BATILLAT Pierre, Edme, Joseph [Pseudonyme dans la Résistance : Capitaine Francœur]

Par Jean-Luc Marquer

Né le 28 février 1911 à Villemoiron, aujourd’hui Villemoiron-en-Othe (Aube), exécuté après condamnation par un officier FFI le 23 juillet 1944 à Antraigues, aujourd’hui Vallées-d’Antraigues-Asperjoc (Ardèche) ; militaire de carrière ; résistant de l’Armée secrète, homologué Forces françaises de l’Intérieur.

Pierre, Edme, Joseph Batillat était le fils d’Arsène, Alexandre Batillat, manouvrier, et de Marie, Augusta Lagoguey, son épouse. Il avait un frère jumeau, Jean, Pierre, Eugène, qui ne vécut que seize mois. C’était le plus jeune d’une fratrie de quatre enfants vivants.
En 1926, il habitait avec son père à Villemoiron-en-Othe (Aube), et exerçait la profession de bonnetier.
Il épousa Blanche, Irma Baillot le 15 juillet 1931 à Aix-en-Othe (Aube). Il était alors radio-télégraphiste dans la Marine nationale, sous-officier marinier.
En avril 1943, il fut nommé opérateur stagiaire de la section radioélectrique du cadre général des agents des transmissions coloniales au ministère de la Marine et des colonies. Il fut détaché à la censure postale à Privas (Ardèche).
Il s’engagea dans la Résistance et rejoignit les rangs du secteur C (région de Privas) de l’Armée secrète de l’Ardèche, dont il prit la direction sous le nom de Capitaine Francœur, début juin 1944. Ses services sont homologués à partir du 1er mars 1944.
En juin 1944, le comité départemental de libération de l’Ardèche décida de s’installer dans la petite ville du Cheylard, ce qui fut chose faite à partir du 10 juin. C’était également là que se trouvait l’état major des FFI de l’Ardèche.
Le PC du secteur C se trouvait à Gluiras (Ardèche).
Au matin du 5 juillet 1944, les troupes allemandes lancèrent une attaque contre les montagnes de l’Ardèche.
En raison de dissensions entre les représentants de l’AS, des FTPF et du délégué du GPRF, les renseignements qui auraient permis de comprendre quel était l’objectif des Allemands ne furent pas transmis. Ceux-ci voulaient attaquer la région du Cheylard mais au début de l’attaque d’autres objectifs étaient envisageables.
Francœur mit alors en alerte les 32e et 33e compagnies. Un peu plus tard l’état-major du Cheylard, enfin informé de l’objectif, lui demanda du renfort. La 31e compagnie, la mieux équipée et encadrée fut envoyée vers le Cheylard. Elle combattit avec de lourdes pertes dans le secteur de Burianne, commune de Saint-Barthélémy-le-Meil (Ardèche).
En l’absence d’informations de l’état major, Francœur provoqua une réunion avec les responsables du secteur C et décida de la dispersion provisoire des hommes du secteur à partir du 6 juillet. Ceux-ci devaient rester groupés par sizaine et étaient responsables de leur équipement. Les compagnies devaient être reconstituées le 10 juillet, ce qui fut fait.
Puis Pierre Batillat et son adjoint regagnèrent Privas où ils se donnèrent rendez-vous pour le 9 juillet. Revenant à Gluiras le 9 juillet, Batillat apprit que l’état major voulait des explications sur l’ordre de dispersion et sur son absence.
Le 11 ou le 12 juillet, Pierre Batillat partit pour le PC du secteur D à Antraigues, aujourd’hui Vallées-d’Antraigues-Asperjoc (Ardèche) où était en train de se reconstituer l’état major. La voiture qu’il conduisait lui-même versa dans un ravin et il fut grièvement blessé à la colonne vertébrale. Malgré sa blessure, il voulut absolument se justifier auprès de ses supérieurs et se fit conduire à Antraigues dans une camionnette transformée en ambulance.
Les circonstances de sa mort diffèrent selon les sources. Pour Sylvain Villard, nom de plume de Michel Rigaud, il fut condamné à mort par un tribunal d’officiers résistants « pour avoir gravement manqué à ses devoirs en abandonnant son poste » et exécuté le 23 juillet 1944 par un officier des Forces françaises de l’Intérieur après avoir refusé de se suicider, ce qui paraît être l’hypothèse la plus plausible. Pour Adolphe Demontès, il se suicida.
Il obtint la mention « Mort pour la France » (Base des militaires décédés pendant la Seconde Guerre mondiale) et fut homologué résistant, membre des Forces françaises de l’Intérieur.
Il semble que son nom ne figure sur aucun monument ou plaque.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article250418, notice BATILLAT Pierre, Edme, Joseph [Pseudonyme dans la Résistance : Capitaine Francœur] par Jean-Luc Marquer, version mise en ligne le 14 août 2022, dernière modification le 14 août 2022.

Par Jean-Luc Marquer

SOURCES : AVCC, Caen, AC 21 P 15381 (nc). — SHD, Vincennes, GR 16 P 37781 (nc) ; GR 19 P 7/30 p. 8. — Arch. Dép. Aube, recensement Villemoiron-en-Othe, 1926, p. 7. — Adolphe Demontès, L’Ardèche Martyre, Largentière, 1946. — Sylvain Villard, En Ardèche sous l’occupation, livre 3, Ex Libris, Coux, 2013. — JORF, Gallica. — Mémoire des hommes. — Mémorial GenWeb. — Geneanet. — État civil, acte de naissance n°3.

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