Par Alain Dalançon
Né le 29 juin 1946 à Boulogne-Billancourt (Seine/Hauts-de-Seine) ; conseiller d’orientation puis directeur de CIO ; militant étudiant de l’UEC, de l’UNEF, puis de l’UNEF Renouveau à Nanterre ; militant syndicaliste du SNES, secrétaire national de la catégorie des conseillers et directeurs de CIO, secrétaire de la section académique de la Réunion, co-secrétaire de la section départementale de la FSU ; militant communiste, puis du Parti de gauche.
Michel Zerwetz avait une vingtaine d’années de moins que ses deux frères aînés, Roland (1925-2011) et André (1928-1988). Son père, Louis Zerwetz, ouvrier métallurgiste, avait dû changer à plusieurs reprises d’entreprise en raison de son militantisme syndical à la CGT ; sa mère, née Eléonore Froidefond, était assistante maternelle ou femme de ménage. Par tradition, elle le fit baptiser, l’envoya au catéchisme et lui fit faire sa communion solennelle.
Après l’école maternelle (rue du Vieux-Pont-de-Sèvres), puis l’école élémentaire (rue Thiers), il fréquenta de 1958 à 1961 le cours complémentaire (rue de l’Ancienne-Mairie), de la 6e à la 4e, puis obtint le BEPC en classe de 3e au collège d’enseignement général (rue de Clamart) en 1962. Il effectua ses études secondaires au lycée Jean-Baptiste Say à Paris, et obtint le baccalauréat M’en 1964, puis le baccalauréat « sciences expérimentales » en 1965. C’est dans ce lycée qu’il eut pour professeurs d’histoire-géographie, Georges Tersen, fils d’Émile, et Gérard Alaphilippe, militant communiste et syndicaliste du SNES, qui l’incitèrent à poursuivre des études supérieures de géographie.
Il s’inscrivit donc à la faculté des lettres et sciences humaines de Nanterre récemment ouverte, où il obtint une licence de géographie en 1968. Il eut pour professeur Jean Bastié et surtout André Rondeau avec lequel il commença un mémoire de maîtrise en géomorphologie.
Michel Zerwetz militait depuis son adolescence. Membre de l’UJCF (Union de la jeunesse communiste de France) dès 1960, il adhéra au PCF en 1964. Étudiant, il milita à l’UNEF, à la tendance UNEF-Renouveau après 1968, ainsi qu’à l’UEC. En outre il militait au Mouvement de la Paix et au Secours populaire français.
Dès son arrivée dans cette nouvelle faculté, les débats internes à l’UEC s’animèrent, en particulier à l’occasion de la campagne présidentielle de 1965, durant laquelle Alain Krivine, responsable du secteur lettres de Paris, vint pour inciter à désapprouver le ralliement du PCF à la candidature de François Mitterrand à l’élection présidentielle.
Michel Zerwetz se souvenait que les années qui suivirent furent fortement marquées par l’apparition de mouvements « gauchistes » (trotskystes et maoïstes) et anarchistes, ainsi que par les attaques hebdomadaires du groupe d’extrême droite, Occident. Nanterre fut très concerné par les « évènements de 68 » : c’est là que Daniel Cohn Bendit, étudiant en sociologie, et Pierre-André Taguieff, étudiant en philosophie, anarcho-situationniste, se firent connaître, le premier en animant le « mouvement du 22 mars », le second, en occupant le 29 mars 1967, avec 60 autres étudiants, des pavillons de la cité universitaire réservés aux étudiantes.
Michel Zerwetz témoignait que la vie des militants communistes n’était pas très facile durant toute cette période. Secrétaire du cercle d’histoire-géographie de l’UEC, il devait « s’expliquer politiquement » face aux maoïstes de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, très présents dans son cercle. Par ailleurs, ses camarades et lui étaient victimes de violentes agressions verbales mais aussi physiques, en particulier de la part des trotskystes du Comité de liaison des étudiants révolutionnaires (CLER), créé par les « lambertistes » de l’OCI. Cependant, ils étaient aidés par de solides militants du PCF très présents sur le campus, comme Guy Konopnicki*, membre du bureau national de l’UEC, futur président de l’UNEF de 1971 à 1972.
En 1969, lors de la première élection du conseil de la nouvelle Université Paris X Nanterre, boycottée par l’UNEF dirigée par les « gauchistes », il y fut élu en qualité de représentant du collège étudiant, présenté par la tendance UNEF-Renouveau récemment organisée. C’est à ce titre qu’il siégea au premier conseil d’université, présidé par Paul Ricoeur*, l’autre représentant des étudiants étant Philippe Meyer*, étudiant en droit et sociologie, futur journaliste.
Michel Zerwetz dut effectuer ensuite son service militaire durant 12 mois au Centre d’instruction du Train de Fontainebleau, puis au Centre de sélection de Blois, enfin au Service central du recrutement de Paris. Le 27 juin 1970, il épousa à Fours-en-Vexin (Eure), y compris à l’église, Agnès Vacher, documentaliste au CNDP ; ils eurent un fils, Olivier, né en 1977, futur employé chez Cartier.
À son retour du service national, il travailla comme maître-auxiliaire licencié (MA II) d’histoire-géographie dans de nombreux établissements d’Île de France, de 1970 à 1973. Durant cette période, il suivit les cours de licence de sciences de l’éducation à Paris V. Puis, le réemploi des MA étant chaque année plus incertain, il décida de changer de voie. Il passa le concours de recrutement des conseillers d’orientation et fut élève conseiller à l’INETOP (Institut national d’étude du travail et d’orientation professionnelle) de Paris, de 1973 à 1975.
Dès lors, il allait effectuer toute sa carrière dans l’orientation scolaire à l’Éducation nationale. Après avoir obtenu le CAFCO (certificat d’aptitude aux fonctions de conseiller d’orientation), il fut affecté comme stagiaire puis titulaire, au CIO de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), de 1975 à 1979. Puis de 1979 à 1999, il fut conseiller d’orientation, puis COPsy (nouveau titre depuis 1990) au CIO de Paris XIIIe.
Adhérent au Syndicat national des enseignements de second degré, sans responsabilité quand il était MA, il devint secrétaire de la section (S1) des élèves conseillers de l’INETOP et commença à participer au groupe de travail national permanent « psychologie et orientation », animé par Jacques Romian et Gilbert Blanc. Le combat syndical portait sur la définition de l’orientation scolaire et la fonction de psychologue de l’éducation du conseiller.
De 1975 à 1979, élu Unité et Action à la CA de la section académique (S3) de Créteil, il fut responsable académique de catégorie (CIO). Puis il fut élu en 1979 à la CA nationale en tant que secrétaire de catégorie, assurant la transition avec l’ancienne équipe Romian-Blanc. Il anima une équipe rajeunie et plus féminisée avec notamment Catherine Remermier*, qui le remplaça comme secrétaire de catégorie titulaire en 1985, lui devenant suppléant. Il défendit les personnels et les positions du SNES à la CAPA de Paris, à la CAPN et au Conseil supérieur de l’Education en tant que suppléant. Michel Zerwetz participait donc à la direction nationale du SNES sous la direction d’Etienne Camy-Peyret, Gérard Alaphilippe, puis Monique Vuaillat et Pierre Toussenel avec lesquels il s’entendit fort bien.
Il siégeait également au conseil d’administration de l’ONISEP. Durant cette période, il était aussi membre de la CA de l’ACOF (Association des conseillers d’orientation de France), devenue ACOP France, lorsqu’en 1990 les conseillers d’orientation obtinrent le titre de psychologue, et il en fut secrétaire général.
Le 25 août 1997, Michel Zerwetz se remaria à Matignon (Côtes d’Armor) avec Agnès Le Courvoisier, COPsy, qui n’avait pas d’activité militante, avec laquelle il eut deux autres enfants : Aude-Hélène, née en 1995, et Jeanne, née en 1997. Afin d’offrir à leurs deux filles un cadre de vie plus agréable que la région parisienne, sa femme et lui obtinrent, en 1999, leur mutation à la Réunion, département et région d’Outre-mer visitée quelque temps plus tôt à l’occasion d’un stage syndical.
Affecté comme COPsy puis directeur au CIO du Tampon, il fut élu à la CAPA et au CAEN de cette académie. À partir de 1999, il reprit en effet du service au SNES sous les tropiques, en étant responsable académique de catégorie (COPsy) et membre de la CA académique (U et A), trésorier puis secrétaire du S3 à partir de 2005, mandat renouvelé en 2007 et 2009. Grâce à son expérience, son ouverture d’esprit et sa tranquille autorité, il joua aussi un rôle important dans le développement de la nouvelle FSU à la Réunion, au sein des instances fédérales. Élu U et A en 2001 au conseil et au bureau exécutif fédéral départemental, un temps comme trésorier, il en devint secrétaire puis co-secrétaire. À ce titre, il participa activement au mouvement de grève de 2003, qui débuta à La Réunion.
Après avoir pris sa retraite en 2013, Michel Zerwetz poursuivit son militantisme. Il devint membre de la CED de la FGR-FP, puis secrétaire de la section départementale et élu à la commission exécutive nationale. Il militait également au secteur retraités du SNES, dont il assurait le secrétariat académique et il intervenait toujours pour défendre l’orientation scolaire, s’opposer au démantèlement de l’ONISEP et conserver des missions de psychologues de l’éducation et de l’orientation, aux psychologues de l’Éducation nationale travaillant dans les CIO et dans les établissements scolaires.
Sur le plan politique, ne partageant pas complètement les options du Parti communiste réunionnais, il adhéra au Parti de gauche et, à ce titre, participa activement aux campagnes de Jean-Luc Mélenchon pour l’élection présidentielle en 2012 et 2017. Il figura également avec sa fille Jeanne sur la liste LFI au 1er tour des élections municipales au Tampon en 2020.
Malgré l’épreuve du décès de son épouse à 64 ans, le 9 septembre 2020, il reprit son militantisme, au SNES, participant au congrès national de 2022 à Montpellier, et en s’investissant dans la campagne de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2022.
Par Alain Dalançon
ŒUVRE : Outre de nombreux articles dans les publications du SNES et la FSU, la revue Unité et Action. — Avec Serge Blanchard, « L’Émergence des conceptions éducatives de l’orientation en France : quelques jalons historiques », Questions d’orientation, vol. 61, n°3, septembre 1998.
SOURCES : Arch. IRHSES (orientation scolaire, US, Us de catégories). — Bulletins des sections académiques du SNES de la réunion et de la SD/FSU. — Paul Lehner, Les conseillers d’orientation : Un métier impossible, PUF, Education et société, 2020. — Renseignements fournis par l’intéressé.