Par Dominique Tantin
Né en 1921 à Koutaïs-Batoum ou Koutaïssy (Géorgie), mort en action le 3 mai 1944 à Saint-Salvadour (Corrèze) ; militaire ; résistant des Francs-Tireurs et Partisans (FTP).
La photographie de Tatiko Werulhachvily en ligne sur MémorialGenWeb le représente en uniforme de l’Armée rouge, coiffé de la Boudionovka, le célèbre bonnet pointu frappé de l’étoile rouge. Il était étudiant lorsqu’il fut mobilisé. Il est permis de penser qu’il fut capturé par les Allemands, enrôlé dans les Ost-Truppen déployées en France et notamment en Dordogne et en Corrèze. Déserteur, à l’instar de nombreux Soviétiques, de ces unités de supplétifs, il rejoignit les FTP de Corrèze au sein de la 232e compagnie FTP de Corrèze sous le pseudonyme de Georgius.
Il périt avec trois autres FTP dans des circonstances relatées par M. Jean-Marie Barrat, dans un document en ligne (cf. sources)
« [Le] camp, qui comptait sans doute une vingtaine d’hommes au moment des évènements (commandé par Jean Daret), dépendant du détachement FTPF (Francs-Tireurs et Partisans Français) de la Gente de Saint-Salvadour appartenait à la 232ème Compagnie de Guy Lelong du 2ème bataillon. Le 1er mai 1944 ce détachement participe avec succès à la libération temporaire de Vigeois, distant de 35 km, mais les jours qui suivent sont une très sombre période pour la Compagnie Guy Lelong. Le retour de Vigeois se fait à pied en ordre dispersé le soir du 2 mai. Ceux qui sont rentrés apprennent qu’ils doivent abandonner immédiatement le camp de La Servantie, mais, harassés, ils remettent l’évacuation au lendemain. Le 3 mai vers 5 heures du matin, surpris dans leur sommeil sous une toile de parachute, quatre hommes tombent sous les balles des Allemands (une cinquantaine de soldats), quatre ou cinq réussissent à s’enfuir vers la vallée de la Vimbelle, et onze sont faits prisonniers et déportés à Dachau par le train de la mort du 2 juillet 1944, dont quatre seulement reviendront de l’enfer. Les Allemands mettent le feu au campement. Les corps seront carbonisés et 3 ha de bois partiront en fumée. Puis les Allemands sont rapidement repartis des lieux, sans interroger les habitants du village de La Servantie.
Transports des corps : la population est terrorisée et ce n’est que la nuit suivante que Léonard Perussie du village de La Servantie attelle ses vaches pour aller chercher les corps et les transporter à l’église de Saint-Salvadour, le curé Audouaneix ayant accepté de prendre le risque de célébrer leurs obsèques, alors que le maire avait refusé les corps dans la mairie. Comment se sont-ils fait piéger ? Question sans réponse définitive à ce jour car de nombreuses hypothèses ont été émises. Mais la plus vraisemblable est que les Allemands étaient « accompagnés » par un délateur (non identifié), car ils sont arrivés directement dans ce camp bien caché au milieu de la forêt très dense dans cette région sur les flancs très escarpés de la rivière La Vimbelle. »
Selon le témoignage de Louis Gourinal (in Maquis de Corrèze, 150 combattants et témoins, op. cit., p. 300-301), « Deux jeunes Parisiens entrés au maquis dans la période précédente, devenus agents de liaison, [avaient disparu], livrant aux Allemands les emplacements de presque tous les camps. »
Avec Tatiko Werulhachvily furent tués Jean Elie, Roger Gourinal et Pierre Roger Le Floch.
Tatiko Werulhachvily est inhumé dans le carré militaire du cimetière de Saint-Salvadour. Il obtint la mention « Mort pour la France » et fut homologué FFI. Son nom est inscrit sur une stèle commémorative érigée sur les lieux du drame (où se déroule une commémoration annuelle) et sur le monument aux Morts de Saint-Salvadour.
Onze maquisards capturés furent déportés le 2 Juillet 1944, par le train n°7909 dit « le train de la mort », qui a emporté vers Dachau, 2521 hommes dont 984 étaient morts à l’arrivée et envoyés directement au four crématoire. Le train comprenait 160 corréziens dont 101 sont morts en déportation. Jean-Marie Barrat a dressé la liste dressée des déportés faits prisonniers à Saint-Salvadour :
GORSE Eugène dit « Pierrot », né le 15/11/1922 à Chazalnoël de Gransaigne en Corrèze, Décédé à Flossenbürg le 27/01/1945.
MAZURECK Jean dit « Dédé », né le 12/06/1925 à Essigny le Grand dans l’Aisne. Il est décédé entre le 2 et le 5 Juillet 1944 dans le train de la mort.
GABILLET Raymond Eugène Mathurin dit « Eugène », né le 28/08/1924 au Mans dans la Sarthe. Décédé lui aussi en juillet 1944 dans le train de la mort.
Pour les quatre autres résistants, seuls les noms de guerre apparaissent aux archives municipales.
BODIN, dit « Le Berrichon ». Décédé en 1944 à l’arrivée à Dachau entre la gare et le camp.
« Marcel », originaire du Lot ?
« Tino », originaire de l’Indre ?
« Bouboule », originaire de Brive ?
Les quatre résistants déportés rescapés :
PEGHAIRE Raymond dit « Clermont », né le 10/07/1923 à Sainte-Florine (43). Revenu de Dachau le 29/04/1945. Décédé en Janvier 1999.
DUCROCQ Maurice dit « Boucher », né le 30/05/1923 à Vigny (78). Il est revenu de Dachau le 29/04/1945. Décédé en 2012 à Douai dans le Nord.
GUENZI René dit « Le Gosse » ou « Fred », né le 23/05/1925 à Nancy (54). Il est revenu de Vaihingen le 08/04/1945. Décédé le 15/02/2013 en Meurthe et Moselle. Il a écrit « J’ai vécu en rebelle » (publié en 2000).
DAUPHIN Marcel dit « L’Auvergnat », né le 31/05/1924 à Clermont-Ferrand (63). Revenu en Corrèze en avril 1945. Décédé en 1989.
Par Dominique Tantin
SOURCES : Service historique de la Défense, Caen, AC 21 P 172222 (nc). — Maquis de Corrèze, 150 combattants et témoins, Paris, Éditions Sociales, 1975, p. 300-301. — Jean-Marie Barrat, Le Maquis de La Servantie : la tragédie du 03 mai 1944. — Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb.