DUMONT Eugène, Léonce

Par Annie Pennetier

Né le 29 novembre 1905 à Arras (Pas-de-Calais), guillotiné le 28 novembre 1944 à Munich (Allemagne) ; artisan commerçant ; résistant OCM Centurie du Pas-de-Calais ; déporté NN.

Fils de Léonce Firmin Joseph Dumont, mécanicien (25 ans) et de Hermandine Beauchamps (22 ans), Eugène Dumont s’était marié avec Marie-Louise Robillard le 7 février 1931 à Fampoux (Pas-de-Calais), le couple avait deux enfants, une fille et un garçon. Il était artisan commerçant à Roeux (Pas-de-Calais).
Appelé le 5 septembre 1939, il participa à la campagne de France en mai 1940 dans le cadre du BCA. Démobilisé il revint à Roeux, où il prit contact avec des résistants de Voix du Nord au début de l’année 1941, notamment Macquet du bureau de travail et Cauchois chef de district à Vitry-en-Artois.

En juillet 1942, il rejoignit la résistance au sein du réseau Centurie service de renseignement de l’Organisation civile et militaire OCM implanté dans le Pas-de-Calais depuis mai 1942. Il participait à l’organisation des parachutages en établissant des plans notamment celui de Sailly-en-Ostrevent en liaison avec le Bureau des opérations aériennes BOA
Eugène Dumont fut arrêté avec trente résistants lors de la rafle de la nuit du 13 au 14 septembre 1943, qui suivait les arrestations d’Arras et de Douai.
Les prisonniers furent incarcérés à la prison de Cuincy (Nord) et interrogés par la SD de Douai (Nord). Personne ne parla mais Pierre Lesage y mourut sous la torture.
Il fit partie du convoi du 18 octobre 1943 au départ de Loos-lès-Lille (Nord) à destination de la prison Saint-Gilles de Bruxelles (Belgique), puis fut interné en Allemagne sous statut "Nacht und Nebel" dans les prisons d’Essen, le 22 novembre 1943, d’ Esterwegen, le 22 juin 1944, de Gross Strehlitz, à Kaisheim, puis Munich-Stadelheim. Il fut condamné à mort par le tribunal du peuple VGH, réuni au palais de justice de Munich le 16 septembre 1944, avec chef d’accusation « avantages procurés à l’ennemi et préparatifs à haute trahison ».
Avec lui furent condamnés à mort d’autres membres de son réseau : les gendarmes de Vitry-en-Artois, Louis Défontaine, Émile Delefosse et Pierre Seneuze, René Grodecoeur ouvrier d’usine, Jules Jambart instituteur-secrétaire de mairie, Léon Javelot chef de bureau, André Serrure receveur percepteur, René Vazé ouvrier métallurgiste.
Les neuf condamnés à mort furent guillotinés dans la prison de Munich le 28 novembre 1944 à partir de 16 heures, Eugène Dumont le troisième à 16h04. Les corps furent incinérés au crématorium de l’Ostfriedhof, les urnes furent rapportées à Vitry-en-Artois en mai 1947.
L’aumônier qui les avait assistés rapporta leurs dernières paroles et leurs lettres d’adieu furent retrouvées.
Voici ce qu’écrivit Eugène Dumont :

« Depuis mon débat avec la justice, je me préparais à cette circonstance. Jamais je n’aurai pensé que c’est plus de deux mois que l’on devait attendre la mort avec autant de force et de résignation. J’ai vu mourir beaucoup de camarades malades dans les camps et prisons où j’ai passé... je crois que chacun de nous a son destin et que c’est avec courage et confiance que l’on doit accepter bon gré mal gré ce qu’il nous réserve. Et toi ma chère grande fille, je te demande d’être loyale et de guider ton petit frère. Priez pour moi. »

En mai 1947, Georges Detrez et Ambroise Stienne rapportèrent les neuf urnes qui furent quelques temps exposées dans le chœur de l’église Saint-Martin, en attente d’un monument.

Eugène Dumont a été reconnu « Mort pour la France », et homologué déporté interné résistant DIR au sein des Forces françaises combattantes FFC, Voix du Nord, OCM, réseau Centurie. Dans la résistance, il avait été P1 du 1er juillet 1942 au 13 septembre 1943 puis P2 le 14 septembre 1943, grade chargé de mission 3e classe et donc homologué sous-lieutenant à titre posthume, décret du 16 janvier 1947, paru au JORF 18 janvier 1947.
Il a été décoré de la Médaille de la Résistance avec rosette par décret du 14 juin 1946, paru au JO du 11 juillet 1946, et élevé au grade de Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume le 25 octobre 1950, décret paru au JO du 3 novembre 1950.

Son nom est inscrit à Roeux sur le monument aux morts et sur une plaque commémorative apposée sur la façade de la mairie (photo), ainsi que dans la crypte des décapités de Munich, située à la sortie de Vitry-en-Artois, en direction de Sailly-en-Ostrevent au lieu-dit « le Mont Métier », mémorial crypte, inauguré le 8 octobre 1950 par le général de Larminat.


Vitry-en-Artois (Pas-de-Calais), crypte des décapités de Munich le 28 novembre 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article249505, notice DUMONT Eugène, Léonce par Annie Pennetier, version mise en ligne le 1er septembre 2022, dernière modification le 8 septembre 2022.

Par Annie Pennetier

Plaque sur la façade de la mairie
Plaque sur la façade de la mairie

SOURCES : AVCC, AC 21P 176723 et 21P 446035 (nc) .— SHD, Vincennes, GR 16P 200111 . — FMD, liste I.158. — Concours national scolaire sur la Résistance et la déportation, département du Pas-de-Calais, 1982, et documents transmis par René Liétard et Christian Hermy, mars 2022.— État civil, acte de naissance Arras, 3E 041/428 vue 81.

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