VERNEY François

Par François Vérité, Jean-Paul Salles

Né le 7 mars 1955 ; militant de Révolution ! puis de l’OCT, intérimaire à la Saviem-Caen puis élève-conducteur de train à la SNCF, infirmier libéral ; tête d’une liste OCT-LCR-LO aux élections municipales de 1977 à Caen (Calvados) qui obtint 8,3% des suffrages exprimés ; militant puis dirigeant de la Fédération nationale des Infirmiers (FNI).

Son père Jean-René Verney (1921-1974) était médecin dans le village de Molay-Littry (Calvados) où il est né. Son grand-père René Verney était lui aussi médecin. François Verney avait trois sœurs aînées et un petit frère. Il fut mis en pension à 9 ans à Sainte-Marie de Caen. Ses parents étaient catholiques non pratiquants. Exclu en 1969 comme « élément négatif dans une division », il poursuivit ses études secondaires au lycée Alain Chartier de Bayeux (Calvados). En 1973, il participa aux fortes mobilisations lycéennes contre la loi Debré qui envisageait de réduire considérablement les sursis militaires accordés aux étudiants. Dans cette ville de Bayeux (14 000 habitants) eurent lieu des manifestants importantes réunissant jusqu’à 1 400 participants ou participantes. C’est à l’occasion de cette mobilisation que François Verney se politisa et qu’il adhéra à l’organisation Révolution !, fondée en 1971 par des militants issus de la Ligue communiste. Il obtint le baccalauréat en candidat libre en 1974.

Après son bac, il fit "la route", survivant grâce à de petits boulots occasionnels. Il intégra un peu plus tard, comme intérimaire, la SAVIEM (Société anonyme de véhicules industriels et d’équipements mécaniques) à Blainville-sur-Orne, dans l’agglomération de Caen, aujourd’hui Renault Trucks. Ensuite il travailla comme roulant à la SNCF, d’abord au dépôt de Mézidon-Canon, puis à Caen.

En décembre 1976, il fit partie des 1 400 militant.e.s qui, issu.e.s de Révolution ! et de la Gauche ouvrière et paysanne (GOP), une tendance maoïsante issue du PSU, créèrent l’Organisation communiste des Travailleurs (OCT).

En mars 1977, aux élections municipales à Caen, il était à la tête de la liste Pour le Socialisme, la Pouvoir aux Travailleurs, une liste unitaire d’extrême gauche LCR-LO-OCT qui obtint 8,3 % des suffrages exprimés au premier tour le 13 mars, avec des résultats plus importants dans les quartiers populaires de la Guérinière (12, 9 %) ou de Calmette (10 %). Il avait participé à un débat télévisé sur France 3 Basse-Normandie avec Jean-Marie Giraud maire centre-droit de Caen et Louis Mexandeau, socialiste tête de la liste de l’Union de la gauche. Le débat était animé par Henri Sannier. Au meeting de bilan du 25 mars, François Verney manifestait sa satisfaction : "20 % des voix ouvrières ont refusé l’attentisme électoral et la chasse aux gauchistes qui se développe dans la CGT et la CFDT". L’extrême gauche unie avait su regrouper 250 personnes dans des comités de campagne très actifs, capables d’élaborer des brochures sur l’urbanisme, la culture, la répression (Le Gros, p. 96). De nouveau candidat à Caen aux élections législatives de 1978 – avec René Le Bris (LCR) comme suppléant – F. Verney dut se contenter du score modeste de 1,19 % des voix. LO de même que les maoïstes avaient leur propre candidat.

À la fin de l’année 1978, la direction régionale de la SNCF décida de le muter comme manouvrier près du Havre, une mutation/rétrogradation/sanction. La CGT Cheminots, très puissante à l’époque, n’a pas levé le petit doigt et la CFDT est restée bien molle. La dureté de ses conditions de travail mais aussi l’impossibilité d’obtenir sa mutation pour se rapprocher de son domicile à la naissance de son premier enfant le poussèrent à faire l’école d’infirmiers d’Orsay (Essonne) à partir de 1980. Ainsi, il perdit tous ses contacts militants.

En 1986, il créa son cabinet infirmier à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). En mai 2022, date de sa retraite, le cabinet dont il était responsable fonctionnait avec dix collaborateurs ou collaboratrices. Il milita au sein de la Fédération Nationale des Infirmiers (FNI), une organisation syndicale indépendante représentant les infirmiers Diplômés d’État libéraux. Il y prit des responsabilités, d’abord Président du syndicat départemental des Côtes-d’Armor, puis membre du Conseil d’Administration (CA) national et Secrétaire général de la FNI.

François Verney a eu trois garçons avec sa première compagne, puis il a vécu avec les deux enfants de son épouse actuelle.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article249582, notice VERNEY François par François Vérité, Jean-Paul Salles, version mise en ligne le 15 juillet 2022, dernière modification le 31 août 2022.

Par François Vérité, Jean-Paul Salles

SOURCES : Documents fournis à François Vérité par François Verney, juin-juillet 2022. — François Le Gros, La Ligue communiste révolutionnaire à Caen de 1973 à 1978, Université de Caen, Mémoire de Maîtrise, sous la direction de Gabriel Désert, 1991. — Jean-Guillaume Lanuque et Jean-Paul Salles, « Trotskismes », in Antoine Artous et alii, La France des années 1968, Syllepse, 2008, p.783 et sq., notamment les pages792-793 sur Révolution ! . — Jean-Paul Salles, « Peu nombreux.ses mais vaillant.e.s. Participation des militant.e.s des groupes d’extrême gauche aux élections municipales et élu.e.s municipaux trotskystes de 1971 à 2014 », site de Dissidences, été 2014. — Jean-Paul Salles, La Ligue communiste révolutionnaire (1968-1981), instrument du Grand Soir ou lieu d’apprentissage, PUR, 2005, notamment page 101 : La naissance de l’organisation communiste Révolution ! et page 241. — Hélène Adam et François Coustal, C’était la Ligue, Syllepse et Arcane 17, 2019.

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