SPELLER Jean-Pierre

Par Éric Panthou

Né le 18 octobre 1946 à Clichy (Seine, aujourd’hui Hauts-de-Seine), mort le 14 avril 2022 à Franconville (Val-d’Oise) ; ouvrier typographe ; militant de l’OCI, membre du bureau national de l’AJS.

Jean-Pierre Speller aux côtés de l’avocat Yves Dechézelle lors d’une conférence de presse le 28 novembre 1969.

Jean-Pierre Speller est le fils et petit-fils de militants CGT et il a lui-même adhéré à la CGT à l’âge de 16 ans. Il a milité aux Jeunesses communistes (JC) de 16 à 22 ans et a quitté cette organisation en septembre 1968, en désaccord avec son orientation durant la grève générale de Mai-juin 1968 et face à l’intervention des troupes soviétiques en Tchécoslovaquie.
Il était ouvrier typographe à l’imprimerie Moriamé, XIXe arrondissement de Paris, membre de la Chambre typographique parisienne, section de la Fédération française des Travailleurs du Livre-CGT. Après 1968, il devint militant trotskyste au sein de l’AJS (Alliance des jeunes pour le socialisme). Il fut agressé par plusieurs nervis colleurs d’affiches la nuit du 25 au 26 avril 1969 dans un bar au 72 rue La Fayette, aux côtés de deux camarades de travail. Speller et d’autres clients étaient venus dire aux colleurs qu’ils n’avaient plus le droit d’afficher, la campagne officielle pour le référendum pour la réforme du Sénat et la Régionalisation étant achevée depuis minuit ce 25 avril. Un quart d’heure plus tard, plusieurs voitures arrivèrent et une quinzaine d’hommes en sortirent pour s’en prendre à Speller et ses deux camarades à l’intérieur du bar. Celui-ci voulut se défendre et fut frappé violemment. Il fut sorti, roué de coups. Il dut être énucléé le lendemain et du fait de ce handicap ne put retravailler comme ouvrier typographe. Dans une lettre ouverte au Garde des Sceaux, le 10 octobre 1969, il s’étonna de la longueur de l’instruction et dénonça ses agresseurs, parmi lesquels se trouvaient Alain et Claude Kaspereit, fils du député UDR du IXe arrondissement, alors secrétaire d’État. C’est l’un des fils qui avait usé d’une matraque télescopique qui éborgna Jean-Pierre Speller.
Le 3 décembre 1969 un meeting unitaire fut organisé à la Mutualité, pour exiger que justice se fasse, meeting réunissant notamment la Ligue des Droits de l’Homme, la CGT, CFDT, UNEF, PSU, Parti socialiste, etc...
Jeune Révolutionnaire, le journal de l’AJS, annonça 5 000 participants et publia une lettre de Speller du 1er décembre 1969 au bureau de l’UD CGT qui avait fait paraître un communiqué dans l’Humanité du 1er décembre 1969 qualifiant Speller d’ennemi de longue date de la CGT. Dans ce communiqué, la CGT refusait de combattre pour l’ouverture rapide du procès de ses agresseurs. Le lendemain du meeting, le juge procéda à la première confrontation.
Le bureau national de l’AJS et le Bureau politique de l’OCI décidèrent en 1973 de présenter Jean-Pierre Speller comme candidat aux législatives face au père de ses agresseurs, député du IXe arrondissement de Paris. Speller était alors membre du bureau national de l’AJS et justice n’avait pas été rendue dans son affaire. Ce fut l’occasion d’une intense campagne de propagande politique et financière en vue de récolter 10 millions d’anciens francs.
On ignore son parcours politique et professionnel après cette date.
Il avait épousé le 23 septembre 1978 Emma, Augustine, Léonor Polo, à Brèves (Nièvre).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article249912, notice SPELLER Jean-Pierre par Éric Panthou, version mise en ligne le 31 juillet 2022, dernière modification le 7 novembre 2022.

Par Éric Panthou

Jean-Pierre Speller suite à son agression. Photo d’un tract de l’AJS.
Jean-Pierre Speller aux côtés de l’avocat Yves Dechézelle lors d’une conférence de presse le 28 novembre 1969.

SOURCES : Le Monde, 5 décembre 1969. — Michel Lévine, Affaires non classées : Enquêtes et dossiers de la Ligue des Droits de l’Homme, 1973. — [Jeune révolutionnaire, 16 novembre 1972. — "A propos d’une déclaration parue dans l’Humanité, une lettre de J.P. Speller au bureau de l’UD CGT", Jeune révolutionnaire, 1969. —[https://www.yumpu.com/fr/document/read/16987176/la-jeunesse-est-la-flamme-de-la-revolution-proletarienne-k-Généanet]. — État civil Clichy.

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