DÉFONTAINE Louis, Jean, Baptiste, Frédéric

Par Annie Pennetier

Né le 14 avril 1914 à Hermies (Pas-de-Calais), guillotiné le 28 novembre 1944 à Munich (Allemagne) ; gendarme ; résistant au sein du réseau OCM-Centurie ; déporté NN.

Fils de Louis Joseph Défontaine (décédé avant 1944) et de Marie Antonille Fauvergue, Louis Défontaine fut adopté par la nation le 8 novembre 1922. Il était titulaire du Certificat d’études primaires. En avril 1932, il effectua son service militaire dans le 1er Régiment d’infanterie 322e peloton, puis suivit l’école d’élèves gardes à Gravelines en 1935. Sergent-chef, il fut mobilisé dans le 205e RI de septembre 1939 à juin 1940.
Il avait épousé Andréa Cocu le 20 mai 1933 à Douai (Nord) et était père d’un enfant.
Gendarme à Vitry-en-Artois (Pas-de-Calais), il appartenait à la 1ère Légion de gendarmerie. Il participait à la résistance dans son département rattaché au commandement militaire allemand de Bruxelles. En mars 1943, le mouvement de résistance Voix du Nord intégré à l’OCM reçut la mission et le soutien du BOA Bureau des Opérations aériennes de réceptionner des parachutages. La mission Arquebuse dirigée par le commandant Yeo Thomas réussit deux atterrissages et dix parachutages de containers entre mars et octobre 1943. Henri Duflot avait la responsabilité de la recherche des terrains dans le secteur, avec Georges Detrez membre du comité départemental et Désiré Facon de Corbehem pour le canton de Vitry-en-Artois.
Louis Défontaine était membre d’une équipe dont il était chargé d’assurer la protection, au cours du parachutage d’armes de mai 1943 sur le terrain « Rhône » de Sailly-en-Ostrevent commune limitrophe à Vitry-en-Artois. Ce parachutage fut le début de nombreuses arrestations : les 1er et 2 juin 1943, Macquet puis le lendemain Cauchois.
Louis Défontaine fut arrêté avec trente résistants ou considérés comme tel lors de la rafle de la nuit du 13 au 14 septembre 1943, qui suivait les arrestations d’Arras et de Douai. L’Abwehr avait infiltré les réseaux.
Les prisonniers furent incarcérés à la prison de Cuincy (Nord) et interrogés par la SD de Douai (Nord). Personne ne parla mais Pierre Lesage y mourut sous la torture.
Louis Défontaine fit partie du convoi du 18 octobre 1943 au départ de Loos-lès-Lille (Nord) à destination de la prison Saint-Gilles de Bruxelles (Belgique), puis fut interné en Allemagne sous statut "Nacht und Nebel" dans les prisons d’Essen, le 22 novembre 1943, d’ Esterwegen (ouest de Brême), le 22 juin 1944 de Gross Strehlitz, de Kaisheim (nord d’Augsbourg), 16 septembre 1944 à Straubing (Bavière), puis le 16 novembre 1944 à Munich-Stadelheim. Il avait été condamné par le tribunal du peuple (Volksgerichtshof VGH), le 16 septembre 1944 à Munich, avec chef d’accusation « avantages procurés à l’ennemi et préparatifs à haute trahison ».
Avec lui furent condamnés à mort d’autres membres de son réseau : les gendarmes de Vitry-en-Artois, Émile Delefosse et Pierre Seneuze, et Eugène Dumont artisan- commerçant, René Grodecoeur ouvrier d’usine, Jules Jambart instituteur-secrétaire de mairie, Léon Javelot chef de bureau, André Serrure receveur percepteur, René Vazé ouvrier métallurgiste.
Les neuf condamnés à mort furent guillotinés dans la prison Stadelheim de Munich le 28 novembre 1944 à partir de 16 heures, Louis Defontaine le 8e à 16h14. Les corps furent incinérés au crématorium de l’Ostfriedhof, les urnes furent rapportées à Vitry-en-Artois en mai 1947.
L’aumônier qui les avait assistés rapporta leurs dernières paroles et leurs lettres d’adieu furent retrouvées.
Celle de Louis Défontaine (extrait) :

« Embrasse de tout coeur André pour moi, il n’aura pas honte de son père qui est mort en français comme son parrain (...) j’écris une lettre à maman et une à ma sœur, il leur faut ainsi que toi être fières, car je meurs courageux en français.  »

Louis Défontaine a été reconnu « Mort pour la France », et homologué déporté interné résistant DIR au sein des Forces françaises combattantes FFC, réseau Centurie. Dans la résistance, il avait été P1 du 1er septembre 1942 au 13 septembre 1943 puis P2 le 14 septembre 1943, grade chargé de mission 3e classe et donc homologué sous-lieutenant à titre posthume, décret du 26 avril 1948, parution au JORF 12 mai 1948.

La mention « Mort en déportation » lui fut attribué par l’arrêté du 15 février 1988.
Il fut élevé au grade de Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume et décoré de la Médaille de la Résistance par décret du 14 juin 1946, paru au JO du 11 juillet 1946.

Son nom est inscrit sur la plaque commémorative de la gendarmerie de Vitry-en-Artois aux côtés de ses deux collègues résistants Émile Delefosse et Pierre Seneuze et dans la crypte des décapités de Munich, située à la sortie de Vitry-en-Artois, en direction de Sailly-en-Ostrevent au lieu-dit « le Mont Métier », où reposent les cendres de neuf membres de l’organisation de Résistance mise sur pied par Georges Detrez et Désiré Facon.
Ramenées en France en mai 1947, les neuf urnes furent quelques temps exposées dans le chœur de l’église Saint-Martin, puis abritées dans le mémorial, inauguré le 8 octobre 1950 par le général de Larminat.


Vitry-en-Artois (Pas-de-Calais) crypte des décapités de Munich le 28 novembre 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article249560, notice DÉFONTAINE Louis, Jean, Baptiste, Frédéric par Annie Pennetier, version mise en ligne le 31 août 2022, dernière modification le 8 septembre 2022.

Par Annie Pennetier

SOURCES : AVCC, AC 21P 114297 et AC 21P 441562 (nc) .— SHD, Vincennes, GR 16P 164790. — FMD, liste I.158. — Concours national scolaire sur la Résistance et la déportation, département du Pas-de-Calais, 1982, transmis par René Liéthard à la demande de Christian Hermy, mars 2022. — État civil, acte de mariage n°142.

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