Par Juliette Bessis
Né en 1917 à Saulchéry (Aisne) ; employé chez Hachette, puis aux Messageries de la Presse ; syndicaliste CGT ; militant aux Jeunesses socialistes, puis communistes, membre du Parti communiste.
Fils d’ouvrier métallurgiste, arrivé à Paris en 1930, Raymond Vincent adhéra aux Jeunesses socialistes en 1935, puis s’en sépara pour adhérer aux Jeunesses communistes au mois d’octobre de la même année. Employé chez Hachette à Paris en avril 1936, il participa comme syndicaliste aux mouvements de grèves de 1936.
En juillet 1937, délégué au congrès des Jeunesses communistes, il participa aux travaux de sa Commission coloniale où il côtoya deux communistes algériens
musulmans, l’un venant d’Alger, l’autre de Constantine qui le sensibilisèrent aux problèmes coloniaux très mal connus de lui comme, pensait-t-il, de la majorité des Français. Il demanda alors, pour mieux comprendre la situation des colonisés, à accomplir son service militaire en Algérie. Il futaffecté au 4e Tirailleur tunisien et arriva à Sousse en octobre 1937. Il fit connaissance à la bibliothèque populaire de Sousse avec un jeune juif tunisien nommé Samama, qui le présenta à deux membres du parti communiste de Tunisie, Édouard Mamou et Yoyo Slama. Le contact fut établi avec la direction du parti.
Le 1er mai 1938, Raymond Vincent fut affecté à l’état-major à Tunis puis mobilisé. Démobilisé en juin 1940, il épousa une communiste tunisienne, Lucie Zarka, employée à la librairie Saliba à Tunis où il fut embauché à son tour. ll se lia d’amitié avec un vieil employé de la librairie nommé Bouzid, tunisien musulman, membre de la SFIO et du syndicat des Employés de commerce. Ce dernier, qui connaissait ses antécédents, l’engagea à venir renforcer l’équipe syndicale qui maintient les activités de l’Union locale.
Avec l’aval de la direction clandestine du parti, Raymond Vincent consacra son activité militante à l’Union locale des syndicats et en devint progressivement le principal responsable entre décembre 1940 et novembre 1942. Au lendemain de l’occupation de la capitale de la régence par les troupes de l’Axe (11 novembre 1942), la réquisition des locaux de la Maison des Syndicats par l’OVRA (police politique du régime fasciste) mit fin aux activités de l’Union locale.
Au lendemain de l’entrée des Alliés à Tunis (7 mai 1943) le parti demanda à ses militants français de devancer l’appel en s’engageant volontairement dans la guerre contre le fascisme. Raymond Vincent rejoignit la 2e division blindée de Leclerc le 13 mai 1943 et quitta la Tunisie le mois suivant. Démobilisé à la fin de la guerre, il se réinstalla à Paris et travailla aux Messageries françaises de presse (Hachette). Il milita au PCF où sa sœur Madeleine Vincent, épouse de Guy Ducoloné, occupait d’importantes responsabilités.
Raymond Vincent prit ses distances avec le PCF après 1956 et s’en sépara en 1968.
Par Juliette Bessis
SOURCE : Juliette Bessis, Les Fondateurs : index biographique des cadres syndicalistes de la Tunisie coloniale (1920-1956), Paris, L’Harmattan, 1985.