Allemagne ». En 1901, Kotchetkova est représentante de la CS pour la création d’une université populaire, probablement Le Foyer intellectuel de Saint-Gilles, (Le Peuple, 3 juin 1901 et 21 juin 1901), et en 1903, elle devient secrétaire du comité de L’Émancipation, l’Université ouvrière de la Maison du peuple de Bruxelles. Dans ces instances, elle côtoie des membres fondateurs de la CS comme Auguste Dewinne et Alphonse Octors*, qui en est le premier secrétaire dès 1898.

Le 25 et 26 décembre 1904, Kotchetkova participe au VIe Congrès de la Commission syndicale. Elle y présente un rapport visant la constitution d’une caisse nationale de grève. Il s’agit d’un sujet délicat. Les organisations syndicales affiliées défendent généralement leur autonomie contre toute forme de centralisation. En avance sur son temps, cette proposition n’aboutit pas. Durant cette période, Kotchetkova est correspondante et écrit des articles pour la presse russe. En 1912, elle fonde un syndicat de journalistes avec plusieurs confrères établis à Bruxelles, l’Association de la presse étrangère, qui défend les intérêts des journalistes étrangers. Elle est alors correspondante officielle pour la Речи (« Retch ») de Saint-Pétersbourg (Empire russe ; aujourd’hui Fédération de Russie), le journal du Parti constitutionnel démocratique (KDP – acronyme du nom en russe) dit des « cadets » – le parti libéral russe.

Attachée à l’Institut Solvay

Après avoir dirigé sa thèse, Émile Waxweiler engage Zénaïde Kotchetkova comme attachée à l’Institut Solvay. Parmi ses différentes activités, elle participe au séminaire d’économie politique mené par Waxweiler. Elle y discute notamment de l’assurance chômage. Elle publie aussi des comptes rendus dans les Archives sociologiques de l’Institut. Du 4 au 8 octobre 1910, Kotchetkova participe au IIe Congrès international d’hygiène alimentaire et de l’alimentation rationnelle de l’Homme, organisé à Bruxelles. Elle y expose ses recherches sur « l’influence du milieu sur l’alimentation », analysant les différences existantes parmi les populations ouvrières, selon qu’elles vivent à la campagne, dans les centres industriels ou dans les grandes villes. Dans sa présentation, Kotchetkova mentionne les recherches d’Émile Vandervelde* sur les « villes tentaculaires » et l’exode rural. La première femme docteure en sciences économiques de l’ULB profite aussi de cet emploi à l’Institut Solvay pour organiser des visites de l’Institut de Sociologie, au parc Léopold, pour la section du livre et de la presse du Conseil national des femmes belges (CNFB). Fondée en 1906, la section du livre et de la presse a pour volonté de réunir les femmes de lettres, journalistes, travailleuses du livre et amatrices de littérature en Belgique.

L’engagement maçonnique

Le 24 mai 1912, la première loge belge de l’Ordre maçonnique mixte international "Le Droit humain" est installée à Bruxelles. Ce 45e atelier du Droit humain, ayant pour nom « Égalité », offre pour la première fois, dans le monde maçonnique belge, un espace de mixité et d’égalité concrète entre les deux sexes. Si les instances du Grand Orient de Belgique (GOB) s’opposent toujours formellement à l’acceptation pleine et entière des femmes en franc-maçonnerie, l’installation de l’atelier est néanmoins réalisée grâce au secours, à la participation et à la volonté de membres progressistes des Amis philanthropes (AP), qui offrent leurs locaux, rue du Persil (Bruxelles), pour la création de la nouvelle loge ; une poignée d’AP deviennent d’ailleurs membres de ce nouvel atelier.
Dans ses premières années, le milieu social du « 45-Égalité » est celui de la bourgeoisie bruxelloise, intellectuelle, de conviction socialiste ou libérale progressiste. Citons notamment le pédagogue Ovide Decroly, les socialistes Émile et Valentine Vinck, Eugène Monseur – professeur et fondateur de la Ligue belge des Droits de l’homme [aujourd’hui Ligue des Droits humains] –, et sa compagne Louise Monseur-Sury, future épouse d’Hippolyte Vanderrydt, militant du POB et premier traducteur des livres II et III du Capital de Marx en français. En sont également membres la socialiste et féministe Céline Dangotte-Limbosch, cofondatrice de la Fédération belge pour le droit de vote des femmes, ainsi que Lucie Royer, fille du député socialiste Émile Royer*. Très rapidement, Zénaïde Kotchetkova participe aux travaux. Les sujets traités manifestent un intérêt prononcé des « frères » et des « sœurs » de l’atelier pour les questions sociales, ouvrières, éducatives et féministes. Entre 1912 et 1914, Zénaïde y prononce un exposé sur l’alimentation des ouvriers, son sujet de recherche. Bien plus tard, en 1928, témoignage de son assiduité dans le travail maçonnique, elle inaugure la fonction de secrétaire adjointe de la Fédération belge du Droit humain, nouvellement constituée en raison de la multiplication d’ateliers mixtes sur le sol belge.

Une « socialiste-révolutionnaire » à Bruxelles

En sus de ses relations avec les intellectuels et militants bruxellois, Zénaïde Kotchetkova fréquente également les immigrés russes de la capitale belge. L’un des rapports de la Police des étrangers la rapproche notamment du bulgare Boris Simidov, tandis qu’une note, griffonnée à la hâte, la présente – probable fantasme policier – comme une amie de Lénine. À partir des éléments épars dont nous disposons, il est possible de conjecturer sur le positionnement politique russe de Kotchetkova. En effet, si nous prenons en compte ses origines, ses écrits dans la revue socialiste-révolutionnaire Заветах [« Zavety » (Préceptes), 1913-1914] et la revue Современнике (« Sovremennik », Le Contemporain), ainsi que son opposition future à la Russie bolchévique, elle paraît proche du Parti socialiste-révolutionnaire de Russie (PSR).

Vers 1910, Zénaïde Kotchetkova rencontre d’ailleurs la célèbre socialiste-révolutionnaire Vera Figner, de passage à Bruxelles. Membre du groupe « Narodnaïa Volia », Figner avait été arrêtée (1883) et condamnée en tant qu’organisatrice de l’assassinat du Tzar Alexandre II en 1881. Après vingt ans d’emprisonnement, elle témoigne inlassablement des conditions vécues dans les prisons russes et préside le Comité de secours aux prisonniers politiques russes condamnés aux travaux forcés, raison de son passage dans la capitale belge. Kotchetkova et sa mère sont membres de la branche bruxelloise. Les mémoires de Vera Figner, qui relatent sa visite à Bruxelles, permettent de découvrir en la personne de Claudine Toumanoff-Protopopova, la mère de Kotchetkova, une trésorière énergique et décidée.

En 1925, toujours en lien avec l’immigration russe à Bruxelles, « la citoyenne Zéka » publie une lettre dans le journal Le Peuple (16 avril 1925), appelant les camarades du POB à faire des dons en faveur de « La maison des enfants russes ». Sise au numéro 2, avenue du Duc Jean à Ganshoren (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), cette maison, dirigée par Mme Kouzmine-Karavaeff, vient en aide aux enfants réfugiés de la guerre civile.

La Grande Guerre

En août 1914, l’Allemagne envahit la Belgique. Vers 1916, Zénaïde Kotchetkova part pour les Pays-Bas. Elle travaille pour le consulat de Russie. Son collègue et ancien directeur de thèse, Émile Waxweiler, rejoint la Suisse et rédige plusieurs défenses de la Belgique qu’il présente comme la victime de la violation du droit international. En 1916, les éditions Sabashnikov publient à Moscou la traduction en langue russe réalisée par Kotchetkova de l’ouvrage de Waxweiler sur « La Belgique neutre et loyale » : Бельгия в великой войне, ее нейтралитет и лояльность (« Belʹgiâ v velikoj vojne, ee nejtralitet i loâlʹnostʹ » ; édition en français : Lausanne, Payot, 1915). Cette traduction s’ajoute aux nombreuses versions en langues étrangères de l’ouvrage.

Enseignante à l’École ouvrière supérieure (EOS)

Depuis son arrivée à Bruxelles en 1900, l’engagement de Zénaïde Kotchetkova en faveur de l’éducation ouvrière et populaire ne s’est pas démenti. Saint-Gilles, Schaerbeek (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), Fontaine-l’Evêque (pr. Hainaut, arr. Charleroi), Charleroi, universités populaires, extensions universitaires, Kotchetkova donne de nombreux cours et conférences dans le pays, principalement sur le féminisme et la Russie.

Le 8 septembre 1921, la mère de Zénaïde meurt à Leiden aux Pays-Bas où elles résident toutes les deux. Un mois plus tard, Kotchetkova obtient un visa pour Bruxelles, afin de remplir les fonctions de bibliothécaire monitrice à l’École ouvrière supérieure (EOS), initialement dirigée par Henri De Man. Elle est, avec Max Buset, chargée du suivi quotidien des élèves de l’école. En plus de ces fonctions, Kotchetkova donne plusieurs cours sanctionnés d’examens : un cours sur les coopératives, un autre sur les statistiques et l’administration – tous deux en collaboration avec Victor Serwy –, ainsi qu’un enseignement sur l’« Histoire des doctrines économiques et socialistes », en compagnie d’Émile Vandervelde et Hippolyte Vanderrydt – ce dernier étant rapidement remplacé par Léon Delsinne*, le nouveau directeur de l’EOS.
Le 21 août 1922, lors de la Quinzaine internationale, Kotchetkova, toujours impliquée dans les associations féministes, assure la fonction de déléguée du Conseil national des femmes belges, aux côtés de Marie Derscheid-Delcourt, Marie Parent, Céline Dangotte Limbosch et Hélène Antonopoulo.

« Soyons européens »

En 1929, la socialiste originaire de l’Ukraine actuelle, membre du POB – et qui signe d’ailleurs certains articles russes sous le pseudonyme de « Bruxellois » –, publie Soyons européens. Visant la diffusion des conceptions défendues par Richard Coudenhove-Kalergi dans son livre-manifeste Paneuropa (1923 ; version française : Pan-Europe, Paris, Vienne, Éditions paneuropéennes, 1927), Zénaïde Kotchetkova appelle les européens à s’unir politiquement en constituant une Fédération européenne, ce projet se justifiant ultimement par « l’unité de la culture de l’Europe occidentale (qui) nous donne le droit de parler de la Nation européenne ». Elle considère que l’Empire britannique s’est détaché de l’Europe pour devenir une « fédération intercontinentale », tandis que la Russie (dénomination officielle : République socialiste fédérative soviétique de Russie, membre de l’URSS), en « renonça(nt) à la démocratie », a renoncé à son statut d’État européen pour devenir « une puissance mondiale "eurasienne" ». Pour Kotchetkova, la montée en puissance de l’Amérique et de l’Asie signifie que l’Europe a « perdu définitivement son hégémonie mondiale ». Néanmoins, elle « peut encore devenir la cinquième puissance mondiale égale aux autres ». Pour ce faire, il faut fonder une fédération, « l’union économique des démocraties du continent ». Apparaîtraient ainsi les États-Unis d’Europe organisés sur le modèle des États-Unis d’Amérique. Selon l’autrice, plus rien ne s’y oppose politiquement, puisque tous les États en question sont à présent des démocraties. Seul demeure un « obstacle psychologique » contre lequel il convient de lutter. Appuyant son propos par une longue citation du socialiste allemand Georg Ledebourg, Zénaïde Kotchetkova considère la Fédération paneuropéenne comme une idée socialiste, bénéfique aux ouvriers. À l’inverse, elle situe ses adversaires parmi « les chauvinistes nationaux, les communistes, les militaristes et les protectionnistes ». Du point de vue géopolitique, l’autrice considère, malgré son opposition au communisme russe, que la Fédération paneuropéenne devrait entretenir de bonnes relations avec l’Union soviétique, conçue à la fois comme puissance séparée et nécessaire complément économique. Kotchetkova appelle donc à la reconnaissance, à la normalisation et à la restauration des relations commerciales avec l’URSS, partant du respect partagé de frontières existantes.

Fin de carrière

Approchant la soixantaine, Zénaïde Kotchetkova délaisse peu à peu ses activités militantes et les conférences qu’elle dispense depuis des décennies (voir Œuvre). Vers 1930, elle est engagée à la Société financière de transports et d’entreprises industrielles (SOFINA) à Ixelles. Le 13 mai 1931, le journal catholique et antimaçonnique La Libre Belgique (aujourd’hui La libre) publie l’un de ses nombreux articles énumérant le nom de francs-maçons. Cette fois, c’est au tour de la franc-maçonnerie mixte en Belgique, le Droit humain, d’être pointée du doigt. Comme bien d’autres, le nom de Kotchetkova est alors livré aux lecteurs de ce journal conservateur, monarchiste et clérical, qui peuvent même y apprendre – entre autres informations puisées dans des publications internes de l’Obédience – le titre véridique d’un exposé prononcé en loge par Zénaïde, portant sur un sujet qu’elle connaît particulièrement bien pour avoir été l’une de ses principales animatrices : Les Œuvres d’éducation du Parti ouvrier belge.

Femme indépendante, pionnière, militante, traductrice, chercheuse, enseignante, Zénaïde Kotchetkova meurt apatride à l’Hôpital Saint Pierre, à Bruxelles, le 26 avril 1954, à l’âge de 82 ans.

ŒUVRE :

-  Publications du Parti ouvrier belge : Articles sous le pseudonyme « Zéka », dans Le Peuple et L’Avenir socialSoyons Européens, Bruxelles, L’Églantine, 1929.

-  Thèse et travaux en sciences économiques : Recherches statistiques sur certains facteurs agissant sur les salaires des femmes en Belgique, Thèse pour le doctorat en Sciences économiques, Université de Bruxelles, 1903 (Jury : MM. Goblet d’Alviela, Hector Denis et Emile Waxweiler) – SLOSSE A. et WAXWEILER E., avec la collaboration de VAN DE WEVER E. et KOTCHETKOVA Z., Recherches sur le travail humain dans l’industrie, t. 1 ; Enquête sur le régime alimentaire de 1,065 ouvriers belges, Institut de Sociologie, Bruxelles, 1910 – « Travailleurs au rabais (P. Gemaeling) » [compte rendu], Institut de Sociologie-Institut Solvay, n° 6, 1910, p. 97(1)-97(6) – « Mécanisme de la concurrence des groupes sociaux dans la détermination des salaires », Archives sociologiques de l’Institut – « L’influence du milieu sur l’alimentation », dans IIe Congrès international d’hygiène alimentaire et de l’alimentation rationnelle de l’homme, vol. 1, Bruxelles, Weissenbruch, 1910, p. 261-264.

-  Exemples d’articles dans la presse russe : З. Кочеткова, « Лорд Ретлэнд Шекспир (Письмо из Брюсселя) », Речь, 333, 4 декабря 1912, « Lord Retlènd Šekspir (Pisʹmo iz Brûsselâ) » [Lord Rutland est Shakespeare (lettre de Bruxelles)], journal Речи « Retch » [Discours], n° 333, 4 décembre 1912 [article écrit au sujet du livre de Célestin Demblon (député POB), Lord Rutland est Shakespeare. Le plus grand des mystères dévoilé. Shaxper de Stratford hors cause, Paris, Paul Ferdinando, 1912] – З. Кочеткова, « Беглецы из немецкого плена », Русские записки, 10, 1915, С. 133-152 (« Beglecy iz nemeckogo plena », Russkie Zapiski, 10, 1915, p. 133-152).

-  Cours à l’École ouvrière supérieure : Avec SERWY V., La coopération : cours en 18 leçons, Bruxelles, 1923 ; Statistique : éléments d’administration et technique de bureau, Bruxelles, 1923 – Avec VANDERVELDE E. et DELSINNE L., Histoire des doctrines socialistes : cours en 18 heures, Bruxelles, 1924.

-  Cours à l’Extension universitaire : La Russie : évolution historique, pays et peuples, Bruxelles, 1914.

-  Autre : Zéka, « La femme finlandaise et son émancipation », La société nouvelle, 17e année, t. III, 1912, 2e série, vol. XXXXIII, p. 151-163 – Traduction en langue russe : Ваксвейлер Э., Бельгия в великой войне, ее нейтралитет и лояльность, WAXWEILER E. , Belʹgiâ v velikoj vojne, ee nejtralitet i loâlʹnostʹ, Moscou, Sabashnikov, 1916 – Traduction en langue russe : Вандервельде Э., Социализм и земледелие, Образование, VANDERVELDE E., Socializm i zemledelie (socialisme et agriculture), Obrazovanye, date non mentionnée dans les sources consultées [probable traduction de l’ouvrage suivant : VANDERVELDE E., Socialisme et agriculture, Bruxelles, Lamertin, 1906].

-  Relevé de conférences annoncées dans la presse belge : 31 mai 1905, « Le mouvement suffragiste anglais », à la Maison du Livre à 16h, dans La Dernière Heure, 31mai 1905 – 7 février 1909, « Les assurances patronales contre les grèves », à la Commission syndicale de la province de Liège, dans LOMBARD Alf., « L’organisation syndicale à base multiple », Journal de Charleroi, 20 février 1909 – 20 février 1909, « Le mouvement féministe en Angleterre. Les suffragettes », « avec projections », au Foyer intellectuel de Saint-Gilles, 80 rue du Fort, dans Le Soir, 19 février 1909 – 15 mai 1912, visite de l’Institut de Sociologie (parc Léopold), pour la Section du livre et de la presse du Conseil national des femmes belges, dans L’Indépendance belge, 1er mai 1912 – 31 mai 1911, « Le mouvement suffragiste anglais », Section du Livre et de la Presse du Conseil national des femmes belges, dans Le Soir, 28 mai 1911) – 6 octobre 1912, « La Russie d’Europe : le pays, les peuples […] avec projections lumineuses », à Fontaine-l’Évêque, dans le salon de Monsieur Léon Jaupain, place de l’Hôtel de Ville, dans La Gazette de Charleroi, 30 septembre 1912 – 4 novembre 1913, « La Russie », Université populaire de Schaerbeek, dans La Dernière Heure, 4 novembre 1913 – 4 février 1914, « Histoire de la population », première leçon sur la Russie à L’extension Universitaire, à La Bourse de Charleroi, dans Journal de Charleroi, 4 février 1914 – 4 mars 1914, « La Finlande, les provinces baltiques, la Pologne », quatrième leçon sur la Russie, à l’Extension universitaire, La Bourse de Charleroi, dans Journal de Charleroi, 3 mars 1914) – 30 mars 1914, « À travers la Russie », conférence donnée à l’Essor intellectuel, à l’Université populaire de Koekelberg, dans L’Indépendance belge, 30 mars 1914 – Jeudi 7 janvier 1926, « La Russie d’hier et d’aujourd’hui », conférence donnée à L’Essor intellectuel, à la maison communale de Koekelberg, dans Gazette de Charleroi, 2 février 1914 – Le 17 janvier 1928, « La femme à travers les âges », organisé par la Société belge pour l’amélioration du sort de la femme, à la Maison Yvonne Vieslet, Chée de Vleurgat, dans Le Soir, 16 janvier 1928 – Le 12 avril 1930, à 20h15, « Tolstoï et Dostoïewsky (sic.) », à la Société théosophique belge, 51 rue du Commerce, dans L’Indépendance belge, 12 avril 1930) – 28 décembre 1930, « La femme à travers les âges », à Spa, dans La Meuse, 29 novembre 1930.

SOURCES : Archives générales du Royaume, Police des étrangers, dossier individuel n° 656.405, « Protopopoff ou Kotchetkova, Zénaïde-Zeka » – Archives d’État de Leiden (Pays-Bas), Overlijdensakten 1921, archiefnummer 0516, Stadsarchief van Leiden [Stadsbestuur (SA III)] (1816-1929), inventarisnummer 5042, aktenummer 697 – La presse quotidienne belge (1900-1930) – Histoire de la Fédération belge du Droit humain, t. 1 : Des origines à la guerre de 1940-1945, Bruxelles, 2e édition, Éditions du Droit Humain, 1984 – GUBIN E. (dir.), Dictionnaire des femmes belges : XIXe et XXe siècles, Bruxelles, Racine, 2006, p. 345 – Фигнер В. Н., « После Шлиссельбурга », dans Избранные произведения, t. 3, Москва, Издательство всесоюзного общества политкаторжан и ссыльно-поселенцев, 1933, C. 326-328 FIGNER V.N., « (autobiographie) Posle Šlisselʹburga », dans Œuvres choisies, t. 3, Moscou, Maison d’éditions « Izdatelʹstvo vsesoûznogo obŝestva politkatoržan i ssylʹno-poselencev », 1933, p. 326-328 [En ligne] – Масанов И.Ф., Словарь псевдонимов русских писателей, ученых и общественных деятелей, t. 4, Москва, 1960 ; MASANOV I.F., [recueil des pseudonymes dans la littérature russe] Slovarʹ psevdonimov russkix pisatelej, učenyx i obščestvennyx dejatelej, t. IV, Moscou, 1960 – Горбунов A., Писательницы России : материалы для биобиблиографического словаря, Электронные тексты и коллекции, Свердловская областная универсальная научная библиотека им. В. Г. Белинского, Екатеринбург, ул. Белинского, 15 ; GORBUNOV A., Pisatelʹnicy Rossii : materialy dlâ biobibliografičeskogo slovarâ, Èlektronnye teksty i kollekcii, Sverdlovskaâ oblastnaâ universalʹnaâ naučnaâ biblioteka im. V. G. Belinskogo, Ekaterinburg, ul. Belinskogo, 15 [En ligne].

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article249387, notice KOTCHETKOVA Zénaïde, dite Zoé (Зинаида Митрофановна Протопопова Кочеткова, Zinaida Mitrofanovna Protopopoff (sic)/Protopopova Kotchetkova). Pseudonymes : Zeka, Z.K., Z. Ko-va, Брюсселец (« Brûsselec »). par Martin Georges, version mise en ligne le 6 juillet 2022, dernière modification le 16 septembre 2023.

Par Martin Georges

Z. Kotchetkova ©Archives Générales du Royaume. Toute reproduction est interdite. (Dossier 656.405 - police des étrangers).
Z. Kotchetkova ©Archives Générales du Royaume. Toute reproduction est interdite. (Dossier 656.405 - police des étrangers).

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