HAAS Ernest

Par François Ferrette

Né le 23 août 1889 à Strasbourg (Bas-Rhin), mort le 28 décembre 1930 à Strasbourg ; tailleur d’habits ; militant socialiste puis communiste à Strasbourg.

Fils de Georges Haas et de Adèle Behringer, il habitait à Strasbourg au 6, rue du jeu de Paume en 1920. Il ne fit que des études primaires et exerçait le métier, comme son père, de tailleur d’habits.
Avant-guerre, il séjourna à Fribourg (Allemagne) en 1910, puis à Stuttgart (Allemagne) en 1911.

Ernest Haas milita aux Jeunesses socialistes, puis au SPD avant 1914. Il ne fut pas mobilisé en 1914 et n’avait pas fait son service militaire. Il aurait rédigé avec Imbs la brochure Zwanzig Monate Weltkrieg und die deutsche Sozialdemokratie. Cette brochure blâmait la social-démocratie allemande, le vote des crédits de guerre par ses députés et dénonçait l’attitude de certains de ses dirigeants dont Jacques Peirotes.

En 1916, il fut condamné à 3 mois de prison par le conseil de guerre de Strasbourg pour propagation d’écrits antimilitaristes et mis en résidence forcée jusqu’à la fin de la guerre à Thorn (Prusse Orientale). Il fait partie d’un Conseil ouvrier puis adhéra à la SFIO en 1919, malgré l’opposition de Peirotes, d’Imbs et de Weill qui le jugeaient trop « révolutionnaire ». Il adhéra dès sa création au Comité de la troisième Internationale. Il fut 9e sur la liste SFIO aux législatives de novembre 1919 en Basse Alsace. Il fut élu au conseil municipal en décembre 1919 à Strasbourg avec dix-sept socialistes.

Une controverse entre réformistes et révolutionnaires eut lieu le 25 janvier 1920 sur l’orientation de la fédération dans le cadre de la préparation du congrès national de la SFIO à Strasbourg (25-29 février 1920). Haas fit partie de la délégation au congrès national au cours duquel il expliqua pourquoi la tendance qu’il représentait voterait en bloc la motion longuettiste. Il s’agissait de conserver l’unité socialiste entre révolutionnaires et centristes sur un supposé dénominateur minimal. En usant des notions de « gauche » pour parler des longuettistes et de « l’extrême gauche » pour évoquer l’aile procommuniste autour du Comité de la 3e Internationale, il reprenait les classements politiques du courant longuettiste qui se disait de « gauche » alors que le Comité usait du terme de centriste pour qualifier les longuettistes.

Après le congrès de Strasbourg, la situation évolua très vite dans le Bas-Rhin. Haas anima, avec Charles Hueber, Emile Hengstler et Michel Heysch, la campagne pour rallier la majorité de la fédération socialiste au communisme. Il fut désigné secrétaire de la section communiste de Strasbourg en janvier 1921 et fit partie du comité fédéral. Il géra alors la Neue Welt à sa création en octobre 1921. En 1922, il garda cette fonction tout en succédant à Théo Singer à la rédaction en chef. Haas fut condamné en juin 1923 par défaut à un an de prison et 500 F d’amende.

En janvier 1924, il fut condamné à une peine de 18 mois de prison pour « propagande anarchiste », suivie d’une nouvelle condamnation le 17 mai 1924 à 6 mois de prison pour provocation de militaires à la désobéissance. Il fut emprisonné trois mois au lendemain des élections puis libéré à la suite de l’amnistie. Le même mois, il fut candidat aux cantonales partielles à Sarre-Union (il obtint 16,3 % des inscrits).

En 1924, il fut désigné deuxième rédacteur à l’Humanité d’Alsace et de Lorraine. Aux législatives de 1924, il fut tête de liste du Bloc ouvrier et paysan, mais ne fut pas élu au contraire d’Hueber. En septembre 1925, il fut membre du Comité d’action du Congrès des ouvriers et paysans de Strasbourg. En novembre 1925, puis en appel en juin 1926, Haas subit de nouveau une condamnation de six mois de prison pour provocation de militaires à la désobéissance. En février/mars 1926, il fut délégué de la fédération du Bas-Rhin au VIe Plénum du Comité exécutif élargi du Komintern à Moscou.

Entre mai 1926 et mai 1929, il fut correspondant de L’Humanité transférée à Metz. En 1927, ses responsabilités internes le hissèrent au rang de président du sous-rayon de Strasbourg. En 1928, il fut de nouveau candidat aux législatives à Strasbourg 1 (Nord et Est) et obtint 3684 voix au premier tour et 6995 au second, mais c’est le socialiste Peirotes qui fut élu.

Cela ne l’empêcha pas d’être élu conseiller municipal de Strasbourg le 12 mai 1929 et il devint adjoint (assistance sociale, Hôpitaux civils) au maire Charles Hueber le 29 mai. Mais il fut exclu du PCF au début août 1929 par le secrétariat régional et il participa à la fondation du KP-O en octobre 1929. En juin 1930, lors du congrès des Caisses d’épargne, il refusa de se lever quand la Marseillaise fut jouée.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article250541, notice HAAS Ernest par François Ferrette, version mise en ligne le 15 août 2022, dernière modification le 15 août 2022.

Par François Ferrette

SOURCES : Arch. Nat., 19940451/4 (dossier 255). — Die Neue Welt, 29 décembre 1930. — Bulletin n° 16 de l’association Alsace mémoire du mouvement social (ALMEMOS). — Charles, Louis Hueber (1883-1943) : syndicaliste, communiste, autonomiste, collaborateur, Pierre Krieger, thèse, université de Strasbourg, 2021.

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