ACKER Alfred

Par Daniel Grason

Né le 15 février 1899 à Jarville-la-Malgrange arrondissement de Nancy (Meurthe-et-Moselle), mort le 9 février 1978 à Eaubonne (Val-d’Oise) ; résistant ; interné.

Fils d’Auguste, charpentier de bateau, trente ans et de Martin Barbe, vingt-huit ans, les deux témoins étaient Eugène Laurent, cordonnier, quarante-cinq ans et de Jean Félix Petitjean, propriétaire, soixante ans.
Marié, père de deux enfants Alfred Acker vivait 46 rue Béranger à Colombes (Seine, Hauts-de-Seine). Il fut interpellé le 15 octobre 1940 à son domicile par des inspecteurs de la BS1 des Renseignements généraux. Emmené dans les locaux du commissariat de Puteaux, il a été interrogé par le commissaire Lucien Bizoire qui le frappa au visage en lui disant « Je vais te casser la gueule petit bourgeois, cela t’apprendra à mettre les allemands en colère ».
Son secrétaire D. ne le brutalisa pas. Alfred Acker garda le silence, le secrétaire l’interrogea sur son état de santé, lui demanda s’il n’avait rien eu de cassé au cours de sa vie. Sans méfiance, Alfred Acker répondit qu’il avait eu une hernie et une fracture au bras droit dans sa jeunesse.
Un inspecteur grand et fort, le frappa alors au ventre à coups de poing et à coups de pied, frappa à coups de matraque son bras droit. Le matraquage dura trois quart d’heure, Alfred Acker n’était plus en état de bouger. Deux autres séances de matraquage suivirent. Lucien Bizoire entra en scène le dernier, le cogna au thorax à coups de poings, le traita de menteur.
Transféré à la prison de la Santé, le corps couvert de bleus, l’administration pénitentiaire ne voulait pas le prendre en charge craignant probablement une issue fatale. Maître Alexandre Zévaès avocat d’Alfred Acker a été alerté. Le docteur Paul chargé des prisonniers vint le voir. Son état nécessita son hospitalisation à Saint-Anne.
Alfred Acker a été condamné à huit mois de prison pour diffusion de propagande communiste, interné administrativement dans les camps de Châteaubriant (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), Voves (Eure-et-Loir) et Pithiviers (Loiret). Il a été libéré le 9 décembre 1943, en raison de son état de santé.
Le 26 février 1945, il témoigna devant la commission rogatoire chargée du dossier de l’inspecteur P. de la Brigade spéciale n° 1 des Renseignements généraux. Il porta « plainte contre tous ceux qui m’ont frappé, car je l’ai été avec une brutalité inouïe ».
Alfred Acker a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF), membre du Front national.
Le commissaire Lucien Bizoire, fils d’un lieutenant de gendarmerie a été condamné le 19 octobre 1945 aux travaux forcés à perpétuité et à l’indignité nationale. Sa peine a été aménagée, il décéda le 12 septembre 1972 à Suresnes (Hauts-de-Seine).
Alfred Acker mourut à l’âge de soixante-dix-neuf ans le 9 février 1978 à Eaubonne (Val-d’Oise).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article249583, notice ACKER Alfred par Daniel Grason, version mise en ligne le 15 juillet 2022, dernière modification le 15 juillet 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. 77 W 3124-291860, BA 1346. – Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 2485. – Les policiers français sous l’Occupation, Jean-Marc Berlière avec Laurent Chabrun, Éd. Perrin, pp. 213, 269, 270, 274, 337, 344. – Police des temps noirs, Jean-Marc Berlière, Préface de Patrick Modiano, Éd. Perrin, pp. 314, 318, 884. – État civil AD Meurthe-et-Moselle acte n° 12. – Site internet Match ID.

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