NOUIRA Hedi

Par Juliette Bessis

Né le 6 avril 1911 à Monastir (Tunisie), mort le 25 janvier 1993 à La Marsa ; syndicaliste CGTT, secrétaire général (1938) ; membre du Néo-Destour ; gouverneur de la Banque centrale, ministre puis Premier ministre (1960-1980).

Musulman de Tunisie, Hedi Nouira poursuivit ses études de droit à Paris où il milita à la direction de l’AEMNA (Association des étudiants musulmans nord-africains) entre 1935 et 1937. Il fut l’un des dirigeants du Néo-Destour dès sa fondation en mars 1934, et collabora à l’Action Tunisienne, organe du parti en 1937.

Chargé par son parti de prendre avec d’autres militants, le contrôle de la deuxième CGTT au cours d’une réunion dite congrès extraordinaire, prévue pour le 29 janvier 1938, il fut porté au secrétariat général de la nouvelle Centrale, le lendemain, en remplacement de Belgacem Gnaoui qui avait refusé de se prêter au remaniement de la direction. Dans une déposition au commissariat de police, Gnaoui relatait les faits en ces termes :

« Samedi matin, 29 courant à 9 heures, devait se tenir dans le local au 187 Bab Souika, le congrès extraordinaire de la CGTT en vue du remplacement de deux membres relevés provisoirement de leurs fonctions pour malversations et de l’examen de la situation financière et morale. Étaient présents à cette séance tous les délégués de l’intérieur. Vers 9 h 30, au moment de l’ouverture de la séance, j’ai constaté la présence de plusieurs individus étrangers à la CGTT et que je connaissais comme faisant partie du Néo­Destour de Bizerte. Ces individus n’ayant pas qualité pour être là, je les ai invités à sortir. Ils ont refusé. Je peux vous citer plus spécialement : Hedi Nouira, Salah Ben Youssef, Mongi Slim, Allala Laouiti, El Mokni, El Mokrani de Béjà. Après être sorti des lieux où nous avons laissé ces derniers, nous nous sommes rendus à la permanence pour aviser de ces faits l’autorité. Malgré cela les individus sont demeurés dans les lieux qu’ils n’ont pas quittés. Ils y ont même dormi. D’après ce que j’ai su, ils ont procédé au renouvellement du bureau de la CGTT dont les nouveaux membres sont tous des destouriens à l’exception des deux membres relevés de leurs fonctions... »

Hedi Nouira, arrêté en avril 1938 en même temps que les principaux leaders néo-destouriens, fut successivement interné à Tunis, au fort Saint-Nicolas de Marseille et au fort de Montluc à Lyon avant d’être libéré en même temps que ses compagnons par Klaus Barbie, responsable de la Gestapo à Lyon le 16 décembre 1942 et transféré à Rome le 9 janvier 1943 puis rapatrié en Tunisie en février 1943.

Il fut arrêté à plusieurs reprises jusqu’à l’indépendance en 1956 et notamment en janvier 1952.

Il occupa par la suite les plus hautes fonctions au sein de l’État tunisien après l’indépendance, notamment celui de gouverneur de la Banque centrale et plus tard de Premier ministre. ·

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article250207, notice NOUIRA Hedi par Juliette Bessis, version mise en ligne le 8 août 2022, dernière modification le 8 août 2022.

Par Juliette Bessis

SOURCE : Juliette Bessis, Les Fondateurs : index biographique des cadres syndicalistes de la Tunisie coloniale (1920-1956), Paris, L’Harmattan, 1985.

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