PONCET Jean, Paul

Jurassien de formation littéraire, diplômé de philosophie, Jean Poncet vint enseigner le français en Tunisie au collège Sadiki à Tunis. Il s’attacha au pays sous le régime colonial et aux Tunisiens.

Syndicaliste CGT puis USTT, il fut membre du comité exécutif du Syndicat de l’enseignement entre 1944 et 1947 et membre de la commission exécutive de la Fédération des Fonctionnaires à partir de 1947. Militant communiste, il était membre du PCT.

Jean Dresch le persuada, après la guerre, de préparer une thèse de doctorat d’État sur La colonisation et l’agriculture européenne en Tunisie depuis 1881 qu’il soutint en 1961 à la faculté des lettres de Paris, avec sa thèse complémentaire, Les paysages et les problèmes ruraux en Tunisie. Thèses d’histoire et de géographie économique et sociale, sur un thème jusqu’alors peu abordé en Afrique du Nord, devenues des classiques. En 1961, il publia également avec André Raymond le que Sais-Je ?, La Tunisie, qui connut au moins trois rééditions jusqu’en 1977.

La prolongation de son détachement en Tunisie lui ayant été refusée, il dut quitter le pays après l’affaire de Bizerte en 1961. Il vint à Paris enseigner les lettres au lycée Charlemagne, avant d’entrer au CNRS où il ne dépassa pas le grade de chargé de recherches, n’ayant aucun titre universitaire de géographie. Ses idées provoquant « quelques hostilités » selon Jean Dresch, ce géographe timide, atteint d’une maladie de la gorge, ne put grouper autour de lui des chercheurs. Malgré l’isolement dont il souffrit, il continua ses recherches sur la Tunisie où il se rendit à plusieurs reprises. Il continua à suivre les transformations des campagnes, à la fois l’expérience coopérative du ministère Ben Salah et les dangers d’érosion des sols et inondations. Il s’orienta vers l’étude des villes et l’urbanisation en collaboration avec le groupe des huit, et vint à s’occuper également du tourisme.

Il éprouva aussi le besoin de comparer, en faisant des séjours en Algérie, en Italie dans le Mezzogiorno, et dans les pays socialistes méditerranéens, Roumanie, Bulgarie, ainsi qu’à Cuba.

Jean Dresch estimait que Jean Poncet, peu connu dans la collectivité universitaire, n’en était pas moins un géographe anticolonialiste ayant joué un rôle notable dans la compréhension du sous-développement, qui eut une influence durable sur la jeune géographie nord-africaine.