GUILLAUMIN Jacques Albert Roussel

Par Éric Panthou

Né le 12 juin 1916 à Lurcy-Lévis (Allier), mort le 7 novembre 1994 à Vichy (Allier) ; médecin ; résistant au sein du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France (FN) ; membre du Parti communiste (PCF) ; président départemental de l’ANACR.

Fils de Jacques Guillaumin, né le 3 janvier 1890 à Saint-Aignan-des-Noyers (Cher), et Eugénie Robichon, son épouse, institutrice, Jacques Guillaumin est né dans une famille de quatre enfants dont tous devinrent des militants importants. Leur père, Jacques Guillaumin instituteur puis directeur d’école à Vichy, militant syndicaliste et communiste, fut révoqué le 1er octobre 1940 et interné 7 jours plus tard avant d’être déporté en Algérie.
En 1939, il était responsable de l’Union fédérale des étudiants des étudiants. A son initiative avec Yves Moreau, fils du Doyen de la Faculté des Sciences de Clermont et qui avait été secrétaire du Comité de Clermont des étudiants communistes, se créé en octobre 1939 l’organisation clandestine des étudiants de Clermont qu’ils nomment "Les étudiants patriotes de Clermont".
Peu après, Jacques Guillaumin est mobilisé et son premier acte de résistant fut le 17 juin 1940 de refuser de défilé en l’honneur de Pétain devant le monument aux Morts de Fontanges (Cantal).
Alors interne des hôpitaux de Clermont, Jacques Guillaumin en devient le responsable. L’activité du groupe se manifeste par des distributions de tracts contre Pétain, sa politique de régression dans l’enseignement en octobre, novembre, décembre 1940. La ronéo est venue de Vichy et est cachée à Chamalières (Puy-de-Dôme). Ces tracts distribués en amphithéâtres, sont surtout distribués aux étudiants en Khâgnes au lycée Blaise-Pascal. Le groupe est en liaison avec le nouveau responsable du PC pour le Puy-de-Dôme, Étienne Néron, de Thiers, avec Jacques Sadoul, clandestin dans la région, et avec les responsables de différents groupes étudiants comme le leur, Yvan Djian, de Paris, et Jacques Laurent, de Vichy, qui a organisé les étudiants de Grenoble. Les premières arrestations ont eut lieu au lycée Blaise Pascal, en octobre 1940, les dernières en février 1941. Huit étudiants ont été arrêtés sous l’inculpation de reconstitution du groupement des Étudiants communistes : Marc Lefort, Cohm-Mayer, Jean Egal, Georges Burnol, Hélène Rault, Jean Truaud, Colette Sellier, Nicole Joubert, les étudiants étant condamnés par le tribunal militaire de Clermont. Ils avaient été dénoncés. Jacques Guillaumin ne fut pas arrêté mais malgré les risques, il tenu à être présent pour assister au procès de ses 8 camarades le 16 mai 1941. Deux inspecteurs qui le suspectent d’être membre du groupe lui font alors remarquer que son tour vendra bientôt.
Michel Bloch est le plus lourdement condamné par le Tribunal militaire, avec 5 ans de prison et 20 ans de privation de ses droits civils. Mais Jacques Guillaumin considère que la plus dure condamnation ne fut pas celles prononcées ce jour mais celle de l’oubli, les historiens exerçant selon lui une loi du silence sur la Résistance des communistes avant l’invasion de l’URSS avant le 22 juin 1941, seuls Jean Bac et Serge Combret ayant mentionné, au niveau de l’Auvergne, l’action de ces étudiants patriotes avant les années 1980. Jacques Guillaumin protesta dès 1971 contre cet état de fait, par une lettre sur le film Le Chagrin et la Pitié, de Marcel Ophüls, puis de nouveau en 1981 auprès de FR3 qui dans un reportage concernant l’ouvrage de Gilles Lévy, A nous, Auvergne ! omettait comme l’auteur de citer l’action de ces étudiants patriotes.

Exerçant à partir de 1942 à Beaulon (Allier), il aide aux actions de la Résistance dans ce secteur de la Sologne bourbonnaise et rentre en contact avec différents réseaux, notamment "Action", du Bureau d’opérations aériennes. Face à la multiplication des arrestations, il doit entrer dans la clandestinité et rejoint Lyon où il fut bientôt blessé à l’occasion d’un bombardement. De là, il prend contact avec le Front national, ou Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France (FN) et va désormais travailler à organiser les médecins en Comité national et en Comité médical de la Résistance. Il rencontra à cette occasion différentes personnalités comme Louis Aragon et le professeur Robert Debré. Nommé au Ministère de la Guerre le 12 décembre 1944, il avait fait la liaison entre les médecins résistants et les services de Santé de l’Armée. Il termina la guerre comme médecin-chef du 107ème Régiment d’infanterie devant la "poche" de Royan.
A l’issue du conflit, il ouvrit un cabinet médical à Vichy. Élu conseiller municipal à Vichy sur la liste communiste, il s’est également beaucoup investit au sein de l’ARAC et de l’ANARC dont il fut plusieurs années président départemental.

Son frère, Pierre Guillaumin, instituteur, fut notamment conseiller régional et conseiller municipal de Moulins pour le PCF.

Homologué FFI, il a reçu la Médaille de la Résistance (JO du 19/10/1945).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article250116, notice GUILLAUMIN Jacques Albert Roussel par Éric Panthou, version mise en ligne le 5 août 2022, dernière modification le 5 août 2022.

Par Éric Panthou

SOURCES : SHD, Vincennes, GR 16 P 278208, dossier FFI (nc). — Gilles Lévy, Daniel Cordet, A nous, Auvergne !, Paris, Presses de la Cité, 1981. — "Hommage à Jacques Guillaumin", Résistance Allier, Bulletin de l’ANACR 03, n°26, décembre 2004. — Généanet. — Dossier sur les étudiants patriotes, archives privées Roger Champrobert, Clermont-Ferrand.

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