ALLIER Pierre, François

Par Jean Maitron, Jean Risacher

Né en 1806, à Ambierle (Loire) ; avocat ; animateur de Sociétés républicaines.

Pierre François Allier avait fait ses études de droit avec Auguste Blanqui*, Plocque, etc. et participait au mouvement étudiant, très actif au début de la Monarchie de Juillet. Il fut membre de la Société des Amis du Peuple dès ses débuts (fin juillet-début août 1830). Le 2 mars 1831, au cours d’une manifestation ouvrière devant le Palais-Royal, rassemblée aux cris de « De l’ouvrage et du pain », il fut arrêté, conduit au dépôt à la Conciergerie et écroué à Sainte-Pélagie comme perturbateur et ami de Jules Sambuc* et d’Adolphe Audry*. Il fut sans doute rapidement libéré car, prenant provisoirement la direction du mouvement étudiant en l’absence des autres responsables emprisonnés, le 10, il entraîna plusieurs centaines d’étudiants place du Panthéon à la fausse nouvelle de la chute de Varsovie. Le lendemain, ils enfoncèrent les portes du Panthéon avec la participation des ouvriers du faubourg ce qui provoqua un violent affrontement avec la garde municipale. Le même mois, il publia une brochure, Lettre d’un étudiant, homme du peuple, aux aristocrates doctrinaires, dans laquelle il fait l’apologie de Robespierre, de Saint-Just et de la Terreur, appelant le peuple et les étudiants à s’unir pour renverser « un pouvoir usurpateur ». Il y cite la phrase de François Agier, député des Deux-Sèvres opposé à Charles X et colonel du 12e de ligne, s’adressant aux ouvriers : « Ouvriers, mes amis, vous êtes des braves, précipitez-vous sur cette canaille d’étudiant qui vous enlève votre travail ! » Dès le 14 mars, il avait été l’un des premiers à adhérer à l’Association nationale et à figurer sur les premières listes publiées par Le National. Considéré comme l’un des étudiants les plus à gauche, il ne put guère intervenir à ce titre au cours des graves troubles sociaux des 15 au 19 juin 1831, car il n’avait plus le statut d’étudiant et militait au sein de la SAP. Devenu avocat, il défendit les inculpés du procès des Quinze et la vigueur de ses interventions le fit suspendre pendant un an. Il comparut quelques jours après devant la cour d’assises, en butte aux attaques de l’avocat général Delapalme pour ses écrits politiques. Condamné à 2 ans de prison le 19 janvier 1832, il épousa Caroline Jeanne Mandrot, fille de Jean, avocat à Lausanne et se fixa à Lausanne. Il faut considérer avec une certaine prudence des activités qui lui ont été attribuées pendant cette période : son affiliation à la Société des Droits de l’Homme en 1832, sa qualité de membre de l’Association en faveur de la presse patriote, signalée en septembre 1832 et surtout sa participation aux journées d’avril 1834. En relations étroites avec les réfugiés étrangers, il aida considérablement en particulier Mazzini et participa à la préparation de l’expédition de Savoie. D’un caractère agité et provocateur, il attirait toujours l’attention. Soi-disant pour des motifs politiques, il se battit en duel avec Sambuc qu’il tua, le 29 juillet 1834. Bien que non poursuivi par la justice suisse, il fut expulsé du comté de Vaud et partit pour Berne où il collaborait en 1835 à La Jeune Suisse. Mazzini cessa ses relations avec lui à ce moment. On perd sa trace après, mais on pense qu’il était rentré en France peu après (fin 1835-1836 ?) et qu’il s’installa avocat à Roanne (Loire).
En 1841, il était encore considéré comme un des principaux chefs de l’opposition au régime avec le cordonnier Choisy* (père) et le négociant Adrien Merle* qui, l’un et l’autre, jouissaient d’une grande influence chez les ouvriers. Voir Eugène Baune*.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article25061, notice ALLIER Pierre, François par Jean Maitron, Jean Risacher, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 4 août 2017.

Par Jean Maitron, Jean Risacher

ŒUVRE : Lettre d’un étudiant, homme du peuple, aux aristocrates doctrinaires, s.l. n.d., 4 p.

SOURCES : Arch. Dép. Loire, 10 M 28. — Le National, 1831-1832. — Louis Blanc, Histoire de Dix ans, Paris, 1877. — Société des Amis du Peuple, Procès des Quinze, Paris, Levavasseur et Rouanet, 1832. — M. Dommanget, Auguste Blanqui. Des origines à la Révolution de 1848. Premiers combats et premières prisons, Paris, Mouton, 1969. — J.-C. Biaudet, La Suisse et la monarchie de juillet, 1830-1848, Lausanne, 1941. — Marc Vuilleumiez, Le saint-simonisme en Suisse, Économie et sociétés, Cahiers de l’ISEA, oct. 1970. — J.-C. Caron, La Jeunesse des Écoles, Paris 1815-1848, thèse de doctorat, Paris I, 1989. — J.-C. Caron, Génération romantisme, Les Étudiants de Paris et le Quartier latin, Paris, A. Colin, 1991. — L.-A. Blanqui, Œuvres I. Des origines à la Révolution de 1848, textes présentés par D. Le Nuz, Nancy, Presses Universitaires, 1993.

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